JAZZ et la musique de Berlin

Du Kapital à l’Internationale.

das-kapital-eisler-explosionDas Kapital est, normalement, un trio. Daniel Erdmann aux saxophones, Hasse Poulsen à la guitare et Edward Perraud à la batterie explosive, construisent une musique qui sait parler de mémoires, la mémoire des grands compositeurs de Berlin dont Hanns Eisler notamment mais aussi celles du jazz – les deux ayant partie liée si l’on repense à ces années 20 et 30 – pour se créer une place originale. Les entendre est non seulement un plaisir mais aussi un questionnement sur notre monde bizarre, en passe de basculement comme celui des années 30 justement.
En 2013, le trio tentait une expérience inédite, rencontrer un grand orchestre, le Royal Symphonic Wind Orchestra Vooruit pour célébrer le 100e anniversaire du bâtiment Vooruit construit en 1913 par la « coopérative socialiste ». Neuf compositions de Eisler ont été arrangées pour trio et grand orchestre et le résultat est là : rendre vivante une musique issue de Schönberg – Eisler fut son élève – et des luttes de la classe ouvrière. Eisler a participé aux expériences de Brecht d’un théâtre de combat.
Le tout se termine avec l’évocation de l’Internationale composée par Pierre de Geyter, un natif de Gand… Ne passez pas à côté, ce serait dommage. Cette musique sait parler. Elle suscite des vagues de mémoire qui servent de points de repères. La génération d’aujourd’hui qui ne connaît sans doute pas ces thèmes – ce « United Front » est important pour ce qu’il représente – devrait se plonger dans cet album.
Nicolas Béniès.
« Eisler explosion », Das Kapital, Das Kapital Records, L’autre distribution

Jazz. Un souffle de fraternité

L’accumulation du Capital.

Das Kapital kind of red« Das Kapital » est un trio, bizarre comme il se doit. Un ténor allemand installé à Reims, Daniel Erdmann, un guitariste danois, Hasse Poulsen et un batteur – je ne suis pas sur que cette dénomination convienne tellement ce musicien est capable de tout, mais il est aussi batteur et il le démontre – français Edward Perraud pour une musique qui ne se refuse rien. Il en est à son troisième album et la volonté de créer des univers ne les a pas abandonnés. Ils font partie de cette scène qu’il faut continuer à appeler « jazz » malgré tout, pour la dynamiter et, ainsi, redonner envie d’écouter cette musique étrange venue d’ailleurs. Leur énergie est communicative. Ils ne s’installent pas dans une routine. Les entendre est toujours une surprise. Ils sollicitent toutes les mémoires et d’abord celles du free jazz – mais pas seulement – pour s’installer dans des structures d’une musique informelle. Ils font tout autant appel au rock, à la country – on peut reconnaître une allusion à « Apache » – mais aussi aux musiques du monde et à leurs propres références. Un collage qui fonctionne. La joie de jouer transperce l’auditeur malgré le filtre de l’enregistrement. Continuer la lecture