Des cadeaux, encore pour soi, pour d’autres, pour le don et son plaisir

Noël, une histoire de dingues », Mark Forsyth (traduit par Thierry Beauchamp, aux éditions du Sonneur), donne le la des fêtes et des commémorations diverses. La naissance de l’enfant Jésus le 25 décembre est un long processus qui s’appuie plus sur les évangiles officieuses que les officielles. Il faut participer de cette élaboration des « fêtes » pour rire des présentations de ce qui est aujourd’hui considérées comme des dogmes qu’il est impossible de contester. L’auteur, érudit, fait partager sa contestation des réalités, résultat souvent d’un enchevêtrement de strates civilisationnelles occultées pour figer le temps. Une leçon d’histoire des mythes, de leur maturation mais aussi des erreurs d’interprétation qui fait de Coca Cola, par exemple, dans sa campagne de pub de 1929, le créateur du costume du Père Noël.
Des histoires à partager en famille et pour briller dans les diner de fêtes ou non. Pour rire et apprendre.
Une bonne introduction à cette époque de cadeaux à ne pas hésiter à (se) faire. Continuer la lecture

JAZZ : festival, festival…

Concert chez soi

Les festivals de jazz comme tous les autres sont annulés. Survivront, peut-être, les petits. Une sorte de revanche contre les mastodontes qui devront, forcément perdre du poids. Une nouvelle configuration devrait se mettre en place, comme dans les autres domaines de la vie collective. L’intervention de l’État et des collectivités territoriales sera nécessaire, vital pour que la culture puisse avoir les moyens de rester un service public et permettre la création sans référence au marché.
Pour l’heur entre confinement et déconfinement, le concert de Ray Charles au Palais des Sports, à Paris, les 21 et 22 octobre 1961 est un grand moment. Le coffret de trois CD, « Ray Charles The Complete 1961 Paris Recordings » permet de le revivre. Le « genius » est à l’orgue, une rareté dans sa production qui permet des liens avec le gospel et la soul music. A écouter fort avec ses voisins.
« Ray Charles, The Complete 1961 Paris Recordings », livret de Joël Dufour, Frémeaux et associés

Travail de mémoire
Alain Goraguer ? Ce nom ne vous dit peut-être rien mais si vous avez écouté Boris Vian, en cette année de son centenaire, vous avez entendu soit les compositions soit les arrangements de ce pianiste/chef d’orchestre. Ferrat, Gainsbourg ont fait appel à lui. Un disque sous son nom commandité par Boris qui fera les notes de pochette, « Go, Go, Goraguer » montrera l’étendue de son talent. « Le monde instrumental d’Alain Goraguer, jazz et musique de films 1956-1962 » permet de le retrouver. Ne ratez pas ce rendez-vous.
Coffret de trois CD, Frémeaux et associés, livret de Olivier Julien

Ray Charles vivant.

Antibes Les 18, 19, 21 et 22 juillet 1961

Le « Genius » – ainsi dénommé aux Etats-Unis – était déjà connu, en cette année 1961, des passionné-es de jazz via l’émission de Franck Ténot et Daniel Filipacchi « Pour ceux qui aiment le jazz » et même de « Salut les Copains » – les deux émissions phares de Europe N°1. Les albums Atlantic de Ray Charles envahissaient les « surprises-parties », des albums enregistrés en 1958-1959. En 1961, comme le rappelle Joël Dufour dans les notes introductives, Ray Charles était parti à la conquête du public blanc via le label ABC et une tonne de violons. Avec un sens du contexte, il livrera au public français de Juan-les-Pins des prestations, des performances marquées du sceau du hard bop – on oublie souvent que l’orchestre de Ray est un orchestre de jazz – et du soul avec des Raelets, dont la soliste Margie Hendrix, au mieux de leur forme. Continuer la lecture

Mai juin 1962 à Paris…

Paris, Ville Lumière du jazz.

La fin des années 1950 et le début des années 60 sont des années fastes pour le jazz, la soul music comme le rock. Paris, capitale des capitales, prend toute sa place dans ce déferlement de création. Le public parisien fera du « Genius », Ray Charles, la grande vedette, la star de la soul music qu’il sera jusqu’au bout de sa vie.
raycharlesCette collection, « Live in Paris », fait la preuve de sa nécessité majeure à la fois pour faire un travail de mémoire fondamental et pour redonner vie à ces concerts qui ont marqué de son empreinte indélébile toute une génération.
Ray et son orchestre de jazzmen se produisent au Palais des Sports – c’est complet – les 20-21 octobre 1961. Une date sanglante pour la France. Le FLN a décidé de manifester et la répression fut sanglante. La Seine allait charrier des corps d’Algériens morts et Charonne allait laisser sur le carreau des manifestant(e)s venu(e)s protester contre cette résurgence d’une période que les contemporains croyaient appartenir au passé. Michel Brillié, responsable de ces publications, cite une extrait de l’autobiographie de Ray Charles qui prétend – faut-i le croire ? – avoir reçu des assurances du FLN que ses concerts ne seraient pas perturbés. Il arrive que la réalité fasse preuve de plus d’imagination que l’imagination la plus fertile. Curieuse relation entre jazz et politique dans la France de ce temps où les jeunes manifestants étaient aussi des jazzfans conséquents. Continuer la lecture