« LA REVUE NÈGRE », 1925

SCANDALEUSE JOSEPHINE BAKER !

Les années 20 ! « Roaring twenties », rugissantes, folles ! La guerre barbare veut se faire oublier. La « der des ders », pensait-on. Les surréalistes tiennent le haut du pavé. André Breton permet de redécouvrir Rimbaud ! Il fallait une égérie, ce fut une jeune femme, venue par hasard avec la « Revue Nègre », Joséphine Baker qui les incarna. Dans l’orchestre, un clarinettiste/saxophoniste soprano – déjà remarqué par Ernest Ansermet en 1919 dans l’orchestre de Will Marion Cook – Sidney Bechet. Il eût, à Pigalle, un échange de coups de feu avec son batteur et se retrouva en prison où il se fit ses cheveux blancs. Joséphine provoqua le scandale. Le Parlement autrichien délibérera en 1926 pour décider si elle pouvait se produire ! Le terme de « Music Hall » pour les lieux de ces revues et celui de « dancing » pour les cabarets sont nés à cette époque. Cette musique de la transe, du corps, de la liberté était adoptée par toute l’avant-garde culturelle.

Université populaire jazz, 2024 2025

Bonjour
Une nouvelle année (scolaire, la seule qui compte) ,commence. Les séances reprennent.

Nous quittons New York, les Etats-Unis pour atterrir à Paris, une des capitales du jazz. Paris sera une ville ouverte à toutes les influences, à toutes les rencontres culturelles, à tous les brassages, à tous les dialogues, toutes les confrontations jusqu’aux décisions dramatiques d’un ministre de l’intérieur – Charles Pasqua – pour lutter contre l’immigration forcément illégale. Paris aura perdu son statut et son aura.
Le jazz s’est alimenté de toutes les autres cultures, musiques, notamment africaines – Paris était le chaudron de toutes les musiques africaines – pour trouver de nouvelles voies, pour alimenter le champ des possibles.
Le jazz en France fait souvent figure d’oublié. A juste raison Martial Solal notre dans son autobiographie, « Mon siècle de jazz », qu’un musicien américain, « même un second couteau », était plus considéré que les musiciens français.

Juste un rappel – voir « Le souffle de la liberté » – que le jazz via James Europe, débarque fin 1917 début 1918 en France et qu’il a su conquérir le public français. Dans les années 1920 il fera partie intégrante de ces fausses-vraies années folles. Il participera du développement de la libération des corps, de celui des femmes en particulier, via des danses étranges, comme le charleston ou le boston et, plus encore, le lindy hop découvert dans le film Helzapoppin’.

Joséphine Baker deviendra à Paris une star avec la revue nègre au Casino de Paris défendu par tous les surréalistes – sauf André Breton – conduit par Michel Leiris et Blaise Cendrars

Cette histoire je vous l’ai déjà racontée.

L’après deuxième guerre mondiale fera oubliée l’histoire du jazz en France pendant et avant la guerre. Oubli de Michel Warlop, violoniste, compositeur, arrangeur, chef d’orchestre et génie de la musique. Vous trouverez l’essentiel dans « Le souffle de la liberté » et dans l’article publié sur ce site en hommage à mon ami Pierre Salama. Oubli du label Swing, oubli des musiciens d’avant la guerre englouti par Glenn Miller.

Pour cette année, nous nous situerons dans l’après guerre pour visiter les fantômes qui hantent des lieux, les clubs de jazz devenus eux aussi fantomatiques. Des fantômes venus d’ailleurs, comme Don Byas, saxophoniste ténor qui jouera le rôle de passeur vers le be-bop auprès des musiciens européens comme Tete Montoliù, pianiste catalan. Jean-Louis Chautemps racontait que la sonorité de Don Byas était extraordinaire. Il projetait le son, à renverser des montagnes.

Je vous propose ce voyage.

La première session aura lieu le mercredi 6 novembre à 18H, comme d’habitude, au Café Mancel, dans l’enceinte du château. Les travaux ont bien avancé et l’entrée est praticable.

Nicolas

Émissions de radio

Je réalise une série d’émissions sur le jazz sur les antennes de Radio toucaen. Possible de les écouter sur le net en faisant radio-toucaen.fr

Trois types d’émissions sont proposées

Les nouveautés, ‘Nouvelles nouveautés en jazz » – le périmètre du « jazz » n’est très bien déterminé, il est possible de se permettre quelques aperçus d’un ailleurs pas plus défini que le jazz… Je laisse aussi une place aux musicien.ne.s dont on parle peu sinon pas du tout et qui essaient de construire une musique et que, pour cette raison, il faut écouter. Les rencontres sont possibles.

L’histoire du jazz à travers ses instruments, « Jazz Késako », cette année le vibraphone – avec un peu de xylophone et de marimba. Une histoire étrange qui nait aux alentours de 1930 avec un inventeur, Lionel Hampton.

Enfin, les anniversaires mais aussi tous ces mois qui sont meurtriers et voient la disparition des incarnations de la musique art de vivre. J’ai commencé avec les 85 ans de Blue Note

A vous retrouver

NICOLAS

Le piano contre l’ennui

Martial Solal dans tous ses états et éclats (de rire, de colère…)

Allégrement, Martial Solal, pianiste, compositeur, chef d’orchestre, va vers son centième anniversaire – il est né à Alger en 1927. Centenaire ! Un choc ! Pour lui sans doute, pour nous aussi. Martial est présent à chaque moment de la vie du jazz en France comme aux États-Unis, depuis plus de 75 ans. Un bail. Il a dû se demander – jusque là il avait refusé de l’écrire – quelle signification peut avoir une « autobiographie ? Le signe de la disparition prochaine ? La reconnaissance publique sinon du public ? L’abandon du piano pour l’ordinateur ? Est-ce le début d’une future production littéraire comme a pu le faire André Hodeir avec plus ou moins de bonheur ? Signer une autobiographie ouvre la boîte de Pandore des questions.
Une lecture préalable est recommandée, permettant de tracer quelques jalons sur sa vie, ses réalisations et, surtout son rapport amoureux, passionné au piano, « Ma vie sur un tabouret » (Actes Sud, entretiens menés par Franck Médioni, 2008), qui fut présenté , par l’éditeur, comme une « autobiographie » . Une fausse-vraie ou vraie-fausse qui fait du « je » un jeu – sans vraiment jeux de mots – entre Martial Solal et Franck Médioni. Miroir de la biographie d’un être vivant interrogé.
Légitimement, on peut se demander s’il était raisonnable de doubler cette vie sur un tabouret d’une autre manière de se raconter. Continuer la lecture

Lire Sartre, une nécessité

Sartre, l’oublié

Curieusement – ou pas, l’air du temps peut-être – Albert Camus connaît des renaissances successives via « La peste » ou « L’étranger » récemment, alors que le grand rival des années d’après guerre, ami et ennemi à la fois, Jean-Paul Sartre est délaissé. Camus, prix Nobel de littérature, Sartre prix Nobel de littérature refusé, est une grande différence et rend Sartre plutôt sympathique dans ce refus des honneurs. Il fut aussi, on s’en souvient, proche des « maos » de la gauche prolétarienne tout en refusant son idéologie.
« Réhabilitons Sartre » – ce « nous » est tout un programme – se veut une « Biographie critique et contextuelle d’un penseur du XXe siècle » proposée par Aliocha Wald Laswoski, enseignant chercheur en philosophie. Le sous titre montre toute la difficulté se la tâche. Sartre, pour situer le projet, avait mis en œuvre, dans la fin de sa vie, une biographie de Flaubert pour pénétrer, sans y arriver, les mystères de l’écriture. Continuer la lecture

Enfermement sur le « moi », sans « nous »

Peut-on devenir « soi » ?

Les réseaux sociaux bruissent de ces méthodes qui promettent de devenir soi même, sans entrave, en se laissant aller appelées « développement personnel » pour exister face aux autres et pour produire la productivité la plus importante pour être reconnu.e. Thierry Jobard dans ce petit essai nécessaire, titré justement « crise de soi », dévoile la face sombre de cette connaissance de soi. Le constat de départ : les institutions traditionnelles, la famille, l’école et même l’Etat ne fournissent plus le cadre commun qui permet de partager des règles sociales et collectives. La crise politique globale dans laquelle nous nous enlisons sans projet global de société, provoque cet appel d’air vers l’individualisme qui passe par l’intériorisation de toutes les contraintes sociales. Continuer la lecture

Féministes, les mères ?

Un essai vigoureux, révolté et argumenté

« Briser la chaîne » – et non pas les chaînes, la différence est majeure ici -, au sous-titre volontiers provocateur malgré le point d’interrogation, « misogynes de mère en fille ? » pose des questions centrales. Dans cet essai Camille Lextray, avec une rage, une colère dynamique au rire communicatif pour démontrer la nécessité du féminisme. Combattant beaucoup d’idées reçues contenues dans ce qui s’appelle « le bon sens » autrement dit la perpétuation des règles en usage considérées comme éternelles, elle propose, comme c’est nécessaire à tous les niveaux, de former les formatrices en transformant les rôles dits traditionnels dans le couple. Les mères qui veulent protéger leur fille leur demande souvent, pour éviter les problèmes, de correspondre au modèle ambiant, le modèle du capitalisme patriarcal. Toutes les propositions qui passent par le « petit geste » qui ne sauve rien sont autant de justification du modèle global forgé par le pouvoir des hommes. Le féminisme doit déterminer une vision globale de la société qui passe par la destruction de ce mode de société. Continuer la lecture

Luttes féministes

BD
« Ne nous libérez pas, on s’en charge »

« La belle de mai » ne fait pas référence à mai 68, mais à la grève des cigarettières de la manufacture des tabacs, dépendante de l’État, à Marseille en 1887. Une lutte ouvrière et féministe, les revendications sont explicites. Le dessin, signé Élodie Durand, suit, dans le mouvement des corps, la prise de conscience collective dans le combat ainsi que la fierté d’être debout, de sortir de invisibilité pour être autre chose qu’une marchandise ou une épouse. L’histoire d’amour, enveloppée dans la fumée continuelle des cigarettes, sorte d’halo nécessaire pour dire que le travail suit pas à pas chacune de ces ouvrières au-delà de l’usine.
Une grève victorieuse, pour cette raison peut-être, oubliée. Mathilde Ramadier, pour le texte, met en scène cette « Fabrique de révolutions », sous titre de la saga. Émerge le parfum de fête qui va de pair avec la découverte du collectif, le moment où le « nous » remplace le « je » pour créer un autre monde. Le slogan « Ne nous libérez pas, on s’en charge » de ces combattantes résume bien la nécessité du féminisme.
Nicolas Béniès
« La belle de mai. Fabrique de révolutions », Mathilde Ramadier et Elodie Durand, Futuropolis

Elémentaire mon cher Watson : Agatha Christie ressuscitée

Policier classique

Katy Watson, pour son premier roman policier – à qui il manque tous les attributs du polar -, a choisi de rendre un hommage appuyé à Agatha Christie. C’est vrai que tout y est : une vieille demeure anglaise aux charmes désuets, une vieille famille secouée, comme il se doit, de secrets, des amants vieillis sous le harnais de l’adultère. Le brin de modernité vient d’une équipe de cinéma venue pour la promotion de son prochain film qui se passera dans le château dit « Aldermere House », héritage de l’autrice Lettice Davenport, dont un des romans est à l’origine du scénario du film. « Meurtres à Aldermere House » semble être le début d’une série. Continuer la lecture

La Guyane lumineuse et ténébreuse

Recherche des origines.

Une curieuse enquête qui part de Québec pour y revenir par une autre voie en passant par la Guyane, morceau d’Amazonie française à la frontière du Brésil, connu pour ses bagnes. Une aventure qui permet de comprendre l’origine de traumatismes – la claustrophobie par exemple – et de réactions allergiques. Un résumé qui pour être juste ne rend pas compte des périples accomplis par la fille et la mère reliées par cette Guyane, carte du tendre et « Vert comme l’enfer », titre du roman de Isabelle Grégoire, tombée amoureuse de l’encore colonie française souvent laissée à l’abandon. Les routes manquent, les voyages se font en pirogue, moyen idéal de respecter les paysages et de les goûter.
Dans les années 1980, une cohorte de touristes français et québecois visitent ces territoires sous la conduite de deux guides, un homme et une femme qui semblent en couple. Continuer la lecture