A Crest pour le festival et une série de conférences sur deux villes, Kansas City et Detroit

Bonjour,

Comme chaque année – depuis trop longtemps qui fait que je ne compte plus et quand on aime… – Crest Jazz Vocal organise son festival et son concours de jazz vocal – comme c’est curieux – dans un environnement superbe, celui de la Drôme. Un festival organisé par une association autonome de la Mairie.
Comme chaque année aussi, je donne une série de conférences du mardi au samedi.
Le mardi 31 juillet, tout commence par un film, comme d’hab. « Singin’ in the Rain », Chantons sous la pluie, de Stanley Donen et Gene Kelly, avec Gene Kelly – surprise – et Debbie Reynolds alors âgée de 17 ans, sans oublier Donald O’Connor qui fait le spectacle. Ce film de 1952 est un hommage aux comédies musicales et au cinéma muet. Il vient comme une conclusion du thème des conférences de l’an dernier autour des débuts du jazz, thème de mon dernier livre, « Le souffle de la révolte » qui vient juste de sortir chez C&F éditions. Finalement.
Les jours suivants verront la reprise de la saga inaugurée en 2015 sur « Les villes du jazz ». Après Chicago, Philadelphie et Pittsburgh, ce sera la visite de Kay-Ci (Kansas City, Missouri) qui fait partie de l’histoire du jazz, celle des années 30, après la dépression dite « crise de 1929 ». K.C fut une sorte de chaudron où tous les jazz se donnaient rendez-vous, tous les jazzmen et jazzwomen. La lave allait permettre au jazz de re-naître en cédant la place à Charlie Parker, né dans cette ville en 1920.
Nous poursuivrons notre chemin vers la Motor City, la ville de l’automobile, Detroit, ville française à l’origine, ville de naissance de tous les « hard » à commencer par le « hard bop » qui marquera le milieu des années cinquante. Une ville en train de se transformer actuellement.
L’auteur de polar, Elmore Leonard en sera le chantre. Il racontera les changements, les ruptures dus à la crise fondamentale qui frappera l’industrie automobile. Il décrira les musiques qui naîtront de ces métamorphoses et d’abord de la déstructuration totale, de la pauvreté, de la désertification et un quasi retour de la nature qui touchera la ville.
Une des familles clé de Detroit, la famille Jones : l’aîné, Hank sera pianiste, le cadet Thad, trompettiste puis tromboniste après un accident, chef d’orchestre du Thad Jones Mel Lewis orchestra, styliste accompli, sa place dans les mondes du jazz a été très sous estimée et le petit dernier, Elvin, batteur génial qui se découvrira avec John Coltrane.
N’hésitez pas si vous êtes par là, la médiathèque où a lieu toutes les conférences – demain ce sera exceptionnellement à 14h30 ensuite à 15h – possède la clim. Un argument imparable.
Nicolas.

Compléments au « souffle de la révolte »

Bonjour,

Le livre, « Le souffle de la révolte », sort des presses, c’est confirmé, fin juillet et pourra être commandé dés début août dans toutes les librairies ou directement chez l’éditeur C&F éditions, sur le site.
Avec le livre un CD pour avoir une idée de cette musique sans nom – le jazz – est train de se construire. James Europe et son orchestre comme l’ODJB – Original Dixieland Jass (sic) Band pour celles et ceux qui l’ignoreraient encore – ou, Louis Armstrong bien évidemment ou Bix Beiderbecke…
Un CD n’est évidemment pas suffisant.
Ci-dessus vous trouverez quelques références supplémentaires pour construire votre propre CD : Continuer la lecture

John Coltrane : Retour vers le futur.

Double directions pour une seule session

Impulse, le label animé par Bob Thiele (1922-1996) dans les années 60 – surnommé le label de Coltrane -, publie « Both Directions at Once. The Lost Album », l’album perdu de John Coltrane, réalisé le 6 mars 1963, la veille de l’enregistrement d’un autre grand album du saxophoniste résultat de la rencontre avec le chanteur Johnny Hartman. Des faces qui se disaient perdues à jamais. Les discographies les plus complètes de Coltrane en font état en soulignant « masters perdus ». Il est possible d’ajouter perdus dans le déménagement du label vers la côte Ouest en 1967.
Les masters n’ont pas été retrouvés. Le miracle – c’en est un – provient de la sagesse de Rudy Van Gelder, l’ingénieur du son et propriétaire des studios, qui avait l’habitude de réaliser une copie pour la remettre aux artistes. Pourquoi si tard ? Ravi, le fils de John et d’Alice, l’explique dans le livret qui accompagne le CD, la copie se trouvait dans la famille de Juanita Naïma, la première épouse de John. Ravi Coltrane raconte cette histoire dans le livret qui accompagne l’album. Continuer la lecture

JAZZ. FESTIVALS IMMOBILES (2)

Construire des ponts.

Dans quel esprit étrange, visité par quels dieux, a pu germer l’idée de construire des ponts imaginaires – Across the Bridges – entre la France et les Etats-Unis, Chicago en particulier ? La réponse tient en un nom, Alexandre Pierrepont défenseur du « Champ jazzistique » – titre de son premier livre – flou et sans frontières, sans école, sans style, en un mot ouvert aux mémoires pour permettre la création. Son deuxième livre, « La Nuée » – aux éditions Parenthèses comme le précédent – proposait déjà un programme autour de l’AACM, association de musicien-ne-s de Chicago tournée vers la créativité.
Offrir les conditions de rencontres tel est la volonté de « The Bridge ». Continuer la lecture

JAZZ. Festivals immobiles (1)

Départ vers des contrées ignorées

Si vous ne pouvez aller aux festivals de jazz, il faut s’organiser pour que les festivals viennent à vous. Installez-vous confortablement et prenez des disques parus cette année. Continuer la lecture

Le coin du polar (3)


De Londres à Paris, une même histoire s’écrit.

Dans l’actualité éditoriale de 10/18, du côté des polars historiques et bien ancrés dans l’Histoire, un auteur britannique brosse le tableau de la Grande Révolte à Londres en 1381, première grande révolte de la Ville, une première par rapport aux jacqueries qui continuent de faire mugir les campagnes. Artisans divers, corporations se révoltent face au roi et aux nobles qui les pressure. Paul Doherty poursuit la description du climat qui précède l’éclatement de cette Grande Révolte dans les enquêtes précédentes de Frère Athelstan.
De sont côté le Français Jean d’Aillon décrit la situation de Paris et de ses environs, en 1424, dans cette guerre dite de 100 ans qui a fait une multitude de morts.
L’histoire de ces deux royaumes s’entremêle dans le combat pour l’élargissement du pouvoir de chaque souverain qui doit aussi compter avec sa noblesse.
Une manière agréable de se plonger dans le passé tout en puisant dans la littérature policière – Conan Doyle évidemment pour Jean d’Aillon », les intrigues policières classiques pour Doherty – des références, des enquêtes pour agrémenter l’Histoire d’histoires. Continuer la lecture

Des migrations à la crise de la construction européenne

Migrations et crise politique

Les média parlent de « crise des migrants » ou de « crise migratoire » pour diffuser l’angoisse des populations. « Crise », dans ce cadre, ne signifie rien sinon de faire retomber la faute, la responsabilité sur les victimes, les migrants, d’une situation qu’ils n’ont pas choisie.
Les migrations sont issues de toutes les crises qui secouent le monde en train de basculer. Elles révèlent, au sens photographique, les révolutions en cours. Un capitalisme, celui à dominante financière, est en train de pourrir sur pied, est quasi déjà mort, un autre capitalisme est en train de naître et doit, pour ce faire, révolutionner une fois encore le mouvement de l’accumulation du Capital. Un mouvement qui inclut des éclatements géopolitiques. Toutes les constructions sont menacées. Le monde tel qu’il s’est constitué depuis la fin de la deuxième guerre mondiale appartient au passé. La chute du Mur de Berlin en novembre 1989 avait marqué le début de la fin de ce monde. La crise systémique ouverte en août 2007 avait sonné son glas. Depuis plus de 10 ans, le capitalisme connaît les répliques de cette crise systémique. Continuer la lecture

Herman Melville (1819-1891), un révolté incarné par Moby-Dick

Mythologies américaines.

« Moby-Dick ou le Cachalot » fait partie des textes étudiés à l’école comme partie de la littérature mondiale, une raison suffisante pour ne pas le lire ou le relire. Herman Melville pourtant joua un rôle essentiel dans la construction des mythes adoptés par les Etats-Unis. Les références à la baleine blanche  – le blanc est la « couleur » de Melville – sont multiples et se retrouvent chez Hemingway comme chez Philip Roth. Il représente la première tentative d’émanciper les lettres américaines de la tutelle britannique. Continuer la lecture

Une saga américaine écrite par un Anglais

Le jazz, fil conducteur d’une histoire noire des Etats-Unis.

Ray Celestin, linguiste et scénariste britannique, s’est lancé dans une grande aventure. Raconter l’histoire des Etats-Unis du côté de leur face cachée, noire dans tous les sens de ce terme. Point de départ, la Nouvelle-Orléans en 1919, ses quartiers, ses activités économiques, son racisme et ses transformations dues à l’arrivée, après la guerre de Sécession (1861-1865), des « Yankee » transportant une nouvelle façon de vivre. Deux éléments dominent ce premier opus, « Carnaval », d’abord le déclassement des « Créoles » issus des familles officieuses des colons français. Ces « métis » avaient une place sociale singulière entre les colons blancs et les Noirs des bas quartiers. La « race » aux Etats-Unis structure la société. Les « Yankee » supprimeront le statut particulier des Créoles pour les considérer comme des Noirs. L’arrivée des nouveaux migrants, Siciliens pour la plupart, renforcera cette perte de reconnaissance. Continuer la lecture