Un conte ancien pour l’après

Science fiction ?

« Immobilité » – un titre curieux et bien choisi pour attirer le lecteur – nous place dés l’abord dans une terre victime du « collapse » dans laquelle l’air, l’environnement quasi désertique empêche toute vie animale ou végétale. Seules subsistent de petites communautés, souvent sectaires qui s’approprient la Bible, « The Good Book » pour justifier à la fois de leur existence et de leur volonté de s’abstraire de toute solidarité vis-à-vis des autres survivants. Le partage ne peut se faire que dans la violence. Les « humains » – appelons-le comme ça – ont besoin de techniques monopolisées par des sectes. Ils ont besoin d’un « homme de main » qui résiste à toutes les pollutions. Brian Evenson raconte sa mission, ses tribulations, ses rencontres pour dresser une sorte de miniature de notre humanité. En conteur averti, il entraîne le lecteur derrière cet « homme ». Il ne permet au lecteur de souffler et de s’interroger seulement à la fin de l’épopée, car c’en est une.
A ce moment, une référence saute à l’esprit. Pierre Clastres, ethnologue, dans une de ses enquêtes sur les Indiens Guayaki – si mes souvenirs sont bons – faisait état d’une tradition : le chef de guerre était exilé, vivant à part du village et n’était appelé qu’en cas de besoin pour, à la fin de la guerre, repartir dans son exil, de nouveau livré à la solitude. Cette théorisation a été contestée mais, visiblement, dans le futur imaginé par Evenson, quelque chose de Pierre Clastres, volontiers utopiste politique, est restée.
Nicolas Béniès
« Immobilité », Brian Evenson, traduit par Jonathan Baillehache, Rivages

Le coin du polar

De l’Amérique de Trump à celle de 1950, en passant par Parme.

L’Amérique de Trump
Curieuse histoire que raconte Frédéric Andrei dans « La reine des putes », un titre qui attire l’attention mais aussi la détourne. Une histoire de San Francisco, de ces anciens hippies qui atteignent la cinquantaine et ne veulent pas abandonner les rêves de leur adolescence tout en tombant, une fois encore, dans l’amour. Une autre trajectoire rencontrera la précédente de laissés pour compte de cette société inégalitaire. Le tout synthétisé par deux figures de femme. La révolte est drainée par ces sociétés pétrolières qui exploitent le gaz de schiste responsables de dégâts durables sur l’environnement. Lecture essentielle qui guérit de toutes les publicités sur la nécessité d’explorer cette ressource. Le ,prix à payer est énorme non seulement sur les terres arables mais aussi sur la population. Continuer la lecture

Le futur d’Israël ?

Le risque géopolitique de l’éclatement du Moyen Orient.

Alexandra Schwartzbrod s’est lancée dans un cycle consacré à Israël dans un avenir indéterminé. « Les lumières de Tel-Aviv »en est la dernière manifestation. Le mur, ouvrage de division voulu par « Bibi », veut séparer les Palestiniens des Israéliens, pour isoler, découper les villages palestiniens et empêcher la naissance d’un territoire qui pourrait servir de bas à la définition d’un État séparé de celui d’Israël. Elle met en évidence la réalité. La négation des droits des Palestiniens, les sous citoyens que sont les Arabes israéliens et le domination de plus en plus, visible de la corruption et de la religion via les petits partis qui pèsent dans les coalitions parlementaires. Le poids croissant de la mafia russe est une autre composante de l’Israël d’aujourd’hui. Continuer la lecture

Le coin du Polar

Polar historique : entrer dans la « guerre des Deux Roses »
Paul Doherty, médiéviste dans le civil et auteur de plusieurs séries, nous entraîne avec ce nouveau « grand détective », Christopher Urswicke un peu aussi agent double, dans l’Angleterre de la Guerre des deux Roses, en mai 1471 pour le début de cette saga. Le personnage central est « La reine de l’ombre », titre de cette première enquête, soit Margaret Beaufort, mère du futur roi. L’ombre pour définir le pouvoir de cette femme qui met tout en œuvre pour sauver son fils et le faire accéder au trône. En 1471, les York triomphent dans le sang. Ils cherchent à supprimer tous les prétendants possibles qui pourraient mettre en cause leur légitimité et leur descendance. Continuer la lecture

Le coin du polar

Spécial James Lee Burke.

Dave Robicheaux, flic de Louisiane, est le personnage clé de l’œuvre de James Lee Burke, son double plus sans doute que ses autres personnages. Robicheaux c’est la Nouvelle-Orléans, sa corruption, ses ouragans – Katrina a laissé des traces durables – aussi sa musique bien sur, le jazz, le blues particulier de la Ville et sa générosité dans la violence et la sauvagerie. Burke a construit un personnage représentatif de la Ville, Clete Purcell. Trop pur, trop violent, alcoolique, remplit du sentiment naïf, évident de la fraternité. Un personnage entier qui ne fait la part de rien, loin de tout compromis. On aimerait le rencontrer. Il est possible de réaliser ce rêve entre les pages de ces romans de James Lee Burke. Continuer la lecture

Le coin du polar. Aller retour futur/passé

Dans un avenir indéterminé.
La trilogie de Ezekiel Boone des araignées venues du fond des temps mangeuses d’êtres humains se termine avec « Destruction », après « Éclosion » et « Infestation ». Les gouvernements entourés d’experts – des militaires ! – n’ont d’autre réponse que l’utilisation des armes nucléaires dites tactiques pour réduire à néant le danger et les êtres humains. Belle leçon. Les discussions au sein du groupe restreint qui, autour de la Présidente américaine, discute du sort du monde donne l’impression de donner la parole à un Trump transformé en général pour anéantir le monde.
Destruction, Ezekiel Boone, traduit par Jérôme Orsoni, Exofictions/Actes Sud

Londres 1885
Faut-il être poète pour se livrer à cet art merveilleux qui est celui du conte via les thèmes du polar ? Steven Price donne dans « L’homme aux deux ombres » une réponse positive. Il nous enchaîne à ces deux personnages à la recherche de « Shade », une ombre. L’un est le films de Pinkerton, l’agence de détective qui a fait fonction de police fédérale dans les débuts de la constitution de l’État fédéral américain, l’autre un arnaqueur révolté par la misère qui touche autant les grandes villes américaines que Londres. Deux américains débarqués dans Londres rendue fantomatique par un smog persistant. Des personnages étranges se rencontrent, les petites filles sont centres de sagesse et la description de Londres fait penser à la fois à Dickens, London et Orwell. Du grand art.
« L’homme aux deux ombres », Steven Price, traduit par Pierre Ménard, Folio/Policier

New York 1977, avec Miles Davis.
Michaël Mention, dans « Manhattan Chaos », s’est inspiré à la fois de l’autobiographie de Miles Davis – le « je » de ce roman – et de la machine à explorer le temps de H.G. Wells. Il fait vivre à un Miles au bout du rouleau qui ne se voit aucun avenir des aventures qui nous font visiter Manhattan à différentes époques du 20e siècle profitant de la panne d’électricité qui touche la Ville le 13 juillet 1977. La mémoire de ces temps anciens est nécessaire et l’auteur sait situer les moments où le racisme se fait assassin n’hésitant pas à évoquer Trump, le père du président actuel. Faire une fin n’était pas facile…
« Manhattan chaos », Michaël Mention, 10/18.

Partir au front.
Hugues Pagan est un ancien prof de philo devenu policier pour finir auteur de polar. Curieux parcours qui interroge et épaissi le mystère autour de cet auteur. Il n’hésite pas à frôler le fantastique ou faire référence à des théories ou même au jazz – à Satchmo en particulier – pour décrire le monde absurde qui nous entoure. « Mauvaises nouvelles du front » annonce-t-il sans retenue pour ce recueil qui mêle des époques diverses de son écriture et des destinations de ces nouvelles. Il faut s’enfoncer dans Pagan pour prendre de la distance et voir la société comme elle est.
 « Mauvaises nouvelles du front », Hugues Pagan, Rivages/Noir.
Nicolas Béniès

Le coin du polar

Chic, c’est la rentrée !
et On commence par les parutions de l’été...

« Le siècle de Louis XIV » à ses débuts.
Jean D’Aillon, dans « Le dernier secret de Richelieu », se propose de faire la lumière sur l’énigme du masque de fer, personnage enfermé à la prison de Pignerol où le surintendant des finances Fouquet purge sa peine de prisonnier à vie. Une enquête menée par l’ex notaire Louis Fronsac en compagnie de son fils amoureux d’une mystérieuse jeune femme nommée La Forêt. Le paysage social de cette année 1669, avec ses conflits internes à la noblesse en passe de venir uniquement courtisane, les affrontements liés à l’émergence de la bourgeoisie et la misère du peuple trop souvent condamné aux galères, tient lieu de trame essentielle comme la description de Marseille avec ses marins révoltés, refusant la loi monarchique.
L’intrigue permet de fil conducteur à un livre d’Histoire qui, en même temps, propose une synthèse des enquêtes précédentes de Louis Fronsac.
Le masque de fer reprend une figure humaine via une lettre que Richelieu adressât à sa nièce, Claire-Clémence, épouse du prince de Condé pour la protéger de son mari. D’Artagnan, véritable source de renseignements du régime, parle par sous-entendus que le lecteur décrypte à la fin. Un clin d’œil astucieux.
Nicolas Béniès
« Le dernier secret de Richelieu », Jean D’Aillon, 0/18, Grands détectives.

Quelque chose de pourri au royaume de Suède
Rebecka Aldén, pour son premier roman « Le dernier péché », dresse le portrait d’une femme qui a réussi en donnant des conseils de vie après un terrible accident qui a failli lui coûter la vie. Nora – c’est le nom de cette femme – confie à son mari, Franck, sa carrière, son agenda et beaucoup du reste. L’irruption d’une femme connue de son mari pervertit son équilibre trouvé à force de renoncements et d’aveuglements. Les rebondissements sont liés à cette femme vaincue dépendante de son mari. Pour conserver sa place – les réseaux sociaux jouent un grand rôle pour l’image de celle qui se veut une « battante » -, elle est prête à tout. La fin dit clairement qu’elle peut dépasser toutes les bornes de l’humanité.
Le destin de Nora interroge sur notre temps : jusqu’où l’être humain est-il prêt à aller pour conserver son aisance ?
Nicolas Béniès
« Le dernier pêché », Rebecka Aldén, traduit par Lucas Messmer, 10/18

La face cachée de Los Angeles
La cité des anges, on le sait, abrite les studios de Hollywood – situé au bout de Hollywood Boulevard -, usine à rêves, comme Beverly Hills où logent toutes les stars de ce business. Los Angeles en se réduit à ces images d’Epinal. Cette ville tentaculaire possède non seulement des quartiers pauvres mais le quartier qui remporte l’oscar du nombre de SDF – « Homeless » dans ce pays -, Skid Row. C’est là qu’officie le docteur Knox. L’auteur, Peter Spiegelman, n’a pas résisté à l’envie de donner au docteur des pauvres le nom de l’endroit où est entreposé la réserve d’or des Etats-Unis pour accentuer le décalage. Le dispensaire du bon docteur est criblé de dettes comme il se doit.
Lorsqu’il se décide, sous le poids de sa bonne conscience, à s’attaquer à un magnat de la finance et à un caïd de la pègre qui fait office de souteneur, on se dit qu’il ne fera pas de vieux os. Mais il a des anges gardiens. Il faut y croire pour aller jusqu’au bout de cette histoire qui tient autant de la description d’un empire financier tentaculaire que de la libération des femmes refusant de se laisser violer, violenter sans réagir. A tous les niveaux de la société. Un curieux dénouement difficile à croire mais pas impossible en ces temps étranges de « touche pas à mon porc ».
Nicolas Béniès
« DR. Knox », Peter Spiegelman, traduit par Fabienne Duvigneau, Éditions Rivages.

La police tribale navajo est de retour.
Anne Hillerman est la fille de Tony – qui a créé les personnages de la police tribale navajo dont le lieutenant Leaphorn – et a repris la saga via les personnages de Bernadette Manuelito et Jim Chee, mariés pour l’occasion. « Le rocher avec des ailes » – dans ces territoires toutes les images sont possibles – a comme point de départ une arnaque inconnue et un cadavre découvert dans une colline entourée d’un cercle magique. Une enquête à deux têtes qui, comme Gorgone, appartiendront à un même corps. Description des milieux du cinéma – un film est tourné dans ces paysages découpés et désertiques – et d’arnaques diverses qui se rejoignent pour mettre en cause le producteur.
Anne n’a pas le souffle de son père qui savait se servir des mythes, des magies reprises par les sorciers des groupes composants la nation des Navajos. Peut-être aussi que les temps ont changé. Que la magie d’aujourd’hui est celle du cinéma, une magie dégénérée, qui a fait fuir les génies qui hantent ces contrées. L’enquête se laisse lire et n’aurait pas besoin de faire appel à ces personnages du passé.
Nicolas Béniès
« Le rocher avec des ailes », Anne Hillerman, traduit par Pierre Bondil

Le silence est-il vraiment d’or ?
S’appeler « Miss Silence » est déjà tout un programme surtout lorsqu’il est question d’un procès pour homicide d’une vieille dame, une lointaine cousine de sa grand-mère assassinée dans son lit. Carey Silence a tout perdu dans les bombardements de Londres et n’aura comme seul refuge la maison de Honoria Maquisten, le nom de la cousine. « Le Procès de Miss Silence » est une description de ces familles qui s’abritent chez une dame tyrannique et riche pour éviter le froid mortel d’un emploi. Souvent ces personnages ne savent rien faire sinon le métier des armes pour certains d’entre eux. Les femmes sont des proies faciles pour les intrigants. Le retournement final est plutôt inattendu et un peu cousu de fil blanc. On comprend que la jeune fille ne peut-être que condamnée. Toutes les apparences sont contre elle.
Patricia Wentworth réussit, comme souvent, à raconter une Angleterre ignorée, minée par des histoires de famille et par la volonté de certains de se pousser du col dans cette société qui donne l’impression d’être sclérosée.
Nicolas Béniès
« Le procès de Miss Silence », Patricia Wentworth, traduit par Pascale Haas, 10/18.

Les romans de la rentrée.

L’Arlésienne.

Jérémy Fel a préféré titrer son roman « Helena », personnage de mère qui n’apparaît qu’à la fin, comme contrepoint et facteur clé d’explication d’une partie de l’intrigue. Il est nécessaire de recoller les morceaux pour comprendre, enfin, les actes d’une demoiselle en perdition qui le restera dans l’impossibilité de se sortir du piège. Le piège de son enfance, de sa mémoire, de sa mère.
Histoire aussi d’une famille monoparentale, une autre La mère tient une place exorbitante pour ses trois enfants de maris différents. Seul l’aîné est le fruit de l’amour qui lui permettra, apparemment, de s’en sortir. La petite fille est choyée par sa mère et porte toutes les espérances déçues d’une mère qui s’est réfugiée dans une maison perdue au milieu des champs. Un huit-clos nécessaire pour rendre crédible les événements survenus mais qui étouffe le lecteur. Le cadet est perturbé par des violences qu’il a subies et dont son inconscient refuse de se souvenir.
De lui viendront tous les drames sans qu’il en soit réellement responsable. Coupable mais pas responsable ! La rencontre de toutes ces solitudes, de ces êtres sans amour ou d’amour trompé est la trame de ce roman. Il faut croire au choc, improbable, entre cette jeune fille de 17 ans, golfeuse, et la famille monoparentale de trois enfants.
Les réactions psychologiques sont bien décrites, avec lucidité et sans complaisance ni pathos mais le thriller a trop tendance à naviguer en circuit fermé sans références ni sociales ni sociétales. Il ne respire pas manquant d’oxygène. Le « dehors » devrait investir ces familles bien trop renfermées sur elles-mêmes.
Nicolas Béniès
« Helena », Jeremy Fel, Rivages

Le coin du polar. Spécial James Lee Burke

En route pour le Texas entre présent et passé.

James Lee Burke fait partie des grands romanciers américains, de ceux du « South Side ». La référence la plus souvent citée est celle de Faulkner à qui ses personnages faisaient peur. Burke a choisi pour exprimer sa rage, sa colère, ses indignations, le polar. Deux personnages récurrents, doubles de lui-même, hantent ses histoires. Dave Robicheaux pour la Louisiane, Nouvelle-Orléans et Bâton Rouge et Hackberry Holland, un Texas Ranger pour décrire cet État. James Lee Burke est un écrivain violent qui manie toutes les références à la fois des Etats-Unis, du Texas allant des mythes – celui de « La frontière » notamment – jusqu’au Gospel et les Blues en passant par le racisme et le Ku-Klux-Klan qui alimente les hain es. Sous sa plume la société américaine implose. Il permet, dans ce mouvement qui englobe toute cette société, d’appréhender les ruptures et même de comprendre l’avènement de Trump. un auteur de polar comme il faut les aimer. A plus de 80 ans il reste présent dans la littérature américaine et mondiale. Continuer la lecture

Le coin du polar

Amour et haine rancis.

Est-il possible de vivre confiné dans un seul endroit, une seule maison ? Les sorties hors du domicile familial sont des fêtes rares et racontées plus d’une fois. C’est le pont de départ de ce roman noir de Sarah Schmidt, Australienne, bibliothécaire qui a été saisi par ce drame : le 4 août 1892 à Fall River (Massachusetts), Lizzie Borden découvre son père et sa belle-mère massacrés à coups de hache. Cet assassinat passionne les Etats-Unis depuis plus d’un siècle. « Les sœurs de Fall River » ne se veut ni enquête journalistique, ni enquête policière mais plongée dans l’intimité d’une famille pour expliquer les comportements, l’amour et la haine souvent mêlées. Un assassinat en vase clos. Une intrigue qui doit remonter à Edgar Allan Poe sans l’humour ni l’ironie qui sied au poète créateur du roman policier. Dans le même temps, elle fait la critique d’une société misogyne qui ne peut pas croire qu’une femme soit responsable de meurtres aussi horribles.
Comme c’est un peu la mode ces derniers temps, Sara Schmidt fait parler tous les protagonistes. Emma, la sœur aînée qui a quitté le nid, Lizzie – Élizabeth – qui est restée, Bridget la domestique et Benjamin un témoin extérieur pour rendre compte de l’étouffement résultant de cette maison sans vie.
« Les sœurs de Fall River », un best-seller en Australie et en Grande-Bretagne, sera adapté au cinéma et la télévision. Il souffre pourtant d’un manque d’oxygène. A force de rester entre soi, la lecture devient presque irrespirable. Le défaut de la qualité de cette histoire.
Nicolas Béniès
« Les sœurs de Fall River », Sarah Schmidt, traduit par Mathilde Bach, Rivages.

Mi gran passion
Ariana Franklin, l’auteure de cette série qui met en scène la médecin de Palerme, Adelia, désormais au service du roi anglais Henri II Plantagenet, nous a quittés en 2011 mais son héroïne vit toujours et continue ses aventures. Dans « La prière de l’assassin », Adelia, en 1178, est chargée d’accompagner Jeanne, la sœur cadette du roi – elle a 10 ans -, pour son mariage avec le roi de Sicile, un Normand. Elle se trouve en butte avec l’amant du « Loup », un personnage qui apparaît et disparaît tué par Excalibur, l’épée, dit la légende, du roi Arthur maniée par Adelia. Avec le fidèle Mansur, elle subit les conséquences de tous les préjugés du temps. Elle risque la mort et le bûcher.
Dans ce voyage, la géographie a du bon, elle passe le sud-ouest de la France actuelle marquée par la montée de l’hérésie – aux yeux de l’Église – cathare. Déjà, pointe le retour d’une Inquisition qui veut préserver le pouvoir de la seule Église de Rome. Les massacres qui suivront – beaucoup plus tard – pourront être qualifiés de génocide.
Il est difficile de résister à Adelia. Son charme s’envole de ses pages. Comme O’Donnell, l’amiral, on tomberait facilement amoureux de cette femme médecin. Une sorte d’alchimie bizarre. On se prend à rêver, contre toute attente, une suite sans fin.
Nicolas Béniès.
« La prière de l’assassin », Ariana Franklin, traduit par Jean-François Merle, 10/18, Grands détectives.