Quinzième festival villes des musiques du monde.

Musiques et mémoires.

ville sdes musiques du monde, 15eCe festival a une volonté : faire découvrir tout à la fois, des lieux – ici « Congo square », une place de la Nouvelle Orléans -, des musiques pour faire œuvre de mémoire. Ce travail de mémoire est fondamental. Il faut savoir retrouver le passé pour construire un avenir. Si les musiques veulent se régénérer, elles se doivent de déterminer leur parcours. Continuer la lecture

Nuits câlines sans être de Chine

L’accordéon au cœur de la Corrèze pour des nuits de nacre à Tulle.

nuits-de-nacre27 ans que Tulle vit une histoire d’amour avec l’accordéon, appelé aussi le « piano du pauvre », un pauvre capable de faire découvrir des paysages bizarres, de la musique dite classique au jazz en passant bien sur par la valse musette.
L’accordéon a eu ses figures de proue, comme Jo Privat longtemps associé au Balajo du côté de la Bastille. Frémeaux et associés lui rend un hommage mérité dans un coffret de trois CD : « Le gitan blanc – l’accordéoniste de Paris, 1945 – 1958 ». Il fera sans doute partie de cette thématique du festival qui veut aussi « Raconter l’accordéon ».
C’est un instrument qui marque la culture française bien qu’il soit d’origine allemande. La valse musette «est largement associée au « jazz manouche ». Le premier métier de Django Reinhardt, avant l’incendie de sa roulotte en 1929, fut banjoïste de ces orchestres qui faisaient danser Parisiennes et Parisiens. Après la guerre et jusque dans les années 60, on allait danser le samedi soir dans ces « dancings » aux grandes pistes en bois pour permettre toutes les figures et toutes les rencontres. C’est une image qui s’est perdue. Une mémoire en friche.
« Les primitifs du futur », invités aussi à ce festival, ont voulu faire renaître cette tradition, en la bousculant comme il se doit pour la garder vivante, sans répéter le passé. Frémeaux et associés a réédité récemment deux de leurs albums, « Cocktails d’amour » et « World Musette », un titre programme.
Pour leur prestation, le jeudi 18 septembre, une sorte d’inaugurationn du festival, ils seront en compagnie de Thierry Roques, accordéoniste né en 1960 dans le Lot et personnalité centrale de cette année. Il sera partout et avec tout le monde. Une sorte de fil d’Ariane pour faire la démonstration de toutes les facettes d’un instrument trop souvent décrié. Il faudrait pourtant réécouter Gus Viseur pour s’apercevoir qu’il peut swinguer…
Les lycéens ne seront pas publiés. Un concert et une rencontre leur seront dédiées pour découvrir ces musiques et les musiciens. Le jazz manouche sera bien sur de la partie avec Ludovic Beier, le bal guinguette sans oublier l’apéro ou le marché des producteurs de pays.
Bref, un festival qui brillera de tous ses feux pour enflammer de nouveau la ville de Tulle du jeudi 18 au samedi 20 septembre.
Ne manquez pas ce rendez-vous, d’autant que l’été indien le rendra encore plus lumineux.
Nicolas Béniès.
« Les Nuits de Nacre », « raconte-moi un accordéon », Tulle du 18 au 21 septembre, renseignements 05 5520 28 54, www.nuitsdenacre.com
CD cités : « Jo Privat, 1945 – 1958, le gitan blanc – l’accordéoniste de Paris », livret de Dany Lallemand ; « Blues Story & the new blue 4 », « World Musette, c’est la Goutte d’Or qui fait déborder la valse ! », Les Primitifs du Futur, Frémeaux et associés.

Autour des festivals.

Jazz en Baie…

Un invité surprise de « Jazz en Baie » (du 5 au 16 août, dans la Baie du Mont Saint-Michel) : Steve Grossman.
Le saxophoniste ténor, né à Brooklyn le 18 janvier 1951, a eu une carrière en dents de scie tout en participant à des expérimentations importantes notamment aux côtés de Miles Davis. Il reste pourtant profondément ancré dans la tradition dite du hard bop mâtinée de toutes les évolutions du jazz depuis le milieu des années 50. Il est impossible, dans le jazz, de répéter mécaniquement le passé. Steve s’est construit un style. Du coup, il est inclassable. Tellement qu’il peut être classé dans toutes les catégories répertoriées. Sur Wikipedia, Dans la case « genre » on peut lire « jazz, hard bop, bebop, cool jazz, modal, fusion, third stream – le troisième courant qui veut associer jazz et musique classique ou musique contemporaine. Le genre « jazz » me fait frémir…
Steve, pourtant, ne fait pas partie du gotha du jazz, ceux et celles que citent spontanément les amateurs de jazz mais il conserve une sorte d’empathie avec le public. Il est à l’aise dans des environnements différents. Continuer la lecture

Compte rendu de la 33e édition de JSP

En revenant de Coutances, de dessous les pommiers, la pluie, le vent et…le soleil !

Ce 33e cru restera lié – c’est logique – au 70e anniversaire du débarquement. Des orchestres ont repris le style de ces années de guerre. Charles Trenet a été de cette fête comme il se doit.
C’est le chanteur de ces années d’après le Front Populaire de 1936. Il est révélateur aussi de la place du jazz pendant l’Occupation. Les orchestres de jazz français qui ont commencé à fourbir leurs armes dans le milieu des années 1930 tiennent le haut du pavé. A commencer par le Jazz de Paris conduit dans les années 1940-41 par le saxophoniste ténor Alix Combelle. Les disques sous le label « Swing » sont pressés de nouveau. Charles Delaunay, son créateur, enregistre tout ce que le jazz compte de musiciens en France. Les concerts de jazz sont pleins.
Cette évocation, ce travail de mémoire a été le thème de ma conférence. Continuer la lecture

Europa djazz et jazz sous les pommiers, deux grands festivals de jazz

Le printemps est là, celui des jazz et de la liberté.

Affiche 2014 festival europa djazzLes festivals, pas seulement ceux de jazz, se conjuguent avec la citoyenneté et l’éducation populaire. L’Europajazz – ex festival du Mans – a soufflé sa 35e bougie en élargissant son champ géographique à toute la région – en débordant sur la Basse-Normandie – et ses activités culturelles vers les collèges et lycées, les Maisons d’arrêt, les maisons de retraite, les hôpitaux et même les entreprises et les conservatoires. Jazz sous les Pommiers suit le même mouvement et fait rayonner le jazz dans les mêmes lieux, comme la plupart des autres festivals. Pour lutter contre une image qui colle à la peau du jazz, « intello », « élitiste ». Le jazz est, à l’inverse, liberté pour créer d’autres sons, d’autres univers. Les jeunes musicien(ne)s l’ont bien compris. Ils et elles sont de plus en plus nombreux sans que le public ne se rajeunisse. Un oxymore pour une musique qui n’en manque pas.
Cette 35e édition de l’Europa avait commencé le 15 mars et se terminera le 16 mai pour laisser la place à Jazz Sous les Pommiers qui lui fêtera son 33e anniversaire.
Uri Caine et Dave DouglasLa fin de la fin de l’Europa a lieu au Mans, la ville de naissance, avec la « Grande fête anniversaire du festival » le dimanche 11 mai dans le parc de l’Abbaye de l’Epeau – un lieu idyllique -, de 11h à 17h, une sorte de ballade dans les fanfares, à l’instar de Jazz Sous les Pommiers qui, traditionnellement, le propose le dimanche – cette année le 25 mai. La conclusion, le vendredi 16 mai, sera laissée à Youn Sun Nah, vocaliste de renom qui a su imposer son style dans les mondes du jazz, en n’oubliant pas sa culture d’origine, celle de la Corée, un pays coupé en deux, à l’histoire tourmentée. Concert qui aura lieu au sein de l’Abbaye, haut lieu de concert de ce festival.
Le jazz envahira, comme chaque année du côté de l’Ascension, la petite commune de la Manche, Coutances pour fêter la liberté comme la Libération et le Débarquement. Pour faire œuvre de mémoire – un travail toujours recommencé – et appréhender le jazz non pas comme une musique du passé mais l’étendard de la révolte de la jeunesse à toutes les périodes troublées de notre histoire. Le jazz et la France, une histoire d’amour, de liberté et d’ouverture vers d’autres possibles, des rêves d’un autre monde.
Soixante dixième anniversaire du débarquement oblige, Jazz Sous les Pommiers se vit aussi au rythme d’un passé jamais dépassé. Le jazz est vivant et le reste. La Libération est une fête folle et le jour le plus long, le jour le plus fou surtout pour les populations de la manche. Le débarquement à Omaha Beach fut une violente boucherie. La mer était rouge de ce sang de jeunes gens.
Le jazz et la danse débarquaient tout autant. La danse surtout, interdite par les autorités d’occupation comme par le Régime de Vichy qui partageaient les mêmes conceptions réactionnaires parlant de musique « dégénérée » à propos du jazz même si certains « collaborateurs » faisaient du jazz une musique blanche et française parce que née à la Nouvelle-Orléans. Les concerts de jazz, contrairement à une idée encore répandue malgré des ouvrages savants, étaient légaux et très fréquentés. Pendant la période de l’Occupation un « jazz français » commençait à se développer. Le « bebop » viendra tout éclabousser jusqu’à l’explosion. La nouvelle révolution esthétique écrasera tout sur son passage. Y compris la mémoire qu’il existait un jazz en France avec deux génies, le premier est connu, Django Reinhardt, le second beaucoup moins, Michel Warlop, violoniste et compositeur.
Ce sera le thème de mes conférences, « Le souffle de la liberté, 1944 le jazz débarque », titre aussi de mon livre aux éditions C&F – voir mon blog www.soufflebleu.fr – que je donnerai, en lien avec Jazz Sous les Pommiers à Argentan le 17 mai, à Granville le 23 mai et à Coutances le 30 mai. Continuer la lecture

Les découvertes sont rares…

A Minifest, grandes découvertes.

Comme tous les ans, à Caen, un batteur – Jean-Benoît Culot – et un saxophoniste ténor – Nicolas Leneveu – qu’une génération sépare unissent leurs forces pour offrir à un public aussi nombreux que peut contenir la petite salle, une sorte de cave, de ce café qui porte un nom sans doute prédestiné, « El Camino », un festival qui pour être mini n’en est pas moins un lieu de découvertes. Cette année – 2013 – du 1er au 5 octobre, avec du Collectif Jazz de Basse-Normandie, les rencontres ont été nombreuses. Continuer la lecture

Villes et musiques du monde, un festival étrange, 14e édition

Un festival étrange qui veut nous amener ailleurs en renouant avec la tradition.

 

Villes et Musiques du Monde est le nom de ce festival qui va couvrir les villes de la banlieue parisienne : Aubervilliers, Bagnolet, Bobigny, Bondy, Épinay-sur-Seine, La Courneuve, Le Blanc-Mesnil, Le Bourget, Montreuil, Pierrefitte sur seine, Paris, Saint-Denis, Sevran, Villetaneuse. Continuer la lecture

Un festival… des festivals… de jazz

Petit tour de France via les festivals de jazz.

Le jazz est une musique de la transe – de ce corps qui bouge, qui explose – et de l’esprit. Une combinaison inédite dans l’histoire de l’esthétique. La performance est partie prenante de cette musique qui ne se goûte véritablement que dans la liberté de créer par la rencontre avec le public. Elle se vit « live », en direct et en vie. Continuer la lecture

Impressions de Jazz Sous les Pommiers, 4 – 11 mai 2013, 32e édition.

Un bon cru

Sur le terrain de la fréquentation, un succès. Beaucoup de concerts complets, beaucoup de monde. Logique, conjonction du 8 (mercredi) et de l’Ascension (le jeudi 9) ont permis une affluence souhaitée après les pluies de l’an dernier et un déficit important. Cette année, le temps, sans être réellement printanier – plutôt primesautier – n’a pas mis trop de sable dans les rouages. Même ma conférence sur « lorsqu’une chanson française devient standard du jazz, que reste-t-il de nos amours »1 a vu une affluence « normale », entre 30 et 40 personnes et ce, un vendredi à 15h30 alors que le festival brillait de tous ses feux. Certains étaient venus – comme ce photographe dont je ne connais pas le nom – pour fermer les yeux, goûter à d’autres cieux que ceux du travail à faire. C’est vrai que les photographes ont de moins en moins la vie facile, restriction des temps – 10 mn au début -, surveillance tatillonne, obligation de se justifier à tout moment et, last but not least, aller de concert en concert pour ne pas rater le moment où ils et elles peuvent « faire » leur métier. La pression, le stress est partout. Continuer la lecture