JAZZ, le troisième type ?


Rencontre amicale et jouissive.

Joe Lovano & Dave DouglasApparemment ils sont deux. Un trompettiste, Dave Douglas et un saxophoniste ténor, Joe Lovano. Ils représentent une grande partie du jazz moderne de celui qui ne refuse pas le legs du free jazz, non seulement de Coltrane mais aussi d’Albert Ayler, de Ornette Coleman et de beaucoup d’autres. De ces révolté(e)s qui voyait les transformations démocratiques et sociales à leur porte, midi à 14h. Des utopistes fous capables de transporter des foules de jeunes gens et de jeunes filles vers d’autres planètes plus sûrement que les deux astronautes mettant un pied sur la lune.
Ces deux là en fait sont trois. Pour commencer. Dans l’ombre se détache un grand compositeur de notre temps, Wayne Shorter. Celui notamment du quintet de Miles Davis de 1965 à 1968 composé de Herbie Hancock au piano, Ron Carter à la contrebasse et Tony Williams à la batterie, capable de toutes les audaces et de toutes les transgressions. Un quintet sans suite, sans descendants. Sauf Wayne. Qui sait aussi, comme les deux autres, faire fructifier l’héritage libertaire de ces années 1960. Continuer la lecture

Trois par trois

Trois rencontres qui se veulent au sommet.

threetimesthree-Antonio SanchezLe batteur mexicain Antonio Sanchez qui enregistre sur le label italien CamJazz s’est décidé à franchir un pas. Il a été enregistré à New York, la Mecque du jazz même si elle est sur le déclin, avec trois trios différents qui couvrent les trois temps du jazz. « Three times three » était un titre tout trouvé. Deux CD partagent les trios. Le premier uniquement consacré à la rencontre avec Brad Mehldau, pianiste plusieurs fois encensé – trop ! – arbitré par le contrebassiste Matt Brewer pour un thème signé par Miles Davis (et Bill Evans vraisemblablement, si l’on en croit Bill), « Nardis » réintitulé « Nar-this » sans doute pour laisser libre cours au pianiste…qui ne s’en sert pas. Les deux autres thèmes signés par Sanchez montrent un Brad Mehldau incapable de sortir du thème, comme à court d’imagination. Et le batteur n’ose pas trop se mettre en avant comme tétanisé par la présence de ce pianiste devenu icône. Sait-on qu’une icône ne joue pas de piano et sûrement pas du jazz…
Le deuxième CD est plus enlevé. John Scofield est rarement décevant. Il sait installer une atmosphère. Le thème de Wayne Shorter, « Fall », est un vecteur favorable et les trois – Christian McBride brille à la contrebasse – s’en donne à cœur joie. C’est bien parti. Dommage que ce soit aussi court. Le troisième trio ne déçoit pas. Même si on a un peu de mal à entrer dans ce nouveau pays, celui que dessine Joe Lovano au ténor sax, avec John Patitucci à la contrebasse. La fin est pour la bonne bouche. « I Mean You » de Monk, avec une introduction décapante de Lovano et un tempo inusité, met tout le monde d’accord.
Nicolas Béniès.
« Three times three », Antonio Sanchez, CamJazz/Harmonia Mundi.