JAZZ, Rattrapage (suite)

Faites du bruit, mais en rythme.

Nicolas Folmer, trompettiste et compositeur a constitué « The Horny Tonky Expérience », les excités du bastringue pour une traduction approximative, pour une sorte de retour aux sources de sa proche jeunesse, le jazz-rock, celui de Miles Davis souvent et un peu « Weather Report », une musique qui sait ce que tapage organisé veut dire. Une musique de la danse – il faut remarquer que ce retour vers le corps est une constante chez les compositeurs d’aujourd’hui, un bonne chose – avec ce qu’il faut de two beat et de balancement joyeux.
Dans le même temps, le retour aux choses simples, à la terre, au vent, au safari pacifique, à Pangea – le titre d’un album de Miles Davis dans sa période électrique, aussi le nom d’un continent -, au vent, au soleil et au reste. Continuer la lecture

JAZZ de la fin d’année 2016

Rattrapages, pour terminer l’année 2016 en beauté !

Frédéric Viale est accordéoniste. Je vous entends, le chœur antique « Encore », oui encore. C’est vrai que cet instrument un temps délaissé fait un retour en force. C’était nécessaire. Maintenant, il faudrait simplement l’ajouter au paysage du jazz contemporain.
Viale, pour en revenir à lui, s’est adjoint Nelson Veras, guitariste et guitariste combatif décidé à faire tourner le monde qui ne sait plus se balancer au rythme d’une musique qui prend un peu dans toutes les traditions pour refaire danser. Natallino Neto à la basse et Zaza Desiderio à la batterie apportent ce qu’il faut d’énergie pour faire de cette fête une aventure même si l’accordéon se fait trop sage. « Les racines du ciel » est le titre de cet album pour dire qu’il ne se contente pas de ce qu’il connaît mais recherche une mémoire spécifique pour construire ces compositions.
On trouvera ici ou là des références saillantes du côté de Gus Viseur notamment ou des musiques latinos mais le tout est assez réussi. Continuer la lecture

JAZZ, Rencontres au présent

Des histoires, la légende du jazz et un pianiste.

Jobic Le Masson est pianiste. Et alors ? vous entends-je. Alors il est aussi compositeur. Bon ! Une histoire à lui seul. Une histoire qui a quelque chose à voir avec les 7 Lézards. Il n’est pas question de flemmarder mais de se souvenir de ces clubs de jazz dans lesquels il était possible d’expérimenter, de créer sans craindre une quelconque sanction d’un public tout acquis à la cause de la découverte. Le pianiste en a pleinement profité pour se créer un style. Entre toutes les mémoires du jazz, toutes les histoires qui se rejoignent dans ses compositions et improvisations. Un vrai champ jazzistique – pour utiliser la formule de Alexandre Pierrepont.
Pour cet album, « Song » – il mérite bien son nom, sur la plupart des compositions il serait loisible de mettre des paroles – son trio permet de retrouver John Betsch, longtemps compagnon de route de Steve Lacy, additionné d’un contrebassiste, Peter Giron – actuellement enseignant à Paris – pour une musique qui vacille entre toutes les références, Mal Waldron, l’Art Ensemble of Chicago sans parler de Monk ou de Cecil Taylor sans parler bien sur de Steve Lacy lui-même par l’adjonction d’un Steve Potts au plus haut de sa forme qui nous fait regretter de ne pas l’entendre davantage. Continuer la lecture

JAZZ ou Jass ?

Un nom ou un acronyme ? Une musique ou des morceaux à ramasser ?

Un groupe qui s’appelle « JASS » est, forcément, nourri d’Histoire et d’histoires du jazz. L’année qui vient – 2017 – fêtera le 100e anniversaire du premier disque de jazz, plus exactement de « Jass ». En mars 1917 paraissait sous l’étiquette RCA-Victor le premier 78 tours de l’ODJB, pour Original Dixieland Jass Band. Les deux « s » remplaçait les deux « z » pour ne pas choquer le bien pensant. Comme le disait Eubie Blake, compositeur au début du 20e siècle, « je ne prononce jamais le mot « Jazz » devant une dame ». Continuer la lecture

JAZZ, Messes basses

Le 36e dessous

Le saxophone baryton est un instrument qui reste méconnu. Pourtant de grands noms s’y attachent. Dans l’ordre d’apparition à l’écran de la vie : Harry Carney le fondateur, Pepper Adams, dit « The Knife », Serge Chaloff capable de tirer de cet instrument apparemment lourd des sons d’une mélancolie telle que les poils se hérissent et beaucoup d’autres. Et Gerry Mulligan ? A part, totalement à part. Entre ses lèvres le baryton se conjugue au féminin. Douceur voilée, violence cachée il ne se livre pas. Mulligan joue Mulligan. Le baryton s’était transformé. Mulligan donne une fausse image de l’instrument. Continuer la lecture

Temps de lire – les vacances sont un moment propice…

Exil et guerre

Deux livres sous forme de témoignages poignants d’époques que l’on croit révolues. Ils révèlent que des attitudes, des préjugés, représentations héritées du passé ont la vie dure. L’antisémitisme en fait partie comme le racisme. La haine de classes est une des composantes majeures d’un monde qui a moins changé que ne le pensent les tenants de la soi-disant révolution numérique. Révolution qui permet d’habiter le vide de toute pensée critique et vise à faire accepter le « travailler plus » comme le chômage et la désindustrialisation.

Le premier de ces témoignages est celui signé par Moriz Scheyer, « Si je survis ». Une lecture à deux niveaux. Il raconte sa vie d’exilé à partir de l’Anschluss. Il vivait à Vienne, chroniqueur des grands journaux, ami avec tout ce que la Vienne d’alors comptait de grands artistes et ce toutes disciplines confondues. Cette Vienne là a été oubliée même si elle se trouve un peu redécouverte par l’intermédiaire du « retour » de Stéphane Zweig. On a oublié Joseph Roth par exemple et… Moriz Scheyer ! Il va mourir en 1949 après avoir essayé de faire paraître ce livre. Il n’y arrivera et ce n’est guère étonnant. Les Français ne voulaient entendre ces histoires. Histoires d’exils, de mépris, de camps de concentration, de libération et de rencontres d’êtres humains tout simplement. De belles figures que ces nonnes, que ces Rispal, le couple Hélène et Gabriel, Jacques, leur fils qui fera de la prison après pour avoir aidé la révolution algérienne et passera à côté d’une carrière d’acteur. Des interventions nécessaires pour croire encore à l’humanité, à la fraternité. Continuer la lecture

JAZZ, Même les Hongrois…

A la découverte d’un nouveau label : BMC

BMC ? Budapest Music Center pour dire que le jazz existe aussi en Hongrie. Des concerts y sont organisés.
Deux albums retiennent l’attention.
Le premier signé Yves Robert et son trio – Bruno Chevillon à la contrebasse et Cyril Atef à la batterie – sobrement intitulé « Inspired » peut-être pour dire que ce jour là c’était un jour faste. A l’écoute on pourrait le penser. Le trombone sait se fondre dans le trio, comme les deux autres. Il faut dire qu’ils avaient l’habitude de jouer ensemble. Ils se permettent d’inventer ou de fabriquer l’instant sans s’abandonner tout en faisant appel à tous les rythmes pour se frayer un chemin, à tous les sons, à toute la technique en se servant de toutes les musiques, arabo-andalouse en particulier sans craindre les emprunts du côté du hip-hop ou du rap pour aller vers la transe, vers l’extase. « Inspiré » par tout ce qui participe de la création musicale. Continuer la lecture

Université populaire jazz, 21 décembre 2016

Bonjour,

Une date exceptionnelle due à une erreur de ma part. J’ai cru que les dates des vacances étaient plus tardives… Il faut dire que les dates des sessions ont été fixées en juin.
Peu importe. Je vous convie à un voyage de nouveau dans cette west coast par le biais non plus des images de cette côte ouest, pas plus des polars mais un label créé, en 1952, par Dick (Richard) Bock (1927-1988) et Roy Harte (batteur, 1924-2003, qui a aussi créé Nocturne avec le bassiste Harry Babasin, 1921-1988), PACIFIC JAZZ tel est son nom. Terrific serait quelque fois plus juste (voir l’article sur ce site sur ce label). Roy prêtera les 250 dollars nécessaires pour réaliser la première séance, le premier 78 tours, et un local. L’enregistrement se fera dans l’appartement de l’ingénieur du son Phil Turetsky. Comme pour Blue Note. Les analogies sont multiples dans les histoires respectives de ces labels indépendants.
Gerry Mulligan rencontrera Dick Bock lorsque celui-ci sera chargé de la promotion d’un club, le Haig. Jeru animera tous les lundis soirs. Il y rencontrera Chet Baker et lancera les prolégomènes du pianoless quartet. Il réussira à convaincre Dick Bock de créer Pacific Jazz. Le premier 78 tours – Bernie’s tune sur une face, Lullabye of the leaves sur l’autre) aura un grand succès. Pacific Jazz était lancé. Continuer la lecture

JAZZ, Portal et Vitous

Légendes européennes du jazz. (Suite et pas fin)

La revue « Jazzthing » traque les jazzmen – peu de femmes en vérité – qui peuvent garnie son tableau de légendes européennes du jazz. Deux nouveaux albums, respectivement 7e et 8e d’une collection qui devrait désormais en compter 16 (voir mes recensions précédentes de cette collection) viennent s’y accrocher, réalisés comme à l’habitude en direct du théâtre Gütersloh. Michel Portal d’abord qui, en mars 2016 pour cet enregistrement, venant juste de passer le cap des 80 ans. Est-ce à cause de son âge qu’il a besoin d’un « Radar » – c’est le titre de cet album – pour plonger dans les ténèbres de son passé ? Continuer la lecture

Petit précis d’économie critique

Un Macron économiste ?

Un ancien banquier devenu ministre de l’économie est-il pour autant un économiste ? Pas sur. Politiquement Emmanuel Macron, comme d’autres, surfe sur la mort de la gauche que l’on appellera « organisée » en partis pour s’approprier un mouvement. Le titre de sa future force politique est tout un programme : « En marche ». Les leçons italiennes ont été retenues. La gauche de gouvernement – pour reprendre en vocable que Hollande aime bien – ne pouvait que faillir à partir du moment où elle acceptait les fourches caudines du libéralisme. Elle donnait l’impression de trahir les aspirations de ses électeurs et électrices et, surtout, elle remettait en cause la légitimité de son existence, de sa nature. Les gouvernements Hollande ont multiplié les coups de couteau dans la définition même de la gauche, sur tous les terrains y compris celui de la morale avec la déchéance de nationalité. La crise politique est profonde et Macron peut naître et prospérer sur le désert des propositions. Continuer la lecture