La poésie de Gardel.
Chanter des chansons d’amour, est-ce ringard ? Gardel, ce chanteur toulousain qui a fait carrière en Argentine en chantant des tangos, des blues à la sauce milonga reste présent pour des générations successives alimentées au lait de ses enregistrements. C’est le cas pour Antonio Placer qui sait leur redonner une nouvelle vie en ajoutant quelques poésies de son cru de Jean-Marie Machado qui n’a rien oublié du fado et sait arranger quelques airs pour leur donner une familiarité inquiète. Un duo c’est difficile, un troisième est nécessaire pour arbitrer. Le violoncelliste Anthony Leroy est venu prêter son concours à ce jeu de miroirs.
Pour faire bonne mesure, ils ont adjoint Brel pour parfaire « Un jardin pour Gardel ».
La traduction permet de se rendre compte que ces chansons transportent une poésie amère, un pessimisme adroit sur la nature humaine et sur les sociétés. L’amour est un révélateur. Osez est difficile. La passion éclabousse tout, ne laisse rien debout.
Et c’est l’amour passion qui est le thème récurrent de toutes ces chansons. Une manière de se réapproprier une partie de notre mémoire. Antonio n’hésite pas à chanter en français. Sans être toujours convainquant. Mais il sait être persuasif.
Il faut dire qu’il est désormais directeur artistique du théâtre Sainte-Marie-d’en-Bas – un nom en forme de programme – de Grenoble et vient de sortir un recueil de poèmes, « Correspondencia indecible » – Correspondance indicible » – à la Maison de la Poésie Rhône-Alpes.
Nicolas Béniès
« Un jardin pour Gardel », Antonio Placer, Jean-Marie Machado, Anthony Leroy, S’ard Music, distribué par l’Autre Distribution.