Trois rencontres qui se veulent au sommet.
Le batteur mexicain Antonio Sanchez qui enregistre sur le label italien CamJazz s’est décidé à franchir un pas. Il a été enregistré à New York, la Mecque du jazz même si elle est sur le déclin, avec trois trios différents qui couvrent les trois temps du jazz. « Three times three » était un titre tout trouvé. Deux CD partagent les trios. Le premier uniquement consacré à la rencontre avec Brad Mehldau, pianiste plusieurs fois encensé – trop ! – arbitré par le contrebassiste Matt Brewer pour un thème signé par Miles Davis (et Bill Evans vraisemblablement, si l’on en croit Bill), « Nardis » réintitulé « Nar-this » sans doute pour laisser libre cours au pianiste…qui ne s’en sert pas. Les deux autres thèmes signés par Sanchez montrent un Brad Mehldau incapable de sortir du thème, comme à court d’imagination. Et le batteur n’ose pas trop se mettre en avant comme tétanisé par la présence de ce pianiste devenu icône. Sait-on qu’une icône ne joue pas de piano et sûrement pas du jazz…
Le deuxième CD est plus enlevé. John Scofield est rarement décevant. Il sait installer une atmosphère. Le thème de Wayne Shorter, « Fall », est un vecteur favorable et les trois – Christian McBride brille à la contrebasse – s’en donne à cœur joie. C’est bien parti. Dommage que ce soit aussi court. Le troisième trio ne déçoit pas. Même si on a un peu de mal à entrer dans ce nouveau pays, celui que dessine Joe Lovano au ténor sax, avec John Patitucci à la contrebasse. La fin est pour la bonne bouche. « I Mean You » de Monk, avec une introduction décapante de Lovano et un tempo inusité, met tout le monde d’accord.
Nicolas Béniès.
« Three times three », Antonio Sanchez, CamJazz/Harmonia Mundi.