Le Covid 19 est aussi un révélateur de l’état du monde.

La pandémie signe l’échec d’une mondialisation

Mondialisation, mondialisation disaient-ils en sautant comme des cabris.
La crise sanitaire, mondiale, révèle la forme de la mondialisation qui s’est forgée depuis ces 20 dernières années. Le pouvoir s’est déplacé des États vers les firmes multinationales. Ces dernières ont opéré une internationalisation de la production reposant sur le seul critère de la baisse des coûts du travail pour maximiser leur profit. Les filiales d’ateliers ont prospéré notamment en Chine avec pour résultat la perte de secteurs stratégiques, la pharmacie en particulier, des économies nationales. Le processus de désindustrialisation qui touche toutes les économies développées s’en est trouvé accéléré pour se traduire par la dépendance des pays vis-à-vis des pays possédant les ateliers du monde. A la seule exception de l’Allemagne qui a connu une très forte industrialisation après l’unification des deux Allemagnes liée à une place prépondérante dans les échanges mondiaux. Là gît l’explication de sa capacité à gérer mieux que les autres pays la crise sanitaire, à dépenses égales – environ 11 % du PIB – avec la France. Continuer la lecture

Retour de l’État-nation ?

Bonjour,

C’était avant la pandémie, avant que le monde change, avant les bouleversements de notre vie quotidienne, avant le retrait sur soi et s’extraire des échanges entre nous par le port du masque. Les visages parlent et, par le masque, ils deviennent muets.
C’était donc avant… que Attac14 décide d’une formation sur les concepts essentiels de l’économie. Était proposé un cycle de 5 thèmes à commencer par le contenu du néo libéralisme et de la place de l’État dans ce contexte idéologique.
Pour en tirer la conséquence la plus importante, qui devait débuter la deuxième partie du cycle, l’État avait construit toute sa politique dans la construction de « champions nationaux », de firmes multinationales « françaises » qui s’émancipaient de son contrôle. il en avait résulté une perte de souveraineté et un transfert du pouvoir réel vers les firmes multinationales. Cette analyse pouvait sembler abstraite. Elle devient évidente avec la pandémie.
L’article ci-après ne remplit pas totalement le thème de la deuxième partie du cycle proposé (pour rappel « Les formes de l’État) mais éclaire l’analyse théorique. La pandémie rend visible l’invisible sur tous les terrains. les derniers de cordée deviennent les premiers pour la bonne marche de la société, les services publics prennent un nouvelle légitimité, les inégalités éclatent au grand jour…
Assisterait-on à la mort de l’idéologie néolibérale ? Au retour de l’Etat/Nation, un retour spécifique ? La Nation, le concept, refait surface. Les interrogations sont multiples et grosses à la fois de possibilités de construction d’un monde différent ou de régressions. Entre les deux, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Interrogations sur l’État dans la pandémie.
Retour de l’État-Nation ?

Lors de la première séance du cycle de formation « Comprendre le néolibéralisme » du 5 février dernier, nous avons abordé « Les fondements du néolibéralisme ». Nous devions ensuite nous arrêter aux formes de l’État. La pandémie nous oblige à mettre en lumière toutes les révélations – au sens photographique – que permet le virus et les réponses gouvernementales pas seulement sur le terrain de la crise sanitaire mais aussi sur ceux de la crise économique et financière. Continuer la lecture

Un éléphant, ça trompe ? A propos de la « courbe de l’éléphant » de Milanovic

Réflexion sur les inégalités et la mondialisation

Branko Milanovic, économiste en chef de la Banque mondiale de 1993 à 2001, a voulu interpréter, comprendre la montée des inégalités à l’intérieur de chaque pays comme entre les pays et les conséquences politiques qui en résultent. Dans « Inégalités mondiales », sous-titré, tout un programme, « Le destin des classes moyennes, les ultra-riches et l’égalité des chances », il a construit la « courbe de l’éléphant » – reproduite sur la page de couverture de l’ouvrage – devenue une référence. Sa force : résumer en un seul graphique la distribution mondiale des revenus entre 1988 et 2008, années de « mondialisation intense », dixit l’auteur. Le constat porte sur l’essor de la « classe moyenne » mondiale, la stagnation des revenus de la classe moyenne des pays développés et la hausse impétueuse des revenus des « top percentiles », soit les 1% de la population mondiale, et même les 0,1%.
Pour éviter les erreurs d’interprétations, il faut souligner que l’essor des classes moyennes surtout dans les pays d’Asie – la Chine et l’Inde en particulier – est la traduction de la sortie de la pauvreté due, le plus souvent, à la croissance économique. Là gît une ambiguïté. Le concept de « classe moyenne » se définit uniquement par le revenu. Dés que ce revenu est supérieur à celui de la pauvreté absolue – le minimum de subsistance -, soit le début de la courbe de l’éléphant, on entre dans la classe moyenne inférieure. Tout en gardant à l’esprit que le raisonnement se fait, comme le soulignent Pascal Combemale et Maxime Gueuder en une postface nécessaire, en gains relatifs de revenus au niveau mondial. Continuer la lecture