Histoire culturelle des Etats-Unis, une leçon de dialectique

L’Afrique et l’Amérique, un choc !

Le jazz, musique forgée par les Africain(e)s déporté(e)s aux États-Unis pour devenir esclave, est le résultat dialectique d’un choc de cultures ou plutôt d’un choc d’acculturations. Les Européen(ne)s arrivé(e)s sur le sol américain en quête de liberté exportaient dans le même temps leur propre culture. Ces origines diverses de plusieurs strates d’immigration expliquent les spécificités des villes américaines, des accents qui se retrouvent dans la musique. Boston, pas exemple, fut contaminée par l’accent irlandais. Les Africain(ne)s étaient porteurs de cultures spécifiques, orales celle-là, aussi différentes que celles des Européens. Les nations africaines ont leur existence même si les Etats construits par les colonisateurs ne correspondent pas aux Nations anciennes. Les grands propriétaires terriens, esclavagistes – et pas seulement dans le Sud des États-Unis, dans le Nord aussi – avaient comme politique de séparer les familles, les ethnies pour éviter les révoltes. Du coup, à l’intérieur de ces grandes propriétés fermées, c’est un mouvement d’acculturation qui s’est enclenché. Un mouvement qui a duré. Une des résultante fut le vaudou comme synthèse des grands mythes de cette Afrique mais, du coup, l’Afrique se faisait rêve d’un eldorado, d’un Éden passé. Continuer la lecture

Elvis et nous.

Un pan de notre mémoire.

Bruno Blum, par l’intermédiaire des coffrets publiés par Frémeaux et associés sur Elvis Presley, poursuit son œuvre de salubrité publique mêlant les souvenirs, le travail de mémoire et l’histoire culturelle. Le tout à travers la trajectoire d’Elvis Presley. Le volume 1 s’arrêtait en 1956, au moment où Elvis commence à connaître la gloire. Ce tome 2 ne couvre qu’une année, 1956-1957, mais remplie de bruits et de fureurs, de dénigrements, de calomnie, d’accusations plus imbéciles les unes que les autres de ces « ligues » de défense de la morale, de ces Eglises qui ne savent qu’exclure, excommunier. Peter Guralnick, cité ici, dans sa monumentale biographie d’Elvis (traduite aux éditions du Castor Astral) reprend tous les articles, toutes les déclarations contre Elvis. Bruno Blum rajoute les appréciations de Boris Vian qui – il l’a affirmé à plusieurs reprises – n’aimait pas le rock. Il trouvait – et il n’a pas toujours tort – que c’était une simplification du blues et qu’il était souvent vulgaire faute d’introduire le « double entendre », comme disent les Américains, du blues, cette ironie singulière qui transforme la grossièreté apparente en une poésie étrange. Continuer la lecture

Deux «dictionnaires » (publié dans la revue de l’Ecole Emancipée)

Une ou deux histoires de la culture…

Deux «dictionnaires » viennent illustrer notre histoire et nos histoires. Comme le rappelle Gilles Verlant dans Je me souviens du rock (Actes Sud collection Variétés) – sur le modèle de « Je me souviens » de Perec – le rock a quelque chose à voir avec notre vie. Et L’auteur réussit à parler à chacun d’entre nous. Et chacun d’entre nous, et là l’âge importe peu, pourrait se souvenir d’événements en relation avec cette musique, qu’André Francis dans un petit opuscule sur le Jazz (« Jazz » au Seuil) qualifiait de musique de voyous. C’est le moindre de ses mérites… Si « on » m’en laissait l’occasion, je me souviendrai de 1963, de ce concert gigantesque où j’avais découvert le sens du mot « masse », sans parler des « mouvements de masse », de la révolte de cette jeunesse et de son désir de changer le monde. Verlant n’hésite pas à dire qu’il n’a rien vérifié, montrant par là la différence entre mémoire – un travail, une recherche – et le souvenir qui suppose une part d’oubli comme le notait justement Blanchot. Continuer la lecture