Un batteur d’entre les batteurs : Roy Haynes

A Roy Haynes avec toute mon admiration.

Roy Owen Haynes est batteur. Une définition de la batterie à lui seul. Du jazz dans ce qu’il possède d’outrances, de capacité à rester le même tout en se transformant. Roy Haynes s’est toujours senti dedans – avec ses groupes, ses employeurs à commencer par Lester Young, Charlie Parker, Sarah Vaughan une sorte de gotha du jazz de l’après seconde guerre mondiale sans oublier Thelonious Monk, Eric Dolphy et John Coltrane – et en dehors, une manière de se voir jouer pour servir la musique. Il aurait pu prendre comme slogan ce que Cortazar fait dire à Johnny Carter, une incarnation de Charlie Parker, « Je l’ai déjà joué demain », ce cauchemar du Bird qui faisait de chaque jour, de chaque rencontre une aventure. De ce point de vue la ressemblance est patente. Ce n’est pas que le Bird comme Roy Haynes n’aient pas de tics – qui n’en a pas ? – mais, à chaque fois, il faut inventer, se faire reconnaître sans se répéter. A chaque fois il s’agit de faire découvrir « l’inquiétante familiarité » – pour citer Freud qui en faisait une des caractéristiques de l’œuvre d’art – du thème. Sonny Rollins, à son tour adoptera cette attitude reprenant quelques vieilles chansons ou des nouvelles pour les faire siennes et interpeller l’auditeur(e) mal à l’aise qui ne sait plus ce qu’il connaît. Continuer la lecture