Le saxophone dans deux états

Rendez-vous avec deux saxophonistes d’aujourd’hui.

Sébastien Jarrousse, au ténor comme au soprano, se situe pleinement dans la lignée du Coltrane avec son quartet historique, Elvin Jones, batteur, McCoy Tyner, pianiste, Jimmy Garrison, bassiste. Influence matinée – patinée ? – de celle de Wayne Shorter comme l’indique le titre de l’avant dernière composition qui clôt cet album. Sans imitation servile, simplement la reconnaissance d’une esthétique. Il fait la preuve, avec son quartet, qu’il est possible de creuser cette voie et de trouver sa voie. Il tombe un peu moins du côté du hard bop que dans ses enregistrements précédents. Continuer la lecture

Jazz, des coffrets nécessaires.

Deux géants un peu trop ignorés.

Les hasards de l’édition, ou volonté délibérée ?, deux géants du jazz bénéficient d’une édition dans la collection « The quintessence » que dirige Alain Gerber aux éditions Frémeaux et associés. Dans l’imagerie des passionné(e)s de jazz, ils apparaissent comme situés sur des planètes différentes, « Cannonball » Adderley, saxophoniste alto, et Bill Evans, pianiste. L’un et l’autre ont su s’imposer sur la scène du jazz et, à leur manière, ils ont contribué à la révolutionner dans cette fin des années 50. Ils ont été à la fois éclipsés par l’ombre porté du génie hors norme de ce temps, John Coltrane qui les a influencés, tout comme il a subi leur influence. Tous les trois ont fait partie de ce sextet qui marque l’année 1959 via la réalisation de cet album, chef d’œuvre d’entre les chef d’œuvre, « Kind of Blue » – voir « Le souffle bleu » pour plus de détails -, sous la direction de Miles Davis et direction convient bien, même si Bill Evans a beaucoup travaillé les compositions qui, pour certaines d’entre elles, portent son empreinte, en particulier ce « Blue in Green » que Alain Gerber a repris dans ce double album consacré à Bill. Continuer la lecture

Marx, un mode d’emploi

Quand un géographe se penche sur le Capital…

David Harvey, est, de son état, géographe. Un géographe particulier qui analyse les espaces en lien avec les rapports sociaux. Un géographe « social » si l’on veut. Il s’est inspiré, dans ses recherches de la méthode et des concepts de Marx, pour construire une géoéconomique. Professeur à l’université de New York, il a, avec ses étudiants de générations successives, tenter des lectures du Livre I du Capital, le seul que Karl Marx ait publié de son vivant. Les deux autres sont des brouillons plus ou moins mis en forme par Engels. « Pour lire le Capital » est une synthèse de ce travail qui compte plusieurs années. Continuer la lecture

Portrait de Krasuki

Syndicalisme d’hier ?

Au moment où la CGT change de secrétaire général, il est intéressant de se replonger dans la biographie de Henri Krasucki (1924-2003), secrétaire de la centrale pendant ces années qui changèrent le visage du syndicalisme français, 1982-1992. Les deux septennats de François Mitterrand ont transformé la donne idéologique marquant la victoire par KO debout du libéralisme et une perte de substance du syndicalisme. « Krasu » fut un homme de ce court 20e siècle, barbare et révolutionnaire, rythmé par les espoirs de changement social et la musique, le jazz en particulier. Juif polonais, résistant dans la MOI, déporté à Auschwitz, il était lié politiquement et sentimentalement à l’URSS. Il sera le dernier secrétaire général de la FSI, Fédération Syndicale Internationale dont le siège est à Moscou. Un itinéraire qui permet à la fois de revisiter ce siècle trop souvent laissé de côté et comprendre le passé du syndicalisme français dominé par la CGT, ses liens avec le PCF et sa prise de distance dés 1985. La chute du Mur de Berlin, évènement incompréhensible pour la génération de Krasu, a changé l’architecture du monde.

En complément, il faut lire cette « anthologie du syndicalisme français (1791-1968), recueils de textes commentés pour savoir d’où nous venons.

Nicolas Béniès.

« Henri Krasucki, 1924-2003 », Christian Langeois, Cherche midi, 364 p. ; « Anthologie du syndicalisme français, 1791-1968 », Institut d’histoire sociale de la CGT, Jean Magniadas, René Mouriaux, André Narritsens, Editions Delga.

Le coin du polar.


 Une bonne moisson.

James Lee Burke est l’un des grands écrivains vivants. Qu’il se serve du polar révèle la force de cette branche de la littérature mondiale. Son univers est noir, comme le monde qui nous entoure. Son succès conduit à traduire ses romans « de jeunesse ». « La moitié du Paradis » – c’est pire que l’enfer dit l’exergue et on ne peut que partager cette réalité – est son premier roman et date de 1965. Le contexte a totalement changé comme l’architecture du monde, le style n’est pas aussi affirmé qu’il l’est devenu mais on trouve déjà ce pessimisme total qui tourne autour de l’adage « le pire est toujours sur ». Intéressant de comparer le jeune romancier à celui qu’il est devenu. Déjà, il raconte la Louisiane et la Nouvelle-Orléans en particulier.

Jim Thompson (1906 – 1977) est un autre adepte du « noir c’est noir, l’espoir est mort », le rêve américain n’est qu’une illusion grossière, « Nous tous, écrit-il dans cette prière de fin de « L‘assassin qui est en moi », qui avons commencé la partie de cartes avec une mauvaise donne, qui espérions tant et avons obtenu si peu, qui voulions si bien faire et avons tant déçu. Nous tous. » Un auteur clé longtemps sous estimé.

Des Etats-Unis au Brésil, le même rêve, s’en sortir mais dans quel état ? La corruption n’est-elle l’apanage des grandes villes ? Bien sur que non. Patricia Melo dans « Le voleur de cadavre » nous transporte au Pantanal. Il rencontre la chance diabolique, un avion s’écrase avec de la cocaïne qu’il s’approprie et après il sombre dans les petits arrangements. Une fable sur le Brésil, ses hommes et femmes politiques, les accommodements avec l’éthique.

Don Wislow a déjà une longue carrière derrière lui. Son succès est récent. Dans « Cool », il prend pour base, Laguna Beach en 2005, 1967, 1976, retour à 2005 pour finir à Baja au Mexique la même année. Des « héros » déjà rencontrés dans « Savages », Ben, Chon et Ophelia qui, ici, trempent dans le trafic de drogues. Une sorte d’atavisme. Leurs parents y avaient aussi participé… Une écriture un peu plate, des dialogues qui se veulent fulgurants, une intrigue un peu faible. Mais « Cool » est totalement dans l’air de notre temps.

Passons du côté du froid. La Norvège comme il faut la voir. Un pays triste et mélancolique. « Noël sanglant » est surtout une présentation de l’inspecteur Lykke – la cinquantaine, une jeune épouse, une petite fille – et de son équipe. Du coup, l’intrigue passe au deuxième plan. Une intrigue déjà connue, déjà exploitée. Kjetil Try nous fait « poireauter » pendant une grande partie pour se décider à conclure rapidement. C’est dommage parce que la description de la vie quotidienne vaut la lecture.

Avez-vous déjà visité la Cathédrale de Reims ? Non, ce roman, « Et l’ange de Reims grimaça », est pour vous. Pas un vrai polar ni policier plutôt une mis en situation du monument pour le rendre vivant. De ce point de vue c’est une réussite. Pour le reste, les personnages font trop « série télé », sans consistance. L’intrigue est réduite à sa plus simple expression.

N. B.

« La moitié du Paradis », James Lee Burke, traduit par Olivier Deparis, Rivages/Thriller ; « L’assassin qui est moi », Jim Thompson, première traduction intégrale par Jean-Paul Gratias, Rivages/Noir ; « Le voleur de cadavres », Patricia Melo, actes noirs/Actes Sud ; « Cool », Don Wislow, traduit par Freddy Michalski, Seuil ; « Noël sanglant », Kjetil Try, traduit par Alex Fouillet, Folio/Policier ; « Et l’ange de Reims grimaça », Jean-Pierre Alaux, 10/18 Grands détectives.

Redécouverte

Portraits

Manuel Chaves Nogales (1897-1944), journaliste réputé de cette Espagne des années 1920-30 et Républicain convaincu est mort en exil comme il se doit. Un écrivain hors norme qui connaît la tradition de la littérature espagnole qu’il bouscule par les techniques du journalisme. Il résume des vies à une succession de petites annonces. Ces « Histoires prodigieuses » sont autant de contes réalistes qui parlent de notre humaine condition, de celui qui n’a pas eu d’enfance à la crédulité d’une petite fille, de la vie au travail qui tue la vie tout court, de ces portraits de femmes subissant les événements et, plus que tout, la mise en cause des valeurs de cette société catholique, capitaliste et imbécile. Il faut lire « Une bonne blague » pour s’en persuader. Un auteur à (re)découvrir.

N.B.

« Histoires prodigieuses et biographies exemplaires de quelques personnages modestes et anonymes », M. C. Nogales, traduit par Catherine Vasseur, Quai Voltaire.

 

Un groupe hardcore

La Horde
La Horde, est le nom de ce groupe, et son dernier album, « en passant par le Monde », propose un bon compromis entre vieille scène métal française et un son actuel. Se reconnait tout de suite, au-delà des paroles en français, le son de cette scène française, teinté de métal des années 80/90 plus heavy/trash.
La Horde joue un Hardcore carré agrémenté de riffs métal bien puissants. A la base le Hardcore correspond à une base punk mais sur une musique plus violente. Donc du punk avec des riffs métal. On reconnaît principalement le hardcore grâce au son plus haché ou syncopé, certains riffs plus « simples », la voix criée mais plutôt au timbre clair (contrairement au son guttural de certains groupes de métal extrême). Pour La Horde, la base hardcore se reconnait principalement à travers le chant,
Même si La Horde n’innove pas en terme de son et de composition, elle offre un moment plaisant et très bien arrangé. Un bon mélange entre hardcore classique et un métal puissant et mélodique, La Horde montre que la scène française reste toujours active dans le monde du métal.
P.A. Samuel.
Titre: En Passant par le monde
Groupe: La Horde
Label: FANTAI’ZIC
Distributeur: Socadisc Europ Distribution

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