Université populaire Économie le 3 janvier 2017

Bonjour,

L’année commence tôt ou plus exactement, les vacances se terminent tôt dans cette année grosse de tous les dangers.
Le président Hollande nous a présenté dans ses vœux de président sortant en endormant sur des résultats présentés comme bons. La baisse du chômage, la croissance… A croire qu’il n’a pas lu la dernière note de conjoncture de l’INSEE titrée – à croire que les statisticiens nationaux viennent écouter mes cours… – « La croissance à l’épreuve des incertitudes », incertitudes qui dominent un monde que plus personne ne comprend.
Le processus de mondialisation – la démondialisation est un thème uniquement idéologique pour couvrir le retour de l’État-nation sous sa forme répressive – se poursuit même atténué par un protectionnisme quasiment impossible. Seuls les flux migratoires font peur. La libre circulation des hommes, des être humain-es est restée un vœu pieu contrairement à la libre circulation des capitaux. Actuellement, il n’est pas de mots assez durs contre les accords de Schengen sans s’apercevoir – ce monde est décidément Alzheimer -, sa s se souvenir qu’ils promouvaient une Europe forteresse contre l’immigration. Aujourd’hui, c’est le retour aux frontières nationales… Une régression économique et sociale.
Trump aux commandes avec son équipe de militaires envieux, d’extrême-droite et de banquiers laisse planer une énorme menace sur le monde. Poutine, voulant lui aussi légitimer son pouvoir dictatorial déguisé en démocratie, se lance dans une couse poursuite à la puissance dont la Fédération de Russie n’a plus les moyens. Il compte sur… Trump pour lui donner l’illusion d’être redevenu e maître de l’URSS…
Les déstructurations géo politiques se surajoutent aux effets profonds de la crise systémique ouverte en août 2007, cette crise qui n’a reçu aucune réponse.
Il faudrait pourtant s’attaquer à la crise écologique, aux mutations climatiques. Désormais la réalité de cette conjonction de crises s’impose. la prise de conscience est massive… sans être suivie d’effets de la part des gouvernants. Les solutions sont à portée de mains à condition de sortir de l’idéologie libérale liberticide. L’expérience a été faite de sa nocivité. Il faut désormais trouver, comme on dit, d’autres paradigmes, d’autres théories, forger une autre idéologie.
Paradoxalement, dans ce moment de vide, de crise idéologique qui laisse les capitalistes sans vision globale, la gauche pourrait imposer des réponses liées au changement social en forgeant une vision liée à la compréhension de la crise. Au lieu de suivre cette voie, elle s’enferme soit dans le libéralisme – Vals ou Macron « qui n’est pas de gauche et pas de droite » – soit dans le retour à l’État-nation.
Le discrédit du politique est profond. Les gouvernants ne sont plus légitimes. les partis ne représentent plus l’instrument essentiel pour « faire » de la politique. Faute de développer une vision d’avenir. Ils s’enferment dans le passé sans voir ce qui est en train de se transformer. Une forme de capitalisme est en train de sombrer. la défendre est une erreur, s’en servir pour promouvoir une autre société, plus égale, plus fraternelle, plus libre, ^plus humaine est un des solutions praticables.
Sans cette vision, la crise politique, de légitimité ne peut que s’approfondir. Le « mouvementisme » – « En marche », « La France insoumise » et d’autres moins visibles mais qui existent – est une réponse provisoire. Il faudrait tout changer. Le « bouscule tout » a déjà commencé mais il faudrait qu’il prenne en compte les structures, le système et pas seulement les représentations ou les êtres humain-es.
La démocratie est en sursis. Personne officiellement ne la remet en cause. Ce n’est pas la peine. Elle se suicide…
La guerre au Moyen Orient pose la même question. Les printemps arabes n’ont pas été soutenus. L’opposition démocratique a Bachar El-Assad a été livrée à elle-même sans moyens. Les « dictatures démocratiques » – tentons cet oxymore – sont en train de s’installer, en Turquie, en Russie, sur le continent africain… Les lois ne sont plus appliquées sans réactions de la part des puissances occidentales. le libéralisme économique a besoin des dictatures. Elles lui permettent d’imposer ses dogmes.
Bref un monde, celui qui fut le nôtre, est en train de basculer… (voir évidemment « Le basculement du monde ». Je le présenterai le samedi 21 janvier au Brouillon de culture à Caen.)

Vous ai-je souhaité une bonne année ?
Nicolas Béniès qui vous donne rendez-vous le mardi 3 janvier. A 17h30 au Panta Théâtre.

Petit précis d’économie critique

Un Macron économiste ?

Un ancien banquier devenu ministre de l’économie est-il pour autant un économiste ? Pas sur. Politiquement Emmanuel Macron, comme d’autres, surfe sur la mort de la gauche que l’on appellera « organisée » en partis pour s’approprier un mouvement. Le titre de sa future force politique est tout un programme : « En marche ». Les leçons italiennes ont été retenues. La gauche de gouvernement – pour reprendre en vocable que Hollande aime bien – ne pouvait que faillir à partir du moment où elle acceptait les fourches caudines du libéralisme. Elle donnait l’impression de trahir les aspirations de ses électeurs et électrices et, surtout, elle remettait en cause la légitimité de son existence, de sa nature. Les gouvernements Hollande ont multiplié les coups de couteau dans la définition même de la gauche, sur tous les terrains y compris celui de la morale avec la déchéance de nationalité. La crise politique est profonde et Macron peut naître et prospérer sur le désert des propositions. Continuer la lecture

Le changement, c’est maintenant ! Sinon…

Une réédition nécessaire

Périodiquement, les pics de pollution font la une de l’actualité. Ils signifient que les mutations climatiques en cours exercent leurs effets tout au long de l’année et provoquent des maladies nouvelles. La circulation alternée est une solution de politiques aux abois qui n’ont pas mis en œuvre les dépenses nécessaires en termes d’infrastructure pour combattre les mutations climatiques.
Naomi Klein, attentive à ces réalités, avait publié en 2014 – et en français chez Actes Sud en 2015 – cette analyse qui reste d’une brûlante actualité : « Tout peut changer », sous titré « Capitalisme et changement climatique ». Il vient d’être réédité dans la collection de poche « Babel ». Cette lecture nécessaire a été depuis complétée par le vécu d’une crise écologique profonde qui suppose la définition d’actions politiques nouvelles et non pas seriner des recettes anciennes qui ont montré leur inanité. Continuer la lecture

Université populaire Economie du mardi 6 décembre 2016

Bonjour,

Le basculement du monde prend son envol. Les sortants ne passent pas les murs qu’ils ont eux-mêmes construits. Ils ne font plus partie du paysage. Le tsunami politique est profond. Il concrétise la crise politique qui faisait l’objet de notre propos la dernière fois, crise de légitimité qui pourrait remettre en cause la démocratie elle-même. La gauche est morte, la droite dite républicaine ne vaut guère mieux. Arrivent le temps du « mouvementisme » qui ex^priment à la fois l’incertitude et la perte de repères.
L’onde de choc économique, sociale, financière doit être analysée.
A mardi donc.
Nicolas BENIES.
PS C’est la fête aux Nicolas…

Université populaire Économie Première, mardi 15 novembre Panta Théâtre, 17h30-19h30

A propos des Etats-Unis et de la victoire de Trump

J’ai donné une interview sur le site de Normandie-actu hier et qui a été « publiée » vers les 18 heures ce 9 novembre.
Cette victoire s’inscrit directement dans l’analyse que je propose dans mon dernier livre, « Le basculement du monde » (éditions du Croquant)

Ce sera le thème de ma première leçon au Panta théâtre, rue de Bretagne, le mardi 15 novembre de 17h30 à 19h30 comme d’habitude sauf que cette année c’est le mardi et non plus le jeudi.

A vous voir ou revoir.

Nicolas Bénies.

Conjoncture.

Crise financière et crise économique.

Les résultats du premier trimestre 2016, pour l’économie française, ont fait croire à une reprise possible. Ces prévisions de l’INSEE, comme celles du gouvernement, ne tenaient compte ni d’un environnement international marqué par la récession ou la baisse de la croissance pour tous les pays émergents à commencer par l’économie chinoise, ni de la faible reprise américaine, ni par l’ombre de la crise financière qui ne demande qu’une étincelle pour se déclencher. Que ce soit l’INSEE ou l’OFCE, les économistes semblent dépourvus d’outils pour analyser la configuration actuelle des liens, évidents depuis août 2007, entre la crise financière et la crise économique. Depuis août 2015 – la chute des bourses chinoises – les réactions des banques centrales notamment indiquent la profondeur possible de ces crises.
La BCE, pour parler de la zone euro, a promu, à l’instar de la Banque centrale du Japon, des taux d’intérêt négatifs. En clair, le prêteur paie l’emprunteur ! Pour le dire encore autrement : les États se font payer pour emprunter sur les marchés. Une grande première. Désormais les grands pays capitalistes empruntent à des taux d’intérêt négatifs. Comme, depuis quelques temps, les grandes entreprises. La même BCE, pour soulager les banques de ce poids – ces taux pourraient les conduire à la faillite – crée massivement de la monnaie pour racheter les obligations de la dette publique et celle des grandes entreprises. Les sommes sont fabuleuses : 1000 milliards d’euros d’obligations de la dette publique possédées par la BCE via les banques centrales des pays de la zone euro. Ainsi la Banque de France détient plus de 10% du stock d’emprunt d’État français. Les effets se font aussi sentir du côté des assureurs qui enregistrent des bénéfices sur les fonds en euros constitués d’obligations. Continuer la lecture

Université populaire de Caen. Calendrier des cours d’économie

Bonjour,

Absent pour cause de vacances – il faut bien en prendre de temps en temps et aller rêver d’un monde différent ailleurs – à la présentation de cette nouvelle année scolaire, je vous donne c–après les dates retenues. Cette année, ce sera le mardi et non plus le jeudi. sur ce blog, vous trouverez à la fois des information et des textes en lien avec les séminaires.
Une année charnière et pas seulement à cause des élections présidentielles américaines – voir deux articles sur ces Etats-Unis de recension de deux livres et d »un Atlas – et françaises mais surtout par les changements prévisibles des politiques monétaires. La crise est loin d’être terminée…
Voir aussi les deux articles écrits récemment sur la conjoncture.

Les dates :
15/11

22/11

6/12

3/01

31/01

28/02

14/03

30/05

6/06

13/06

Nicolas.

Etats-Unis entre passé et futur

Le rêve américain serait-il un cauchemar ?

Les élections aux Etats-Unis attirent tous les projecteurs. Les journalistes en restent souvent aux apparences. Le « clown » Trump a fait rire dans un premier temps, sorte de Donald Duck plus vrai que nature, sorti tout droit du dessin animé créé par Disney. Tex Avery semblait tout proche pour cette caricature. Puis il a fait peur sans s’interroger sur ce qu’il représentait, de quelle figure il était le porteur.
De l’autre côté de ce spectre qui va de l’extrême droite à la gauche, l’autre figure de ces Etats-Unis a surgi, surprenant le petit monde médiatique, Bernie Sanders se réclamant du… socialisme, un concept qui semble faire partie de la mélancolie du monde de l’avant chute du Mur de Berlin.
Deux extrêmes, deux représentations d’un pays en train de basculer, de se transformer, de se refonder. « L’Amérique qui vient » de Christophe Deroubaix, journaliste à l’Humanité, et « Atlas des Etats-Unis », sous titré « Un colosse aux pieds d’argile » – il arrive que les clichés tombent justes – de Christian Montès et Pascale Nédélec reposent des questions clés sur la place des Etats-Unis dans le monde et les déstructurations de cette société. Continuer la lecture

La crise systémique perdure

Risques de crash financier et de récession.

Le « négationnisme » de la démocratie, du libre débat se répand. Pierre Cahuc et André Zylberberg, économistes du travail, affirment, dans « Le Négationnisme économique » que l’économie est devenue une science expérimentale comme la physique ou la chimie renouant ainsi avec les vieilles lunes libérales. Sans s’apercevoir que l’économie est politique, qu’elle se doit de critiquer et de proposer des solutions pour faire évoluer la société. Faute de cette vision critique, l’analyse n’est pas possible… Comprendre le contexte de crise systémique est nécessaire pour appréhender la conjoncture.(voir les articles précédents sur ce même blog)

L’incertitude est une donnée clé du contexte général et de la conjoncture. Incertitude qui se traduit par une Bourse qui fait le « lapin » – « Bunny ». Le CAC 40 – pour cotation automatique en continu, qui réunit les 40 valeurs les plus importantes, l’indice clé de la Bourse de Paris – connaît, depuis le 15 août 2015 (chute des Bourses chinoises), des évolutions limitées. Entre 4200 et 4500 points. Comme le lapin, il reste assis sur son derrière en regardant à droite et à gauche. Un symptôme de cette incertitude qui empêche toute prévision. Continuer la lecture

Économie. Pour comprendre l’évolution de la conjoncture

,
Analyser de la crise systémique du capitalisme

Faisons-le « façon puzzle » – pour citer Blier dans les « Tontons flingueurs » – pour apercevoir les « jamais vus », les originalités de la période qui mettent la puce à l’oreille sur la profondeur de la crise – terme que je vais définir en deuxième partie.

Première partie : Le puzzle

Les cours de la Bourse d’abord. Le CAC – pour cotation automatique en continu, un indice calculé par la SBF, Société des Bourses françaises – 40 (pour les 40 valeurs – tout secteur confondu – les plus importantes cotées à la Bourse de Paris) fait du surplace. Il oscille entre 4500 et 4200 points comme si les opérateurs s’étaient donnés mot. A 4500, il baisse et à 4200, il remonte. On dit que la Bourse fait « Bunny », le lapin. D’habitude, elle est soit « Bullish », elle fait le taureau, elle monte ; soit « Bearish », elle fait l’Ours, elle baisse. Le lapin signifie qu’elle reste assis sur son cul, elle tourne la tête à droite, à gauche, sans vraiment bouger. C’est révélateur du degré d’incertitude jamais vu. Jouer à la Bourse est de plus en plus un vrai pari. Les indicateurs se sont évanouis. La Bourse navigue en pleine troisième dimension. On a l’impression que rien n’a changé alors que les balises n’ont plus de sens. Les traders se raccrochent actuellement aux cours du pétrole, eux-mêmes dépendants de la spéculation. Le Monde daté du 6 septembre 2016 titre, par exemple, « La Bourse en quête d’un nouveau souffle »… il n’est pas sur qu’elle le trouve…
Depuis au moins la chute des Bourses chinoises le 15 août 2015, les Banques centrales pratiquent, dans les pays capitalistes développés, une politique monétaire pour le moins étrange et en dehors de tous les dogmes du libéralisme économique. Le taux directeur approche zéro. Un peu plus élevé aux Etats-Unis, de 0,25 – et la FED, la banque fédérale américaine voudrait bien augmenter ses taux pour avoir des marges de manœuvre – à -0,1% au Japon et 0% pour la BCE. Continuer la lecture