L’Arlésienne.
Jérémy Fel a préféré titrer son roman « Helena », personnage de mère qui n’apparaît qu’à la fin, comme contrepoint et facteur clé d’explication d’une partie de l’intrigue. Il est nécessaire de recoller les morceaux pour comprendre, enfin, les actes d’une demoiselle en perdition qui le restera dans l’impossibilité de se sortir du piège. Le piège de son enfance, de sa mémoire, de sa mère.
Histoire aussi d’une famille monoparentale, une autre La mère tient une place exorbitante pour ses trois enfants de maris différents. Seul l’aîné est le fruit de l’amour qui lui permettra, apparemment, de s’en sortir. La petite fille est choyée par sa mère et porte toutes les espérances déçues d’une mère qui s’est réfugiée dans une maison perdue au milieu des champs. Un huit-clos nécessaire pour rendre crédible les événements survenus mais qui étouffe le lecteur. Le cadet est perturbé par des violences qu’il a subies et dont son inconscient refuse de se souvenir.
De lui viendront tous les drames sans qu’il en soit réellement responsable. Coupable mais pas responsable ! La rencontre de toutes ces solitudes, de ces êtres sans amour ou d’amour trompé est la trame de ce roman. Il faut croire au choc, improbable, entre cette jeune fille de 17 ans, golfeuse, et la famille monoparentale de trois enfants.
Les réactions psychologiques sont bien décrites, avec lucidité et sans complaisance ni pathos mais le thriller a trop tendance à naviguer en circuit fermé sans références ni sociales ni sociétales. Il ne respire pas manquant d’oxygène. Le « dehors » devrait investir ces familles bien trop renfermées sur elles-mêmes.
Nicolas Béniès
« Helena », Jeremy Fel, Rivages