A propos Nicolas Beniès

Nicolas Beniès est économiste de formation. Il est tombé dans la grande marmite du jazz dans son adolescence, une énorme potion magique qui rend la vie différente. Il est devenu naturellement critique de jazz. Il a collaboré un peu à Jazz Hot, à Jazz Magazine. Il a également écrit dans Rouge, Contretemps), la Revue de l’École Émancipée, Le Monde Diplomatique et l’US Magazine. Il a longtemps - 20 ans - proposée, préparée et animée des émissions de jazz sur une radio associative. Il reprendra bientôt cette activité. Conférencier sur le jazz et l'économie, il est l'auteur du Souffle bleu - C&F éditions -, un essai sur le basculement du jazz en 1959 qui a donné son titre au blog/site, et de plusieurs ouvrages sur l'économie dont "Petit manuel de la crise financière et des autres" (Syllepse éditions). Il prépare deux nouveaux ouvrages. Un sur le jazz, "Tout autour du jazz", l'autre sur l'économie "Le basculement d'un monde".

L’histoire de la musique ? Un work in progress

Un prédécesseur de Haydn ignoré

Gregor Joseph Werner (1963-1766) fakiyt l’objet des attentions du label Audite et du chef d’orchestre Lajos Rovatkay responsable du livret nécessaire pour appréhender le compositeur (en allemand et en anglais). Assisté d’un groupe vocal où brille la soprano Magdalene Harer, du Voktett Hannover et de La Festa Musicale, un groupe Baroque, il fait entendre ce maître de l’art du contrepoint. Deuxième album consacré à Werner, la pièce maîtresse, le « Requiem » fait montre de sa spiritualité. D’autres œuvres agrémentent le CD dont unbe « Sonatina » en sol majeur qui restera dans vos oreilles.
NB
« Gregor Joseph Werner, Requiem », Audite MusikProduktion

André Minvielle, une voix nécessaire

Le jazz en voix et en rire

André Minvielle, vocaliste hors toutes catégories, sait, comme un vrai surréaliste, jouer avec les mots en les étirant, en les transformant par un scat étrange dont la signification apparaît nettement. Il fait dire aux mots ce qu’ils voulaient cacher, leur côté rêveur mais aussi érotiques gorgés de plaisir, de rires et de danses. « Ti’Bal Tribal » est un titre qui signifie bien l’essentiel de sa musique. Avec Juliette, sa fille, voix et clavier, Fernand « Nino » Ferrer, assisté de quelques invités de marque – dont Lubat bien sur -, il nous délivre de toutes nos pesanteurs.
Nicolas Béniès
« Ti’Bal Tribal », André Minvielle, La C.A.D./L’Autre Distribution

Mémoire de 1999, du côté du blues

Le blues dans tous ses états…

Quelle place occupe le blues – il faudrait utiliser le pluriel – dans l’histoire de la communauté africaine-américaine ? Quelles fonctions a-t-il joué ? Robert Springer, poursuivant ses analyses sociologiques commencées avec Le blues authentique (1985, Filipacchi) se penche sur Les fonctions sociales du blues, aux éditions Parenthèses dans la collection Eupalinos. Il part des fonctions les plus évidentes, les plus visibles pour arriver aux fonctions essentielles et cachées. Pour conclure sur la fonction unificatrice de la communauté que le bluesman suscite simplement en racontant ses histoires qui donne l’impression d’être individuelles. Par l’intermédiaire des relations hommes/femmes, il diffuse l’image des relations Blancs/Noirs. Sans sous estimer le «machisme » des mondes du blues, une réalité par trop présente. Comme le disait Zora Neale Hurston dont l’autobiographie, Des pas dans la poussière (Éditions de l’Aube) vient de paraître en français, la femme noire est la «mule » de l’homme noir… Continuer la lecture

Pourquoi ne pas (se) faire de Cadeaux ?

Mystère et boules de Monk

Thelonious Monk, compositeur et pianiste, reste l’une des influences majeures du jazz et au-delà – Berio par exemple -, lui qui fut rejeté comme un paria dans la création du be-bop après la deuxième guerre mondiale. L’apparent hermétisme de ses compositions lui a permis de résister même après sa mort en 1982. Il fallait bien un Beau Livre pour lui rendre justice. Franck Médioni l’a fait réunissant textes et illustration pour faire découvrir Monk, au travers de dessins, peintures et témoignages qui soulignent sa place essentielle.
« MONK Mystère », Sous la direction de Franck Médioni, Éditions Seghers Continuer la lecture

Jazz. Unir le trio pour en faire une voix qui tourne les pages

Un trio où 3=1

Réunir un saxophoniste ténor, Frédéric Borey, un organiste, Damien Argentieri, et un batteur, Alain Tissot, pour construire une musique d’ensemble sans leader – même à tour de rôle – est à la fois une leçon de démocratie et de synthèse. L’orgue est, d’habitude, depuis au moins Jimmy Smith, un instrument orchestre, envahissant, empiétant sur tous les autres, là il se coule dans les voix des deux autres pour répondre aux sollicitations et aux questions posées. Le saxophone, instrument roi, accepte ces nouvelles contraintes en laissant planer les esprits de Lester Young, Stan Getz, Wayne Shorter, Larry Young… Continuer la lecture

Jazz, Uni, plus fort le trio

Un trio où 3=1

Réunir un saxophoniste ténor, Frédéric Borey, un organiste, Damien Argentieri, et un batteur, Alain Tissot, pour construire une musique d’ensemble sans leader – même à tour de rôle – est à la fois une leçon de démocratie et de synthèse. L’orgue est, d’habitude, depuis au moins Jimmy Smith, un instrument orchestre, envahissant, empiétant sur tous les autres, là il se coule dans les voix des deux autres pour répondre aux sollicitations et aux questions posées. Le saxophone, instrument roi, accepte ces nouvelles contraintes en laissant planer les esprits de Lester Young, Stan Getz, Wayne Shorter, Larry Young…
Les compositions se placent sur le terrain de la balade pour nous faire marcher en s’arrêtant souvent pour contempler un paysage. Elles, se font murmure pour, soudain, se faire plus agressive, plus revendicative. Le cri, la révolte, sous jacente peut jaillir de l’un ou de l’autre, canalisés par l’ensemble pour rester dans l’architecture générale. Il arrive qu’on perde le fil, le son de chacun des instruments pour sombrer dans un ailleurs forgé par ce trio. Continuer la lecture

Jazz de la ferveur de la saxophoniste Claire Michael à la transe de Phil JL Robert

Ferveur

Claire Michael ne cache pas, pour son deuxième album, « Mystical Way », son obédience coltranienne tout en sachant ne pas copier. Elle cherche sa propre voie, mystique si l’on en croit le titre. Elle reprend « A love supreme », Composition célèbre de John Coltrane, thème tellement simple, une prière, que la tentation est grande de la jouer sans changement. Son arrangement laisse intact le « gospel », la référence religieuse, tout en proposant une nouvelle lecture. Jean-Michel Vallet, piano, claviers, Fender Rhodes, Zaza Desiderio, batterie, percussions, Patrick Chartol, basses, Hermon Mehari, trompette un nouveau venu -, forment un groupe soudé qui donne du poids à chacune des compositions. Continuer la lecture

Mémoire de 1999 (suite)

Le Duke, centième ! Action !

Edward Kennedy Ellington dit le Duke pour ses habits bien coupés aurait eu 100 ans le 29 avril. Il a été fêté aux États-Unis. C’est une reconnaissance. DownBeat, la première revue de jazz américaine lui a consacré sa couverture. C’est logique. Il avait construit un univers prenant place dans cette mosaïque appelée jazz. Le mystère Ellington demeure 25 ans après sa mort, en 1974 donc. Il avait réussi à marier des sons pour rendre des couleurs inédites et qui le sont restées. Wynton Marsalis, à la tête de l’orchestre du Lincoln Jazz Center – les albums sont disponibles chez Columbia, distribué par Sony Music – a beau multiplier les hommages et à jouer les partitions comme le Duke – et Billy Strayhorn son alter ego, qu’il ne faut jamais oublier – les avait écrites, il y manque ce quelque chose, ce je-ne-sais-quoi – pour citer Jankélévitch – qui fait l’essentiel. Boris Vian en était un des visiteurs de ce monde merveilleux. Dans « l’Écume des Jours », Chloé – le personnage – provient directement de l’univers ellingtonien et des grandes compositions des années 40. Ces jours de juin se fêtera le 40éme anniversaire de sa mort. Fayard en profit pour rééditer/éditer ses œuvres complètes. Trois volumes parus à ce jour, dont Les chroniques de jazz… Continuer la lecture

Mémoire de 1999

Du côté de Cuba

Cuba est à la mode bien avant le film de Wim Wenders, Buena Vista Social Club. Le cinéaste fait faire ressentir la profonde décrépitude de La Havane comme la force de la musique. Pour être complet il aurait dû faire appel – cette critique s’adresse surtout à Ry Cooder – aux musiciens d’aujourd’hui, en même temps que les ancêtres, pour indiquer les différences et les convergences de racines et de points de vue.
Quelques parutions récentes permettent de jeter d’autres lumières sur cette culture, sur cette musique-art-de-vivre résultat de la confrontation entre des cultures africaines et européennes, une fusion différente de celle se produisant sur le continent nord-américain, provenant de la même nécessité des colons – ici espagnols – d’exploiter leurs immenses propriétés par la mise en esclavage d’Africains1. Frémeaux et associés (distribué par Night & Day) publie une « Rétrospective officielle des musiques cubaines », réalisée par le centre de développement et de recherche des archives de la musique cubaine, un coffret de 4 CD, avec un livret fort bien documenté qui met l’accent sur l’influence Yorubas comme élément déterminant dans cette alchimie, dans le son notamment. La place essentielle du vaudou est mise en évidence, non pas seulement comme religion mais comme mode de synthèse des différentes cultures africaines pour construire une culture spécifique. De quoi devenir incollable sur la musique afrocubaine, la rumba, le Guaracha, le punto cubain, le cancion et, évidemment, le son. Continuer la lecture

Des nouvelles de Nesbo et la suite des aventures d’espion vues par Semenov

Des histoires au coin du feu
Le temps de cet automne ne dit rien sur l’hiver qui vient. Une saison propice aux contes, aux histoires qu’on se raconte pour se rapprocher d’un feu qui s’éteint. « De la jalousie », de Jo Nesbo, fait partie de cette panoplie. Des nouvelles qui se veulent révélatrices de notre monde, de nos comportements assez semblables finalement malgré les frontières. Continuer la lecture