Hommage vivant à un compositeur vivant

Souvenirs, souvenirs

meecoVoici un curieux album. « Souvenirs of love » est un titre qui n’a pas besoin d’être traduit. Meeco – Michael Maier pour l’état civil – marie ses compositions et ses interprètes pour faire la démonstration de son talent éclectique. Un compositeur respecté si j’en crois la présentation, mais resté – j’en témoigne – largement inconnu. Il n’en faut pas plus pour entendre ces souvenirs d’amour passés, présents et, pourquoi pas, futurs.
L’œil de l’amateur de jazz est attiré par la présence de John Scofield, un des guitaristes qui comptent, et par celle du batteur Victor Lewis. Il faut y ajouter Richard Bona, bassiste et chanteur, aux confins du jazz et de la variété mâtiné de ces « musiques du monde » qui doivent beaucoup au continent africain.
Pour le reste la soul music et le jazz se retrouvent dans ces évocations d’amours perdues et retrouvées. La pochette – ou l’équivalent pour le CD – ressemble à une présentation des musicien(ne)s d’aujourd’hui, partie prenante de ce défilé. La liste est longue et s’inscrit sur le côté droit de la page visible. A l’intérieur, photos et commentaires permettent de voyager dans le temps et dans l’espace pour découvrir une sorte de confrérie.
Comme à moi sans doute, le nom de « Meeco » ne vous dit rien. Il serait pourtant dommage de passer à côté de cet album plein de charme, de tendresse et surtout de musique.
Nicolas Béniès.
« Souvenirs of love », Meeco, Double Moon Records distribution New Arts International

Trois par trois

Trois rencontres qui se veulent au sommet.

threetimesthree-Antonio SanchezLe batteur mexicain Antonio Sanchez qui enregistre sur le label italien CamJazz s’est décidé à franchir un pas. Il a été enregistré à New York, la Mecque du jazz même si elle est sur le déclin, avec trois trios différents qui couvrent les trois temps du jazz. « Three times three » était un titre tout trouvé. Deux CD partagent les trios. Le premier uniquement consacré à la rencontre avec Brad Mehldau, pianiste plusieurs fois encensé – trop ! – arbitré par le contrebassiste Matt Brewer pour un thème signé par Miles Davis (et Bill Evans vraisemblablement, si l’on en croit Bill), « Nardis » réintitulé « Nar-this » sans doute pour laisser libre cours au pianiste…qui ne s’en sert pas. Les deux autres thèmes signés par Sanchez montrent un Brad Mehldau incapable de sortir du thème, comme à court d’imagination. Et le batteur n’ose pas trop se mettre en avant comme tétanisé par la présence de ce pianiste devenu icône. Sait-on qu’une icône ne joue pas de piano et sûrement pas du jazz…
Le deuxième CD est plus enlevé. John Scofield est rarement décevant. Il sait installer une atmosphère. Le thème de Wayne Shorter, « Fall », est un vecteur favorable et les trois – Christian McBride brille à la contrebasse – s’en donne à cœur joie. C’est bien parti. Dommage que ce soit aussi court. Le troisième trio ne déçoit pas. Même si on a un peu de mal à entrer dans ce nouveau pays, celui que dessine Joe Lovano au ténor sax, avec John Patitucci à la contrebasse. La fin est pour la bonne bouche. « I Mean You » de Monk, avec une introduction décapante de Lovano et un tempo inusité, met tout le monde d’accord.
Nicolas Béniès.
« Three times three », Antonio Sanchez, CamJazz/Harmonia Mundi.