Un tour de piste ?

QUAND LE BLUES REVIENT !

On le croyait oublié, perdu à jamais, emporté dans la grande vague du rock, du hard rock ou du metal. Il fait son grand retour, une fois de plus. Musique éternelle de ces griots modernes que sont les chanteurs et instrumentistes du blues. Les « bleus » – il faut toujours se souvenir que blues est au pluriel, qu’il existe plusieurs bleus, comme les couleurs de l’arc-en-ciel – affirment en force.
En 1959 deux jeunes amateurs français – Jacques Demêtre et Marcel Chauvard, ce dernier décédera en 1968 – décident de partir pour un « Voyage au pays du blues » qui sera publié en épisodes dans la plus ancienne revue de jazz française, alors dirigée par Charles Delaunay, « Jazz Hot ».(1)
Ils sont les premiers à s’intéresser aux lieux dans lesquels prospère cette musique. Paul Oliver, (2) le musicologue anglais de référence, n’a pas encore publié ses ouvrages, et Samuel Charters est en train de mettre le point final à son premier. Jacques Demêtre lui-même n’a encore rien fait paraître. Continuer la lecture

Sur une théorie de l’Esthétique

Réflexions, à partir de Adorno et du jazz

Les rapports Adorno et le jazz sont marqués du sceau de l’incompréhension. Il est de notoriété publique – il n’est que de lire le témoignage de Leonard Feather – que le philosophe fréquentait, lors de son exil aux États-Unis, à New York, les clubs de jazz et connaissait une partie de cette musique en train de se faire. Il a refusé au jazz toute analyse…

Erreur d’analyse
Adorno n’avait donc pas l’excuse de l’ignorance contrairement à la thèse défendue par son biographe, Stefan Müller-Doohm. D’autant qu’il était aussi compositeur.(1) Mais, pour lui, le jazz ne fait pas partie de la musique. C’est du bruit.(2) C’est son point de départ. Il n’écoutera que les musiciens qui le confortent dans son hypothèse. En fait, il ne prend en compte que les orchestres de danse existants en Grande-Bretagne à ce moment-là, sauf à citer Duke Ellington et les Revellers – deux groupes qui n’ont rien à voir. Pour le moins, sa démonstration manquait de consistance d’autant qu’il concluait que « le jazz aurait une affinité avec le fascisme. » Il en déduisait que l’interdiction du jazz – non respectée (3) – en Allemagne était une erreur des autorités. Continuer la lecture

Exercice de style. A propos des comédies musicales. Réflexions sur la culture

Les comédies musicales ne sont plus ce qu’elles étaient.

Elles ne disent plus Noël ou Bonne année. Elles ont arrêté le temps pour nous faire entrer dans une époque révolue, disparue, engloutie. Elles ne nous parlent plus, elles s’agitent encore mais vainement. La recrudescence actuelle de ces « musicals » n’est que bouffonnerie. Ce « retour » exprime la tare de notre époque, le « c’était mieux avant ». Avant quoi, on ne le saura jamais. Avant aujourd’hui qui est déjà hier.
Le passé décomposé et recomposé touche tous les domaines. Sur le terrain culturel, la répétition ne se fait ni en farce ni en tragédie mais sous le règne intransigeant de la marchandise. Elle exige la répétition. La culture, la création semble avoir déserté pour laisser le champ libre au raisonnement capitaliste, celui du retour sur investissement. Pour parler vulgairement, il faut que « ça » rapporte. La culture sait résister via le raisonnement de service public. Il ne suffit pas. Il faut ouvrir les portes, les fenêtres pour laisser entrer l’air frais du large. Paris, comme capitale culturelle mondiale avait su capter tous les talents, réunir génies de la peinture, de la littérature et de la musique – en particulier le jazz. Paris le devait à sa capacité d’accueillir tous ces exilés, tous ces migrants. Continuer la lecture