Basculement d’un monde

La crise systémique du capitalisme ouvre une période d’incertitude

Le monde qui s’est construit depuis la fin de la seconde guerre mondiale est en train de sombrer. Le capitalisme connaît une période de mutation fondamentale. Il est obligé de se révolutionner pour continuer à vivre. Les formes anciennes ne sont plus adaptées à la nouvelle réalité du monde. Les crises s’emmêlent. Crises financière, économique, sociale mais aussi culturelle, écologique avec une mention particulière pour la politique. L’action politique n’est plus légitime faute d’un récit d’avenir. Les politiques économiques d’austérité bouchent le futur. Elles sapent la légitimité des États.
nouvellesguerres« Nouvelles guerres », titre de l’Etat du monde 2015, insiste sur les causes de ces guerres « non classiques » comme celles du Moyen-Orient, « fusionnant totalement le social et le politique » et « dérivent d »un échec de l’Etat » comme l’écrit Bertrand Badie. Il ouvre ainsi la porte à de nouvelles réflexions. Les auteurs insistent sur les crises sociales, notamment à la montée des inégalités, comme vecteur de ces nouvelles guerres qui ne pourront être gagnées que sur le terrain politique et social.
« L’économie mondiale 2015 », du CEPII et « L’économie française economie20152015 » de l’OFCE font la preuve que les prévisions deviennent aléatoires tellement les facteurs géopolitiques se mêlent à l’analyse de la conjoncture économique. Les risques sont visibles, de la déflation – le CEPII préfère parler de « lowflation » -, de la crise financière et d’une dépression toujours à l’horizon.
Dans ce monde en mutation, « les pays émergents » donnent l’impression de résister à la crise en connaissant des taux de salamacroissance importants. Peut-on déterminer une homogénéité des « BRICS » – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud ? Pierre Salama dans « Des pays toujours émergents ? » répond à cette question et à d’autres dans ce petit livre issu de la collection « Doc en poche » de la Documentation française. Une synthèse qui permet de comprendre les transformations dans la division internationale du travail et, par-là même d’appréhender la dimension de la crise actuelle.
Nicolas Béniès
« « Nouvelles guerres. L’état du monde 2015, sous la direction de Bertrand Badie et Dominique Vidal, La Découverte ; « L’économie mondiale 2015 », CEPII, « L’économie française 2015, OFCE, Repères/La Découverte ; « Des pays toujours émergents ? », Pierre Salama, Doc en poche/La documentation française.

Refondation nécessaire.

L’avenir du syndicalisme dans le basculement d’un monde.

Comment appréhender ce monde capitaliste en mutation ? Comment construire le syndicalisme du 21e siècle ? Deux ouvrages récents permettent de construire des réponses à ces questions fondamentales, « Trente ans de vie économique et sociale », ouvrage collectif de l’INSEE et « Nouveau siècle, Nouveau Syndicalisme », sous la direction de Dominique Mezzi, Syllepse.

Le syndicalisme en France et plus généralement dans tous les pays capitalistes développés est confronté à une nouveauté, l’asyndicalisation après la désyndicalisation qui commence fortement dans les années 1990. C’est le résultat de transformations profondes qui affectent le capitalisme depuis les années 1980. La victoire de l’idéologie libérale à permis la construction d’une nouvelle forme de capitalisme, d’un régime d’accumulation à dominante financière comme réponse à l’entrée dans une nouvelle période en 1974-75. Dans le même mouvement, le recul du collectif et la montée de l’individualisme s’est imposé. Continuer la lecture