« Le bracelet », une épopée et un travail de mémoire.

Shanghai, destination oubliée des exilés Juifs allemands

Andrea Maria Schenkel a le talent particulier de faire renaître la mémoire des années de l’Allemagne sous le joug du nazisme. S’inspirant de faits réels, ici, dans « Le bracelet, la migration des Juifs allemands en 1938 en partance vers Shanghai. Ceux-là, les derniers à partir, n’avaient pas cru aux déclarations antisémites de Hitler pensant être protégés par, souvent, leur participation à la Première Guerre Mondiale ou leur conversion au protestantisme. Ils se sentaient de nationalité allemande. Ils n’étaient que des Juifs. La législation tatillonne de la bureaucratie nazie avait formulé des critères stricts pour déterminer qui était Juif et qui ne l’était pas.
La famille Schwarz est de celle là. Le père, Erwin, qui a vécu la guerre dans les tranchées, ne veut pas croire que le gouvernement allemand s’en prendra à lui. Dans « Le dictateur », Charlie Chaplin raconte la même histoire. Cette croyance était partagée par des intellectuels pourtant à même d’analyser les événements, l’idéologie du régime nazi. Adorno fut de ceux là. Plus tard, aux Etats-Unis, il dénoncera la propagande de masse due à la radio. Continuer la lecture

Polars et livres noirs de février 2015(1)

Un vent qui nous vient d’Allemagne, un vent frais…

finsterauUn titre mystère pour qui ne connaît pas la Bavière : « Finsterau », un petit village pris dans la tourmente de cette bizarre fin de deuxième guerre mondiale où rien n’apparaît possible, où le meurtre gratuit s’inscrit dans la configuration d’un pays écroulé, sans référence.
Une jeune femme, Afra, revient chez ses parents avec son fils de deux ans né des amours malheureuses avec un Français. On en a tondu pour moins que ça. Elle est au bout d’un rouleau qui se dévide pourtant encore un peu. Comme en sursis. L’avenir se dérobe. Pour elle comme pour la Nation.
Reste son fils qu’elle veut élever et défendre à tout prix.
Le père d’Afra est une « grenouille de bénitier », pour employer une expression française. Il croit en un Dieu bizarre malgré toute la barbarie accumulée dans le pays par les hordes nazies. Il est muré dans un silence qui a quelque chose à voir avec la répression nazie qui frappait au hasard pour conserver la main mise sur les populations.
En veut-il à sa fille ou à lui-même ? Pas un jour ne se passe, en cette année 1947, sans engueulades entre le père et la fille. Alzheimer le menace – le nom n’existe pas encore – sans qu’il en prenne vraiment conscience.
La fille et le petit garçon sont assassinés. On enferme le père. 18 ans après, l’enquête est rouverte… Continuer la lecture