A Minifest, grandes découvertes.
Comme tous les ans, à Caen, un batteur – Jean-Benoît Culot – et un saxophoniste ténor – Nicolas Leneveu – qu’une génération sépare unissent leurs forces pour offrir à un public aussi nombreux que peut contenir la petite salle, une sorte de cave, de ce café qui porte un nom sans doute prédestiné, « El Camino », un festival qui pour être mini n’en est pas moins un lieu de découvertes. Cette année – 2013 – du 1er au 5 octobre, avec du Collectif Jazz de Basse-Normandie, les rencontres ont été nombreuses.
Jean-Benoît s’est offert un voyage en compagnie de Mourad Benhamou – à deux batteries donc – dans l’histoire, la leur et celle du jazz, Jérémie Bruger au même programme offrait une descente en apnée dans la musique dite soul-jazz…
Pour arriver à la dernière soirée, samedi. Une programmation qui ne parlait pas ou trop. Appeler un quartet « Flash Pig » ressort de la provocation ou… du jeu.1 Après écoute, il faut retenir la dernière hypothèse. Les rencontres entre ces quatre musiciens datent de 2005, avec une moyenne d’âge actuelle de 26 ans. Des éléments qui ne disent rien de la musique. Serait-ce plus clair si je vous disais qu’ils ont enregistré – sans le saxophoniste cela va de soi – avec Chris Cheek ?
Le quartet, Maxime Sanchez au piano et responsable de la plupart des compositions, Adrien Sanchez au saxophone ténor, Florent Nisse à la contrebasse et Gautier Garrigue à la batterie, est un organisme vivant. Il est un tout qui fait la part belle à ses parties, chacun prend sa place pour se mettre au service du projet collectif. C’est rare. C’est le fruit, vraisemblablement, d’un travail assidu, de répétitions multiples. A l’arrivée, l’émotion froide – une sorte de définition en forme d’oxymore du jazz – est au rendez-vous. S’entendent les influences, des influences originales en ces temps postmodernes, celles de Ornette Coleman mais surtout de Dewey Redman dans cette manière de faire varier les sonorités du saxophone et l’insistance sur le rythme. Wayne Shorter n’est pas loin non plus.
La soirée se déroule, ils prennent confiance en eux, le public participe. Il s’introduit dans ce monde spécifique. Il reçoit et retourne la musique qui, soudain, devient une force matérielle. L’impression que cette masse unissait musiciens et public. Les bonnes choses ont aussi une fin. Il fallait bien se séparer. Ce fut dans la douleur. L’impression de voir s’évanouir une sensation, un sentiment. Celui de cette musique qui fait se sentir bien contre le monde tel qu’il ne va pas.
Je vous l’avoue, une telle osmose est rare. Il faut à la fois retenir les noms de ces musiciens et celui de ce quartet, « Flash Pig », il ne m’étonnerait que les uns et l’autre – le tout ne se réduit pas à ses parties – fassent parler d’eux.
Un album est attendu pour le mois de février. Ne le ratez pas.
Nicolas Béniès.
1 Pig by Flash est un jeu d’arcanes sur le net, un jeu gratuit…