Musiques

Classique : Découverte
« Basevi Codex » titre de l’album, représente le répertoire musical du 16e siècle – la Renaissance – chanté à la cour de Margaret d’Autriche. Les compositeurs comme Pierre de la Rue ou Alexander Agricola sont mis à l’honneur par Dorothée Mields et le Boreas Quartett Bremen. Une manière de relire l’histoire musicale. Une première. Ces chansons n’avaient jamais été enregistrées par une soprano et un quartet. Certaines avaient été portées notre connaissance par Jan Garbarek, saxophoniste, en compagnie du Hilliard Ensemble dans un album ECM, « Officium ». Pierre de la Rue y était mis à l’honneur.
N.B.
« Basevi Codex », D. Mields, Boreas Quartett, Audite Musikproduktion

Jazz : Une chanson
Un duo, Samuel Blaser, trombone et Marc Ducret, guitare, pour errer dans le jazz, le blues, les cultures et forger ainsi de nouveaux sons, comme une chanson dont les paroles sont, à chaque écoute, renouvelées. « Voyageurs », définition qui convient bien aux deux protagonistes, titre de cet album. Ils invitent à les suivre dans des pérégrinations étranges sinon bizarres pour un parcours dans les mondes du jazz et d’autres. Voyager ! Un impératif qui s’impose en ces temps troubles où les boussoles s’affolent et elles ne sont pas les seules. Des musiques remplies d’éclats lumineux. Les bruits de la nature permettent aussi de créer des sonorités ouvrant vers d’autres rencontres. Le dernier thème fait, sans doute, référence à la pandémie, « La vie sans toi ».
N.B.
« Voyageurs », Samuel Blaser/Marc Ducret, Jazzdor Séries/L’autre distribution

Rock : Le « Gothic Rock » art de la résistance ?
C’est la thèse défendue par Victor Provis dans cette « anthologie en 100 albums, 1980-2000 » qui se veut loin des clichés pour faire connaître ces musicien.ne.s souvent britannique et souvent loin des projecteurs des grandes compagnies. Les dates sont celles des débuts de la contre révolution libérale mise en place par Thatcher, de privatisation, de victoire de la marchandisation. La révolte, nécessaire, marque l’émergence de ce type de rock malgré ses formes décadentes à l’image d’une société sans avenir.
« Gothic Rock », Victor Provis, Le Mot et le Reste.

Jazz : partage générationnel suisse

Quand trois Suisses se rencontrent…

Ils se racontent des histoires de fondation, de création et de libération. Humair/Blaser/Kanzig, un trio remarquable, Daniel, batteur inestimable, peintre à toutes les heures, a participé à toutes les grandes aventures récentes du jazz, Samuel, tromboniste, sait se servir de toute l’histoire du jazz pour la faire sienne et Henri, contrebassiste, très demandé sur la scène internationale, maître du temps, capable de répondre à toutes les sollicitations. A eux trois, toutes les générations s’entremêlent. « 1291 », titre de cet album fait référence à la constitution de la Suisse, une sorte d’acte de naissance évidemment très contesté. Ils ont choisi la légende pour construire un répertoire qui laisse rêveurs dans leur capacité à construire une musique-fiction – comme on dirait « science-fiction ». Ils mêlent allégrement, avec un sens de l’ironie bien français pour le coup, des thèmes des premiers disques de jazz comme « Original Dixieland One Step » tiré du premier 78 tours de jazz signé par l’Original Dixieland Jass Band » – en 1917, les producteurs n’ont osé « jazz » -, des compositions traditionnelles et, enfin, des canevas de chacun des membres du trio comme des improvisations signées par le trio. La musique se veut concrète. A l’image du premier disque de jazz, « Livery Stable Blues », ils évoquent les prés suisses, les animaux des fermes, la nature, l’ouverture vers l’ailleurs.
Un album libéré qui fait sourire tout en ouvrant grandes les vannes des influences, des réminiscences et, last but not least, de prendre plaisir à cette musique actuelle comme sait l’être le jazz, rencontres de mémoires. Le passé comme ouverture vers l’avenir, l’espoir.
Nicolas Béniès
« 1291 », Humair/Blaser/Kanzig, Out Note/Out There

Samuel Blaser et le blues

Trombone qui rit, qui pleure, qui vit !

« Early In The Morning » – titre de l’album du tromboniste Samuel Blaser – est un tic de langage du blues. Tôt le matin, mal réveillé, la gueule de bois après avoir partagé sa couche avec « Mr Blues », les bleus à l’âme se traduisent par du noir et la perte de tout espoir. Tellement dans le 36e dessous qu’il ne reste plus qu’à en rire pour commencer une nouvelle journée qui s’annonce semblable à la précédente. Pourtant, la vie est là « simple et tranquille », la vie qui envahit l’espace pour indiquer un nouveau chemin, celui d’un autre monde.
Le blues ne se résume dans les 12 mesures qui semble s’être imposées depuis Robert Johnson, unificateur des blues en 1936/1937. Le blues, c’est plutôt un état d’esprit, une manière de raconter le monde, de narrer son environnement en langage codé. En ce sens, le blues est immortel. La moitié environ des standards est basée sur le blues, sur son architecture.
Samuel Blaser renoue avec les racines, les mémoires du jazz qui passent par le combat permanent pour la dignité, contre le racisme, pour la fraternité et la sororité. Continuer la lecture

JAZZ ou Jass ?

Un nom ou un acronyme ? Une musique ou des morceaux à ramasser ?

Un groupe qui s’appelle « JASS » est, forcément, nourri d’Histoire et d’histoires du jazz. L’année qui vient – 2017 – fêtera le 100e anniversaire du premier disque de jazz, plus exactement de « Jass ». En mars 1917 paraissait sous l’étiquette RCA-Victor le premier 78 tours de l’ODJB, pour Original Dixieland Jass Band. Les deux « s » remplaçait les deux « z » pour ne pas choquer le bien pensant. Comme le disait Eubie Blake, compositeur au début du 20e siècle, « je ne prononce jamais le mot « Jazz » devant une dame ». Continuer la lecture