Pour Art Farmer et Milt Jackson

Les liens invisibles qui tissent nos vies et nos morts…

Pour quelles raisons obscures, le trompettiste-bugliste Art Farmer, né le 21 août 1928 à Council Bluffs dans l’Iowa, est-il mort le 4 octobre 1999 à Manhattan – lui qui vivait à Vienne en Autriche -, cinq jours avant l’inventeur du vibraphone bebop Milt Jackson né le 1er janvier 1923 à Detroit dans le Michigan, et mort, suivant la dépêche de l’agence France-Presse, à New York des suites d’un cancer du foie ? Cette coïncidence de dates conduit à s’interroger sur les fils invisibles unissant ces deux hommes. Et ils sont nombreux. D’abord parce qu’ils ont, sous le nom de Milt Jackson, construit la matière d’un album où l’esthétique du trompettiste domine, ensuite parce que le disque le plus abouti du « Jazztet » – un groupe qu’Art avait formé avec le saxophoniste ténor Benny Golson dans les années 58-621 et passé un peu inaperçu pour cause de free-jazz – s’intitule « The Jazztet and John Lewis ». Pour qui l’ignorerait, John Lewis – 79 ans et toutes ses touches comme le démontre son dernier album pour Atlantic (WEA) « Evolution » – a été le pianiste et l’âme damnée du Modern Jazz Quartet, dont la vedette était Milt Jackson. Continuer la lecture

Exception culturelle ?

Quel contenu à l’exception culturelle ?

La conférence de Seattle a échoué. Le cycle de négociations, le «round », n’est pas terminé pour autant. L’ordre du jour n’est pas clairement défini, ce qui n’empêchera pas les représentants des 135 pays de poursuivre leurs discussions à Genève au siège de l’OMC. Cet échec est une victoire de toutes les organisations et associations qui ont manifesté leur opposition à cette libéralisation sauvage ne prenant en compte ni les besoins des êtres humains, ni la nécessité de définir un ordre mondial qui combatte la logique folle des marchés.
Démarchandiser1 est une nécessité pour promouvoir le développement de tous les pays et de tous les êtres humains. Pour lutter contre les inégalités et la pauvreté. C’est le rôle du politique, de l’Etat. Dans le domaine de la culture, c’est un impératif vital. Il n’est pas acceptable de voir disparaître des pans entiers du patrimoine culturel mondial sous prétexte de marchandisation et de compétitivité. Il n’est pas sain, pour définir notre futur, de voir s’évanouir certaines cultures dites minoritaires au profit d’une standardisation toujours plus poussée, résultat logique du règne de la marchandise qui se caractérise par sa reproductibilité à l’infini. Il est difficile, dans notre société, de sortir complètement de la logique du marché, il faut donc réfléchir à des moyens pour la contourner et faire fructifier toutes les facettes des cultures. Si des parties disparaissent, le tout – l’ensemble du patrimoine culturel mondial – se métamorphosera à son tour. Pour que naissent des chefs d’œuvre, un nouveau regard, une nouvelle façon d’appréhender le monde fondation d’une nouvelle culture,2 il faut donner les moyens à toutes les cultures d’exister pour qu’elles puissent se féconder mutuellement.
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