Chamboule tout. Sur le vote au deuxième tour.

Un choix difficile mais nécessaire.

Parlons éthique.
La question du vote au deuxième tour face au Front National se situe sur deux terrains que le mouvement syndical et politique ne peut ignorer. Sur le terrain éthique, il n’est pas possible de laisser croire que le vote FN s’inscrit dans le cadre des procédures démocratiques. En cas de victoire de Marine Le Pen, toutes ses promesses démagogiques de défense des salarié-e-s seront oubliées. Je ne suis pas sur que le « e » est, dans ce cas là, justifié. Ne subsistera que l’aspect raciste et répressif. Ce sera d’autant plus facile que le gouvernement Hollande a multiplié les lois dites « sécuritaires ». Quinze si j’ai bien compté depuis l’attentat de Charlie Hebdo. Sous prétexte de terrorisme, il est facile à un gouvernement d’extrême droite de gouverner en état d’urgence tout en supprimant l’état d’urgence. Les libertés démocratiques seraient plus encore menacées. Continuer la lecture

U. P. Jazz des 3 et 10 mai 2017

Bonjour,

Terminer l’année – la notre, celle de l’UP, pour le reste cette année 2017 semble interminable et si je peux me permettre ce n’est pas fini… – en beauté est toujours difficile. Surtout sur la côte ouest où le soleil fait semblant de briller où le pont de San Francisco attire tous les regards – souvenez vous d’un James Bond avec un Roger Moore vieillissant et un superbe « Requin » – ou sur Hollywood Boulevard à la recherche des stars perdus qui, souvent, ont laissé des traces, des mains par exemple. Ou partir dans le ghetto noir de Watts en compagnie de Walter Mosley et de Charles Mingus, contrebassiste, pianiste et compositeur avant qu’il n’émigre à New York. Ces contrées sont très fréquentées. Noirs et Blancs se partagent « La Scène ». C’est le titre d’un polar de Clarence Levi Cooper, un quartier de drogués et de dealer de New York mais qui peut se transposer à Los Angeles dans ce milieu des années 50.
Pour ces deux dernières, bien placées dans l’entre deux tours, je vous propose un spécial saxophone ténor. Continuer la lecture

Interview de Charlie Haden dans La Gazette Mosaic

Charlie Haden
Exclusive interview with FBPO’s Jon Liebman
September 5, 2011

The source of this thoroughly disarming 2011 interview with Charlie Haden is a site called For Bass Players Only, but John Liebman’s conversation with Haden speaks to many more who care about music and one of its most distinguished practitioners and human beings.

Charlie recounts his early years in Oklahoma on his family’s radio show, and then his cross-country travels that encompassed, of course, Ornette Coleman, but also the Liberation Music Orchestra and Quartet West. -Nick Moy Continuer la lecture

Essai sur la discordance des temps modernes

Définitions du « civilisé » ? Qui est le barbare ? Où est-il?

Un drôle de livre. Son titre a de quoi interroger « Dracula ou la croisade des Temps modernes » et son sous titre n’arrange rien « Essai sur la figure de l’étranger ». Peut-on cerner l’argumentation de Farhad Khodabandehlou ? Je me le demande. Pourtant j’avoue un énorme plaisir pris à la lecture de ces commentaires – au sens philosophique – du roman de Bram Stocker, « Dracula ». L’histoire est connue : l’affrontement d’un vampire et d’un clerc de notaire dans le château que le comte Dracula veut mettre en vente. Histoire apparente qui sert de fil conducteur. Stocker envisage la victoire possible de la barbarie qui se reflète dans le miroir de la civilisation. Comme le vampire, la barbarie n’a pas de reflet. Continuer la lecture

Musique et chansons venues d’ailleurs

Vers d’autres rencontres.

« Les voyageurs de l’espace » est le nom d’un trio composé de Didier Petit, violoncelliste/compositeur – mais aussi créateur du label In Situ -, de Claudia Solal aux chants et Philippe Foch aux percussions mais aussi un projet : raconter l’aventure spatiale,, le voyage interplanétaire. Les paroles disent clairement ce projet.
Ces trois là pourraient venir d’ailleurs pour remplir l’espace de musiques errantes avec l’espoir de communiquer de cet espoir fou de visiter d’autres mondes.
Chantons notre départ en s’échappant de soi-même comme ils nous le conseillent pour devenir notre propre passager clandestin dans un espace sans amarres pour visiter les planètes anciennes nouvellement découvertes par le gros œil des terriens.
La musique habille ces paroles d’une force rêvée, sidérée par la voie lactée pour monter et descendre vers une planète qui s’appelle la terre et ses paysages curieux.
S’éclipser discrètement est toujours difficile surtout lorsqu’il s’agit de chanter que monde est merveilleux (« Wonderful ») repris d’un des derniers albums de Louis Armstrong pour tirer une bizarre révérence.
« Les voyageurs de l’espace » nous convient à un festin fait de contes, d’expériences et d’utopies d’une vie meilleure. Pour tout vous dire, ils nous font chanter… avec l’aide de plusieurs paroliers, des chansons inscrites dans un espace différent. Attachez vos ceintures, départ pour d’autres planètes et pour voir la notre d’un œil neuf.
Nicolas Béniès.
« Les voyageurs de l’espace », Claudia Solal, Didier Petit, Philippe Foch, Basta/Buda Musique

Jazz un piano qui ronfle

Un moderne classique.ou l’inverse

Vincent Bourgeyx, pianiste, a conservé le goût pour la pulsation du jazz classique tout en intégrant dans son jeu, ses compositions la modernité du jazz comme celle des musiques dites contemporaines. Quelque chose de la folie meurtrière des Oscar Peterson, Monty Alexander et autre Chick Corea passe dans sa manière d’aborder le piano. Ces références ne viennent pas appesantir un climat où la relaxation, la confiance réciproque du trio permet la naissance d’une musique qui ne se refuse rien.
Vincent Bourgeix retrouve le bassiste de ses débuts discographiques en 2002, Matt Penman et fait découvrir un batteur très demandé paraît-il, Obed Calvaire, batteur capable de toutes les métriques. Deux invités transforment ce trio en quartet, David Prez saxophoniste et flûtiste et la vocaliste Sara Lazarus pour trois standards qui sont autant de références et d’insertion dans le classique du jazz.
« Short Trip » invite à ces voyages que l’on dit immobiles, de ces rêves qui peuplent notre vie pour la rendre pleine de possibilités. La musique est une ouverture onirique qui métamorphose nos expériences.
Nicolas Béniès.
« Short trip », Vincent Bourgeyx, Fresh Sound New Talent/Socadisc

Jazz quand tu nous tiens…

Chanteuse, un curieux destin.

Un cri pour débuter, d’alarme, d’alerte. Les programmateurs et programmatrices semblent resté-e-s attaché-e-s aux styles que producteurs et distributeurs leur proposent sans chercher à savoir si, dans d’autres cases, d’autres boîtes, il n’existe une perle qui ferait la nique à la plupart des chanteuses dites de variété d’aujourd’hui.
Il serait temps qu’il et elles sortent de leur tour de triage et regardent les réalisations qui s’agitent sous le terme « jazz », un terme qui fait peur. Faudrait-il l’appeler « musique » pour lui trouver une porte d’entrée dans ce château-fort ? Musique certes mais jazz indique des filiations, des mémoires partagées.
Léa Castro a une voix qui devrait lui donner l’accès à tous les médias pour lui permettre d’avoir un succès mérité. Il suffit de mettre sur sa platine « Here comes the sun », de George Harrison pour s’apercevoir de ce que le public potentiel rate. Continuer la lecture

Vera Figner, Révolutionnaire !

Témoignage du 19e siècle d’une femme sincère, vraie.

Le débat stratégique du 19e siècle agitait tous les cercles révolutionnaires. Comment se débarrasser du régime tsariste alors que la démocratie commençait à s’installer dans le monde ? Fallait-il suivre la voie des assassinats des potentats à commencer par le tsar lui-même ou étudier d’autres voies ? « Terre et liberté » puis – pour garder l’ordre chronologique – « La Volonté du Peuple » avait choisi les attentats terroristes. Attentats qui n’ont rien à voir avec ceux que nous subissons actuellement. Ils représentent un moyen de libération d’un pouvoir despotique qui enferme et tue ses opposants. La seule fuite possible est celle de l’exil. Ce sera le cas pour Lénine et Trotski notamment.
Vera Figner fut la figure de proue de cette volonté libératrice. Issue de la petite noblesse, elle prend conscience de la nécessité de lutter contre ce pouvoir tout puissant. Les restes du féodalisme avec le servage marquent encore cette fin de siècle. Vera passera plus de 20 ans dans cette zone de non-droit qu’est la forteresse de Schusselbourg, située au nord de Petrograd, des années 1880 à l’après révolution de 1905. Continuer la lecture

Jazz, quand un saxo rencontre un autre saxo…La folie n’est pas loin…

Un, deux, trois Jazz ?

Lionel Martin, saxophoniste, est attiré par la transe, celle d’un Albert Ayler par exemple et du free jazz. Je commence mal, je sais. Le Free fait peur. Plus que peur, il panique. Il fait fuir avant même de mettre une oreille dans cette musique. Il fait équipe avec le pianiste Mario Stantchev. Ensemble, ils ont réalisé un album d’hommage à Louis Moreau Gottschalk, un ancêtre du ragtime et donc du jazz. Une idée originale de rhabiller ses compositions moins éloignées qu’on ne le croit de notre modernité.
Il a rencontré, dans un festival, George Garzone, professeur réputé et saxophoniste ténor qui sait tout de l’instrument, à l’aise dans tous les contextes. Ses albums sont convaincants. « Madness Tenors » est le nom du groupe, une dénomination qui tient ses promesses et fait écho au titre d’un album de Sonny Rollins. Benoit Kellet à la contrebasse et Ramon Lopez à la batterie – un batteur à l’énergie percussionniste – complètent le quintet. « Be Jazz For Jazz » est la déclinaison du précédent « Jazz Before Jazz ». Être jazz pour le jazz est une devise difficile à tenir. Faut-il sembler trahir le jazz pour mieux le servir ?
Écoutez ce groupe, mettez un instant de côté vos préjugés, vos idées toutes faites sur la musique. Entrez, n’hésitez pas. Vous ne le regretterez pas. Notre monde moderne est gagné par le vent de la folie barbare. Dans cet album la folie est fraternelle et un appel pour un autre monde.
Nicolas Béniès.
« Be Jazz For Jazz », Madness Tenors, Ouch!Records pour le Vinyle et Cristal Records pour le CD.

Retour à Hollywood.

Revivre dit-elle

Hollywood, usine à rêves ? La fabrique est en construction dans les temps de ce cinéma amoureusement qualifié de muet. Les immigrés sont légions et ne parlent pas « fluenty » la langue de Walt Whitman. Tous ces producteurs, propriétaires de studios, les Warner et autres deviendront pourtant des fantassins de toutes les causes nationalistes et moralisatrices pour le plus « grand bien de l’Amérique ». A n’en pas douter, aujourd’hui, ils auraient voté Trump ne serait-ce qu’à cause du prénom…
Hollywood est aussi une usine cannibale. Elle croque puis déchire les jeunes femmes et hommes venus se chauffer aux spots des studios, souvent pour se sortir de la misère. Les rumeurs font et défont les réputations. « Fatty » Arbuckle en saura quelque chose. Il sera accusé d’agressions sexuelles sur une mineure puis blanchi par la Justice mais il était grillé. Mort pour les studios.
Gary Cooper, peut-être grâce à son sourire – ou à sa mère allez savoir – échappera à toute condamnation. La leçon est la même partout, « pas vu, pas pris »… Il ne fait pas faire preuve ni de courage ni de sincérité. La sanction est toujours plus dure pour les femmes. C’est monde de mâle très dominateur.
Beaucoup d’actrices qui auraient pu prétendre à la gloire ont disparu. Certaines ont laissé des traces sur ces vieux films quelques foi réédités mais pas toujours. Comme Clara Bow, une de ces « flappers » chères au cœur de Francis Scott Fitzgerald. « Flapper » ? Pour qualifier ces femmes pleines d’audace qui savent prendre le rôle des hommes pour s’accomplir. Les Français parleront de « garçonnes », à cause des cheveux courts comme de la manière décontractée de s’habiller. Le corps exulte sans les corsets.
Clara Bow, passée du soleil à la nuit noire à 28 ans, change de discipline artistique. Après avoir été l’héroïne de films, muets et parlants, elle incarne ici, dans « Le sourire de Gary Cooper », un personnage de roman sous la plume un peu trop superlative de Sophie Pujas qui projette sur la biographie celle des femmes victimes des vampires avides du sang de ces jeunes femmes. Continuer la lecture