Histoires de chansons françaises.

Le jazz a un tournant, panne d’inspiration de Gainsbourg…

Frédéric Régent poursuit Serge Gainsbourg, dans le volume 2 de cette « Intégrale Serge Gainsbourg et ses interprètes » qui couvre des années étranges 1960 – 1962. Étranges par la nouveauté que représente le « phénomène yé-yé ». Le succès de Johnny Hallyday, des « Chaussettes noires », des « Chats sauvages » éclipsent totalement les chanteurs dits « rive gauche » – à cause de l’emplacement des cabarets où ils et elles se produisent -, la chanson française qui devra, de nouveau, se renouveler. Gainsbourg suivra les rythmes du temps, de ce temps pour faire vivre ses textes. Continuer la lecture

Rendez-vous de la semaine.

Bonjour,

 

Mercredi 20 février 2013 de 18h à 19h45 ou 20h – pour rattraper le cours écourté (joli nom ?) d’il y a 15 jours – rendez-vous au Café Mancel pour repartir à Chicago en compagnie de Booker Little et de quelques autres qui viennent de Memphis. Je suis en train d’écrire – un work in progress – une sorte de résumé en forme de contrepoint des séminaires que vous pouvez consulter sur ce même site.

Samedi 23 février, juste avant les vacances – en souhaitant qu’il n’y ait un concert gratuit que je n’aurai pas noté -, pour un voyage dans les nouveautés du jazz de 17h à 18h et plus si affinités… Ne pas hésiter à me dire si le jour, l’heure ne sont pas bien choisie et me faire quelques propositions. Merci.

Bonnes vacances.

Une réédition qui s’impose

L’Oiseau en liberté.

Charlie Parker est, peut-être, l’incarnation du génie toute musique confondue. Ses aventures sont semblables à celles de Mandrake. Je ne sais si la génération d’aujourd’hui lit encore ces bandes dessinées mais ce magicien avait le don de se transformer, de se mettre en danger à chaque fois. Jamais le même tout en conservant la même apparence. Parker avait cette volonté. Ne jamais être le même, surtout ne pas se rejouer, susciter l’inattendu, la surprise. Etre là où on ne doit pas se trouver. Se mettre en danger, pour créer la nouveauté. Ne pas respecter la mesure pour mieux la retrouver, lui donner sa visibilité. Surtout ne pas faire semblant. S’impliquer totalement. Au risque de se perdre. De s’envoler vers des contrées dont on ne revient jamais. Longtemps, il a réussi ce tour de force qui nous apparaît, à l’écoute des enregistrements, comme une évidence. Une évidence qu’il a rendue possible. Avant lui, ces paysages n’existaient pas. Il nous les a fait découvrir comme il a permis à d’autres de les fréquenter. C’est vrai qu’ils donnent l’impression d’être usés. Continuer la lecture

Interrogations sur le jazz et l’art du 21e siècle

Quel sera l’art du 21e siècle ?

En ces temps où règne une atmosphère de fin de l’histoire, cette question de la survie de l’art mérite d’être posée. Va-t-il disparaître corps et biens ? C’est la vulgate à la mode. Il faut dire que la scène artistique pourrait conduire à cette conclusion. Non pas que la production artistique ait reculé. Elle a plutôt augmenté, en quantité et en qualité. Les musiciens sont meilleurs, ils sont mieux formés, comme les peintres ou tout autre artiste. L’école elle-même peut quelque fois conduire à la répétition plutôt qu’à la création.1 Le terme même de « production » indique la difficulté. La culture est dominante. Et non plus les œuvres d’art. Celles qui déclenche un rejet profond pour la plupart et qui, pour d’autres – toujours minoritaires – laisse entrevoir un autre monde, un autre univers, un futur se dessinant en pointillés. L’œuvre d’art installe une rupture. Un nouveau regard, une autre manière d’appréhender le monde, de l’écouter. Ce fut le cas, pour toute la génération du « baby boom », du free jazz – pour cette musique art-de-vivre – et de la « nouvelle vague », pour le cinéma. Ces œuvres d’art ouvraient la voie à la révolution qui allait suivre. Sans elles, cette génération n’aurait pas été la même. Les conditions sociales peuvent expliquer en partie leur naissance. Elles sont nécessaires mais non suffisantes.
Philippe Carles et Jean-Louis Comolli, dans un livre du début des années 1970 – 1971 exactement -, Free Jazz/Black Power, donnaient la primauté à l’idéologie dans leur histoire de l’émergence du jazz – du free jazz en particulier mais pas seulement, ils réécrivaient par cet intermédiaire toute l’histoire du jazz et du blues, suivant la voie ouverte par Leroy Jones dans « Blues People »2 – en lien direct avec les luttes de libération, pour les droits civiques d’abord pour la révolution sociale ensuite. Les « Blacks Panthers » exprimaient directement le fait que « La révolution viendra d’une chose noire ».3 Ils furent détruits à la fois physiquement par le FBI – qui s’en souvient ? – et idéologiquement par leur vision de la lutte et de la révolution. Ils n’ont pas tenu compte des changements de contexte… Cette vision, malgré les critiques – et elles furent nombreuses -, reste pleine de sens. A condition d’interpréter le terme d’idéologie comme un système de référence, une projection du présent dans le futur et d’un futur forcément différent. C’est la vision de la rupture. Passant par le refus de poursuivre les tendances du passé qui sont à la base de toutes les prévisions économiques. Ce futur a des conséquences politiques et sociales, mais aussi artistiques. Pour aller encore plus loin, pour faire du présent la somme dialectique de ses parties, le passé et le futur, il faut l’œuvre d’art. Et le monde bascule. Continuer la lecture