A propos Nicolas Beniès

Nicolas Beniès est économiste de formation. Il est tombé dans la grande marmite du jazz dans son adolescence, une énorme potion magique qui rend la vie différente. Il est devenu naturellement critique de jazz. Il a collaboré un peu à Jazz Hot, à Jazz Magazine. Il a également écrit dans Rouge, Contretemps), la Revue de l’École Émancipée, Le Monde Diplomatique et l’US Magazine. Il a longtemps - 20 ans - proposée, préparée et animée des émissions de jazz sur une radio associative. Il reprendra bientôt cette activité. Conférencier sur le jazz et l'économie, il est l'auteur du Souffle bleu - C&F éditions -, un essai sur le basculement du jazz en 1959 qui a donné son titre au blog/site, et de plusieurs ouvrages sur l'économie dont "Petit manuel de la crise financière et des autres" (Syllepse éditions). Il prépare deux nouveaux ouvrages. Un sur le jazz, "Tout autour du jazz", l'autre sur l'économie "Le basculement d'un monde".

Regards sur les États-Unis, autobiographie de Maya Angelou et le reste

Vivre ! Libre !

Maya Angelou, née Marguerite Johnson dans une bourgade du Sud des États-Unis, vit, dans ce troisième tome de son autobiographie romancée – les souvenirs sont un roman -, dans la grande ville de la Côte Ouest San Francisco. Le titre, traduction littérale de l’original, fait défiler le programme de cette jeune femme, mère célibataire, dans le début des années cinquante – elle a moins de trente ans à la fin du périple – « Chanter, swinguer, faire la bringue comme à Noël ». Un un laps de temps raccourci, elle se marie, se sépare d’un conjoint qui veut la confiner au statut de ménagère, devient disquaire, chanteuse, danseuse et, pour finir, est engagée dans l’opéra « Porgy and Bess » pour une tournée mondiale qui l’éloigne de son fils malade de l’absence de sa mère. Elle culpabilise forcément… . Toutes ces aventures, ces rencontres baignent dans Ia tonalité de la jeunesse, bien rendu par la traductrice Sika Fakambi. Continuer la lecture

C’est l’été, le temps de la vacance

La ronde des festivals de jazz

La culture ne fait jamais l’objet de débat. Elle est, comme la pandémie l’avait révélé, gangrenée par la dite loi du marché et soumise aux critères de l’efficience, la nécessité de baisser les coûts. Les subventions baissent en fonction d’une politique générale de réduction des dépenses. L’impératif de la considérer comme un service public s’impose.
Dans ce contexte, les festivals sont des arbres qui cachent ces forêts pour ne pas poser toutes les interrogations surgies dans le confinement de 2020. Il fallait – s’en souvient-on – faire preuve d’imagination pour trouver de nouvelles formes, et même une nouvelle architecture de supports de la culture. Imagination s’évanouit dans la profondeur de l’oubli de la routine du quotidien.
Les festivals cachent et éclairent en même temps. Leurs feuillages touffus, leur munificence, leurs outrances quelque fois, leur volonté d’être par la mobilisation des bénévoles indiquent des directions et, sans doute, des impasses. Les faire vivre fait partie de notre mobilisation vacancière – même si, cette année, nos vacances sont entachées d’interrogations politiques. Continuer la lecture

Premières réflexion sur la dissolution

Basculements
La France se trouve au centre des interrogations sur l’avenir de l’Europe. La construction européenne repose principalement sur le couple franco-allemand. La décision de Macron sans concertation – comme d’habitude – provoque des chocs importants d’abord au niveau de l’Europe. La poursuite de la guerre en Ukraine, grand absente de la campagne, et le soutien à l’agressée risque de se trouver contestée.
Pas seulement. La Bourse de Paris a baissé dés l’annonce de la décision et n’arrive pas à renouer réellement avec la hausse. Ce n’est pas le nouveau front populaire qui fait peur aux marchés financiers mais Macron. Continuer la lecture

Polars. Gênes, Morclose et San Quentin


Gênes, ville noire

Antonio Paolacci & Paola Ronco ont décidé de faire de Gênes un personnage de polar pour conter les enquêtes de Paolo Nigra, tout autant Génois d’adoption que les deux auteurs. Le premier, « Nuages baroques », dévoilait une manière particulière de se servir des grands ancêtres du genre agrémentée de la visite des quartiers de Gênes sonnaient comme un vent nouveau. L’ironie de Nigra, homosexuel revendiqué, permettait de faire accepter des personnages par trop stéréotypés notamment ses acolytes de la police. Continuer la lecture

Vider les Poches

Christian Bourgois est le dernier éditeur en date à lancer une collection de Poche, « Satellites » qui se veut « galaxie littéraire à la croisée de Bourgois et Globe » suivant l’éditrice.
La tête de pont : le prix Nobel de littérature Norvégien Jon Fosse – traduit par Jean-Baptiste Coursaud – « L’autre nom », les deux premières parties d’une septologie, la grande œuvre de l’auteur, pour faire connaissance avec une forme particulière de l’écriture centrée sur le discours intérieur avec des effets miroirs éblouissants.
Le premier récit de Maurice Pons, « Métrobate », qui n’a rien perdu de sa pertinence et dit beaucoup en peu de mots sur cette époque étrange de la Libération où souvent le pire prend lz place du meilleur.
« Fantaisies guérillères » est une extrapolation de Guillaume Lebrun du mythe de Jeanne d’Arc dans une création à la fois langagière et historique du début du 15e siècle d’une école de prophétesses dont le but est de sauver le royaume. Il faut entrer dans ce monde étrange et proche.
« L’affaire de Road Hill House », roman policier « vrai » d’un crime d’enfant qui a remué le Royaume-Uni en 1860. Kate Summerscale – traduite par Eric Chédaille – se livre, en journaliste, à une reconstitution pour dessiner l’image de la société victorienne et de ses secrets de famille pour un « true crime » comme on dit. Le style est un peu lourd mais le jeu en vaut la chandelle.

Un chef d’œuvre oublié
« Nous » d’Evgueni Zamiatine – ici suivi de « Seul », la première nouvelle publiée de l’auteur – avait déjà été réédité par Actes Sud en 2017, mais cette nouvelle traduction de Véronique Patte repose sur l’original. Le premier roman de science fiction qui a inspiré Orwell notamment. « Un acrobate du temps » (Giuliano Da Empoli dans sa préface), un visionnaire qui imagine l’avenir à partir de l’analyse de la société stalinienne en train de se constituer en 1929. A ne pas rater.
« Nous », Evgueni Zamiatine, traduit par V. Patte, préfaces de G. Da Empoli et Vincent Perriot, dessinateur, postface de Jorge Semprun, L’Imaginaire/Gallimard.

Roman d’espionnage historique
Julian Semenov, auteur culte en Russie, a eu accès aux archives des services secrets soviétique et raconte le régime nazi de l’intérieur par l’intermédiaire de l’espion infiltré Stierlitz. En 1945, les dignitaires du régime cherchent des portes de sortie. La galerie de portraits d’ouverture est une leçon d’histoire contemporaine.
« Ordre de survivre », Julian Semenov, traduit et annoté par Monique Slodzian, 10/18

Polar
Edward Bunker raconte le pénitencier de San Quentin, sur la Côte Ouest des Etats-Unis où règne une division raciale intrinsèque et où les trafics sont rois. Une amitié entre un jeune arrivé dans cet enfer et un vieux prisonnier est le fil conducteur de la description de l’enfer.
« La bête contre les murs », E. Bunker, traduit par Freddie Michalski, avant propos de François Guérif, Rivages Noir/Les iconiques

25 ans après…

Un pianiste de jazz populaire : Michel Petrucciani

Populaire et jazz ce n’est pas un oxymore mais un retour aux sources. Le jazz, « Great Black Music » – a toujours été une musique de danse, virevoltante, à l’affût de corps qui bougent comme des cerveaux, « Body and soul » comme l’affirme un standard. Continuer la lecture

JSP, Quand le printemps est là…

Quand le jazz est là sous les pommiers

Julien Lemière (Atelier du Bourg, Rennes)

Jazz Sous les Pommiers a lieu, comme chaque année, autour du jeudi de l’Ascension. Un jeudi changeant dans ce mois de mai souvent superbe à Coutances (Manche). Cette année l’ascension vers les mondes du jazz se fera début mai. Le festival déroulera ses fastes du 4 au 11 mai.
Un festival avec des à-côtés nécessaires, des spectacles pour le jeune public dont « La sieste musicale » – une invitation au rêve -, aux spectacles de rue, à la scène aux amateurs, gratuits, pour découvrir des groupes, des troupes, des orchestres, des musiciennes et des musiciens en devenir, d’autres restés amateurs. Des surprises de derrière la cathédrale qu’il ne faudrait pas bouder.
Les bénévoles, armature vitale pour le fonctionnement de la semaine, brillent par leur gentillesse et disponibilité. Il faut savoir les remercier, techniciens, chauffeurs, présents dans les salles, toujours de bon conseil, comme le personnel de la Mairie. En ces temps de réduction des crédits à la culture, il faut savoir compter avec le public qui n’a jamais fait défaut. Continuer la lecture

Alain Gerber, un romancier, batteur ou l’inverse ? Toujours le jazz

La batterie comme le miroir d’une vie

Alain Gerber, romancier et, surtout, passionné de jazz, une musique qui l’a fait écrire encore et encore pour rêver les biographies, pour faire naître de chaque rencontre de disques la poésie nécessaire. Critique de jazz il fut et demeure pour alimenter les découvertes de musiciennes, musiciens jamais dépassé.e.s qui, toujours, nous rattrapent.
Il est aussi batteur toujours amateur, toujours en apprentissage. « Deux petits bouts de bois », sous titrée pour approfondir le mystère « Une autobiographie de la batterie de jazz » tient le pari de dessiner le parcours de l’auteur tout en parlant apparemment – l’apparence fait partie de la définition de soi et dans le regard des autres – de la rencontre difficile avec cet instrument créé par le jazz et pour le jazz qui ne se laisse pas dompter facilement et qui demande l’éternité pour réaliser le tour de force de l’autonomie des quatre membres. Continuer la lecture

Jazz, Jim Snidero nous invite à plonger dans les mémoires du jazz

Voyage dans les standards en compagnie d’un drôle de trio
Jim Snidero, saxophoniste alto – un instrument qui fut du cirque en son jeune âge -, s’est décidé à former un trio sans piano. C’est rare pour un altiste et c’est une première pour Snidero. Sonny Rollins, Joe Henderson et d’autres ténors nous y avaient habitué, mais pas les altistes. Pour cette première tentative, il s’est appuyé sur les standards, ces épaves de la culture américaine et mondiale qu’il faut, comme Sisyphe avec son rocher, reconstruire à chaque fois.
« For all we know » – pour tout ce que nous connaissons – est le titre qu’il fallait. Se promener dans ces compositions connues – surtout par le jazz – permet tous les écarts, toutes les transgressions pour mieux rendre compte de leur éternité. L’alliage tradition et modernité que permet l’improvisation sans la limite du piano, et la sonorité reposée de l’alto sans l’expressionnisme parkérien ou coltranien, comme un Albert Ayler qui aurait trouve une paix précaire dans un monde dépassé par sa propre violence. Le choix même des thèmes exprime la résistance face aux explosions qui sont notre lot quotidien. Les trois compères – Peter Washington, basse, Joe Farnsworth, batterie – se passent le témoin, lancent des idées pour construire un univers spécifique. La reprise de « Naïma », une des grandes compositions de Coltrane, signe une réussite d’un trio promis à un bel avenir.
Nicolas Béniès
« For all we know », Jim Snidero trio, Savant Records distribué par Socadisc.

Polars historiques, 1360, 326 les années 1960 ou plus tard…


Le Royaume de France en 1360

Les livres d’Histoire ont longtemps parlé de la « guerre de 100 ans », manière d’écrire a posteriori pour des guerres continuelles de formation des royaumes, de dessin des frontières et de la création d’États centralisés que seront les monarchies absolues. En 1360, la désorganisation est totale. Les luttes internes, les intrigues, les alliances se nouent et se dénouent à la vitesse des tempêtes. L’absence d’armées officielles ouvre grand les portes aux mercenaires qui, faute d’engagements, se livrent à des destructions organisées ou sauvages au détriment de l’ensemble des populations. Continuer la lecture