Musique libre en apesanteur
Quand un violoncelle discute avec un violon alto de liberté et de création.
Une rencontre d’abord qui se conjugue en retrouvaille, comme de vieux amis. Un violoncelle, un instrument qui a plusieurs tailles, celui-là est grand et un violon alto, avant le jazz il était alto tout court, un violon qui ne se met pas forcément en avant dans un quatuor mais se trouve obligé de prendre sa place en un duo. Didier Petit et Guillaume Roy ont connu bien des aventures et ont décidé de les partager pour nous entraîner d’abord « A l’est du soleil », manière de s’interroger sur des paysages que même les cosmonautes ont du mal à fréquenter. Des chemins de liberté, de création fusion de cultures pour construire une musique en apesanteur. Elle donne à entendre la pesanteur de nos préjugés dont il faut se séparer pour partir vers les seules destinations qui vaillent, les inconnues. Les titres sont là pour se diriger vers l’ailleurs. La lumière qui vient peut provenir du trou noir et le jeu de mots « Petit roy » pourrait induire du sang bleu se répandant sur le violoncelle et l’alto pour laisser place à la vie. Bêtement, sourdement. Les éclats servent à éclairer des mondes parallèles qui se construisent grâce à nos imaginations croisées.
« Programmes communs », titre qui engage d’autres protagonistes pour continuer le voyage aux confins de l’inter-sidéralisation – un néologisme qui vient à l’esprit. La voix de Kristof Hiriart illustre « les langues comme une », jeux de mots, jeux de chants, de musique pour aller vers une langue des espaces, Catherine Delaunay illustre à la manière de sa clarinette la construction de ces espaces curieux, Michel Rabbia apporte les tambours, percussion et batterie pour conserver le peu qui reste de la terre, Daunik Lazro se joue des saxophones – du baryton en particulier – et de ses histoires, de ses métamorphoses pour aller toujours au-delà, Yaping Wang apporte ses instruments – le yangqiniste – comme le coté est du monde, la Chine ( de Taïwan !) en l’occurrence et Christiane Bopp – elle le fréquence de temps en temps lorsqu’il perd pied -, tromboniste qui sait se servir de toutes les mémoires sans perdre son souffle.
Musiques plurielles, musiques du temps, musiques aussi de racines réelles et imaginaires pour des envolées nécessaires. Il faut aller voir, entendre ce qui se cache à l’est du soleil….
Nicolas Béniès
« A l’est du soleil », « Programmes communs », Didier Petit & Guillaume Roy, coffret de deux CD, une coproduction Cie Dire et Ouïr, Césaré et Basta sarl, In Situ distribué par Orkhêstra.