JAZZ, Rattrapages (toujours..)

Échos du 20e siècle.

Le 4 décembre 1999 – un quasi anniversaire – se retrouvaient sur la scène du jazz club de Neuburg – en Allemagne – le « Birdland », Lee Konitz, saxophone alto comme toujours et Kenny Wheeler, trompette et bugle (flugelhorn sonne mieux) pour un échange en forme de mémoires. L’un arpente le monde de Lennie Tristano (Lennie’s, une des compositions de Lee Konitz), l’autre celui de la scène britannique des années 60 et d’Anthony Braxton pour se libérer de tout le poids du passé et pénétrer de plein pied dans le 21e siècle. Saxophoniste et trompettiste savent que le dialogue produit des étincelles. Surtout à ce niveau. « Olden Times » est le titre choisi par les producteurs, une composition de Kenny Wheeler, qui résument à la fois le projet – un solo du trompettiste faire écho à des compositions multiples, presque un quiz – et le temps qu’il a fallu pour faire paraître cet album. Continuer la lecture

JAZZ, A nos disparus

Double hommage.

L’année 2015 a vu la disparition d’abord de Kenny Wheeler, trompettiste canadien qui avait participé dans le milieu des années 1970 aux expérimentations de Anthony Braxton tout en s’inscrivant dans le renouveau de la scène britannique, ensuite celle de John Taylor, pianiste influencé par Bill Evans mais aussi par Paul Bley et capable, tranquillement, de toutes les explorations. On s’en souvient peut-être, John est mort quasiment sur scène à Angers en juillet de cette année 2015 alors qu’il était en tournée avec le groupe de Stéphane Kérecki…
on the way to two, Kenny Wheeler et John TaylorCet album « On the Way To Two » enregistré en 2005, avait été préparé avec l’aide de John Taylor qui, dans les notes de pochette, rend hommage à son ami et compagnon musical Kenny Wheeler. Beaucoup d’émotions donc qui ne doit venir perturber l’écoute de cette musique. Musique jouée avec le sérieux qui convient sans esprit de sérieux. La touche indispensable d’humour vient perturber tous les équilibres apparents. Il faut l’entendre dans cette version supplémentaire de « Counter #2 ».
Un duo qui fait une grande part, comme à l’accoutumée avec ces deux là, à l’échange, à la circulation des idées. L’alternance de morceaux improvisés – les « Sketch » 1, 2 et 3 – qui font office de transition et ceux plus écrits, surtout par Kenny Wheeler, permettent de se rendre compte de la complicité qui les unissait. C’est peut-être celle-là qui nous manquera le plus. L’album se termine sur un thème de Billy Strayhorn « A Flower is a Lonesome Thing », la seule fleur possible pour nous séparer d’eux.
Nicolas Béniès.
« On the Way To Two », Kenny Wheeler/John Taylor, CamJazz distribué par Harmonia Mundi.