Des cadeaux, encore pour soi, pour d’autres, pour le don et son plaisir

Noël, une histoire de dingues », Mark Forsyth (traduit par Thierry Beauchamp, aux éditions du Sonneur), donne le la des fêtes et des commémorations diverses. La naissance de l’enfant Jésus le 25 décembre est un long processus qui s’appuie plus sur les évangiles officieuses que les officielles. Il faut participer de cette élaboration des « fêtes » pour rire des présentations de ce qui est aujourd’hui considérées comme des dogmes qu’il est impossible de contester. L’auteur, érudit, fait partager sa contestation des réalités, résultat souvent d’un enchevêtrement de strates civilisationnelles occultées pour figer le temps. Une leçon d’histoire des mythes, de leur maturation mais aussi des erreurs d’interprétation qui fait de Coca Cola, par exemple, dans sa campagne de pub de 1929, le créateur du costume du Père Noël.
Des histoires à partager en famille et pour briller dans les diner de fêtes ou non. Pour rire et apprendre.
Une bonne introduction à cette époque de cadeaux à ne pas hésiter à (se) faire.

Histoire en BD
Les essais ont été nombreux et pas toujours satisfaisants, certains tombant dans la caricature. Pour ce volume 11 de l’« Histoire dessinée de la France », Stéphane Van Damme et Héloïse Chochois mettent en scène trois narrateurs projetés au 17e, Pierre Goubert, Ernest Lavisse et… Alexandre Dumas pour une enquête sur l’absolutisme. Chacun a, au départ, sa grille de lecture. Dumas lui essaie de tirer la matière d’une fiction. Une visite étrange et plaine de découvertes. Une manière de mêler faits et interprétations. Pour ce faire, la BD se fait belle. Réjouissant.
« Dans l’absolu, de Louis XII à Louis XIV », Van Damme/Chochois, Revue dessinée/La Découverte.

Découvrir Georgia O’Keeffe
D’abord voir, regarder les photographies, les tableaux pour découvrir le monde vu par les yeux d’une femme qui se voulait libre. Elle refusait d’être définie par ses origines mais seulement par son parcours. New York a été, pour elle, une grande source d’inspiration. Plus que ça peut-être. Tout autant que les territoires désertiques qui sont devenus ensuite son quotidien et qu’elle a su représenter pour les transformer en autant d’allégories de notre monde entre réalité et imaginaire.
Sa biographe, Alicia Inez Guzmàn, la traque et elle se dérobe gagnant « L’espace pour liberté », sous titre de cette bio, pleine de couleurs et de formes, ses moyens d’expression favoris .
« Georgia O’Keeffe », Alicia Inez Guzmàn, Flammarion.

Musique, Soul/Jazz et Rock
« Ray Charles live at the Olympia, Paris 1962 » coffret de trois CD, concerts enregistrés du 17 au 25 mai, superbe. Que dire de plus ? « The genius » est au plus haut. Ce coffret est indispensable. la qualité technique est au rendez_vous. Un cadeau intergénérationnel.
Il faut faire cohabiter Ray Charles avec Cannonball Adderley, saxophoniste alto, boulet de canon – son surnom, dérivé de « Cannibal » parce qu’il mangeait tout le temps, son tour de taille en fait foi – pris sur la vif salle Pleyel _ il faut lire et relire la description de ce temps de la musique classique pris d’assaut par des hordes de jeunes par Julio Cortazar – en 1960 et à l’Olympia en 1961 dans la collection « les grands concerts parisiens » (trois CD). Ces années 1960 pris dans la tourmente de la guerre ,d’Algérie a su aussi faire vibrer la jeunesse avec des musiques de la danse et de la transe. Le décalage laisse un tant soit peu rêveur. Ces enregistrements ne doivent faire oublier la répression de Papon et de cette Seine obligée de charrier des cadavres.
Revenons un peu en arrière pour un curieux coffret (de trois CD aussi) consacré à Moustache – Galépidès pour l’état civil-, longtemps batteur de Claude Luter, pour une plongée dans un monde que d’habitude – pour ce temps – les amateurs de jazz n’aimaient pas, le rock. On se souvient des parodies de Boris Vian et de Henri Salvador, aidés par Michel Legrand, de rock… qui ont eu, au grand dam des initiateurs, du succès. Les ados de l’époque prenant ces réalisations au premier degré. Il faut dire qu’elles étaient réussies. Moustache s’en donne ici à cœur joie, sans retenue. A découvrir et pour danser sur le volcan de la pandémie. « Jazz & Rock’n’roll, en France 1953-1958 », un bon titre.
Les trois coffrets chez Frémeaux et associés.