Un nouveau classicisme
Gérard Marais, guitariste, s’est fait connaître aux débuts des années 1970. Depuis, il a construit un parcours qui lui permet d’être à la fois original et classique. Il sait tout de la guitare surtout électrique. Il sait la faire parler, gémir, rire pour faire éclater un son bizarre, tous les sons dont elle dispose sans jamais heurter l’oreille. Sa route est similaire à celle d’Henri Texier plus marqué par la puissance du free jazz dans le milieu des années 60. Il fallait bien les faire se rencontrer pour qu’ils bousculent une fois encore les structures pour faire naître de nouvelles mélodies chantantes et dansantes. Ils n’ont rien oublié et se servent de ces mémoires comme d’un puits sans fond. C’est un plaisir que de les retrouver. Henri est au service du compositeur et soliste principal, Gérard Marais, sans jamais se faire oublier.
Le quartet est complété par Christophe Marguet qui connaît bien les mondes de Texier et de Marais. Il sait comme personne souligné d’un trait de baguette telle ou telle expression pour la rendre plus vivante. Il est d’une génération différente. Né en 1965 au moment où Texier commençait à exercer ses talents avec Daniel Humair.
Le piano est tenu par un jeune homme, Jérémie Ternoy dont le premier CD avait produit une très forte impression. Il sait mêler toutes les influences. Celles d’Horace Silver comme celle de Bobby Timmons en passant par Bill Evans et Milton Buckner. Ici, il répond sur le même ton à Gérard Marais tout en laissant la place au bassiste.
« Inner village », village intérieur, celui de nos rêves orphelins qui cherchent leur chemin dans ce monde barbare, construction fragile qu’il faut savoir conserver. Gérard Marais visite tous les rythmes, toutes les influences, toutes les références.
Un grand album pour toutes les oreilles.
Nicolas Béniès.
« Inner Village », Gérard Marais Quartet, Cristal Records distribué par Harmonia Mundi.