Université populaire Jazz, le 8 mars 2017

Bonjour,

Surprise ! Dans le cadre du thème de cette année, la « West Coast », les projecteurs sur les femmes de ce style qui n’existe pas, allant des chanteuses aux instrumentistes ou l’inverse.
Exceptionnellement, nous démarrerons à 18h15 pour finir à 19h45.

Les femmes du jazz west coast participent de la même épopée des autres femmes du jazz et d’ailleurs. Certaines peuvent être très connues de leur vivant mais, une fois mortes, elles disparaissent de tous les cadrans.
Je citais, dans un texte que vous trouverez sur ce blog, le cas de Augusta Holmes, une anglo-française qui composa l’ode à la révolution française en 1889, des chansons… Une fois morte, au début du 20e siècle, elle a disparu de toutes les anthologies et autre histoire de la musique. Elle a été re découverte récemment.
Pour la west coast, les chanteuses eurent leur heure de gloire. Une fois disparue qui connaît encore Lucy Ann Polk, Frances Faye, June Christy, Chris Connor et même Anita O’Day, inspiratrice des deux dernières citées et de la west coast rêvée…
Les instrumentistes sont, sans doute, encore moins bien lotie pour ce qui est de la mémoire. Qui se souvient de ce Big Band uniquement de femmes : International Sweethearts Of Rhythm dans le quel jouait du piano Lorraine Walsh devenu Geller de par son mariage avec le saxophoniste alto, de le côte ouest, mais parkérien en diable, Herb Geller ? Qui connaît encore Clora Bryant, trompettiste et chanteuse ?
Qui se souvient du scandale provoquée par Mae West dans ce Hollywood coincé des années 30. Sa conduite, libre – comme un homme ! – suscita le courroux de ces mêmes hommes ? Qui se souvient aussi que Mae West (je n’ai pas eu le temps de vous la faire écouter) avait enregistré avec l’orchestre de Duke Ellington en 1934, pour la radio, ce « My Old Flame », un des thèmes des « Musicals » notamment « Gay Divorcee » avec Fred et Ginger

Et toutes celles, oubliées dont personne ne se soucie, celles qui, pourtant, forment le patrimoine, la moitié, de l’humanité, du jazz pour ce qui nous concerne ?
Plus encore, toutes celles qui se sont – ou ont été – effacées par leur mari, leur compagnon, où sont elles ? Comment les découvrir ?
Les rapports de domination de sexe ont des conséquences dramatiques pour notre propre histoire, pour notre mémoire.
Il est nécessaire de réévaluer cet apport et pas seulement un jour de l’année. Reconnaissons que c’est difficile. Le mâle tend à prendre toute la place…
(à suivre. J’essaierai de mettre après notre rendez-vous quelques extraits musicaux)

D’abord cet orchestre (Big Band) uniquement féminin « International Sweethearts of Rhythm », en 1941 ou début 42
Don’t get it Twisted

Lorraine Geller, née Walsh, qui a participé au Sweethearts of Rhythm, le groupe qui a succédé au précédent. Morte à 30 ans
Everybodys-Blues a été enregistré en 1954

Betty Bennett, chanteuse, n’a pas beaucoup de trace sur le net… Pourtant…
Treat me rough

Une autre grande chanteuse qui a eu beaucoup de succès sur cette West Coast quoique née à Brooklin (NYC),
Frances Faye
Its allright with me

Lucy Ann Polk fut la chanteuse de l’orchestre de Les Brown où elle succédé à Doris Day. Ici en 1958, avec Marty Paich (p) et Howard Roberts (g)
Wrap-Your-Troubles-in-Dreams

Clora Bryant, trompettiste et chanteuse, ici en 1957
Man-With-The-Horn

Peggy Lee, et son grand succès, « Fever » de 1959 avec James Bond (b) et Al « Tootie » Heath (dr)

Chanteuse et siffleuse, Debby Moore, en 1959, avec Harry Edison (tp)
Why Dont You Do Right


Nicolas.

Voir : Les femmes du jazz.

Les femmes, grandes oubliées de nos livres d’Histoire.

Pour une histoire «ouverte »

les-fran-aises-au-coeur-de-la-guerre_9782746738959Mis à part quelques égéries, Jeanne d’Arc, Jeanne Hachette – pour qui je garde une secrète admiration pour cette héroïne inventée -, les femmes ne font pas partie du paysage de l’Histoire. L’Histoire est souvent masculine. Les hommes font l’Histoire. Les femmes sont reléguées dans les histoires.
Une erreur profonde.
Qui commence à être corrigée. Les ouvrages se multiplient. L’un des derniers en date, « 1939-1945, Les Françaises au cœur de la guerre », réalisé en collaboration entre les éditions Autrement et le Ministère de la Défense, sous la direction de Evelyne Morin-Rotureau, permet de revisiter tous les grands thèmes de cette Histoire y compris celle de la Shoah, de ces « femmes juives en France ». Un nouvel éclairage de la vie au quotidien comme celle de la Résistance ou plus encore les conséquences de la politique de Vichy.
Les têtes de chapitre donnent une idée des sujets traités. « Subir l’Occupation », comment vivre ou survivre, comment se soustraire au type de rapports sexuels voulus par les autorités d’Occupation, à la politique familiale de Vichy et à la « Fête des Mères » instituée par le maréchal Pétain ? Comment les femmes se sont organisées face à l’occupant ? Elles militent, elles font partie des organisations de la Résistance. La Libération, « fête folle », se traduira par le doit de vote mais la libération dans la vie de tous les jours attendra…
Les auteur(e)s constatent aussi que les Résistantes disparaissent assez rapidement du paysage politique alors que les associations de Résistants fleurissent et vont occuper une très grande partie du terrain.
Les auteur(e)s ne font pas l’impasse sur les « oubliées de l’art » dont « les femmes remarquables dans le cinéma français sous l’Occupation ou Marlène Dietrich… Toute une histoire restés dans l’ombre…
L’iconographie, superbe comme souvent dans ce type d’ouvrage, se compose de plus de 200 photos et de documents d’époque. Elle appelle à poursuivre ce travail d’archives pour retrouver les traces de ces existences, de ces parcours.
Pourtant les figures de Résistantes existent – comme celle de Joséphine Baker – mais elles ont eu tendance à occulter la réalité de la volonté de survivre, de se libérer de toutes ces femmes qui ont voulu prendre en mains leur destin. Il fallait revenir sur cette période pour comprendre notre passé commun, pour que notre patrimoine s’enrichisse de cette Histoire. Pour comprendre aussi que le combat pour les droits de femmes est un combat pour les droits de tous les êtres humains.
Ce livre là ouvre des perspectives de travail à tous les historiens et pas seulement aux historiennes !
Nicolas Béniès.
« 1939-1945, les Françaises au cœur de la guerre », Ministère de la Défense/Autrement, sous la direction de Evelyne Morin-Rotureau.

Conférences à Crest (Drôme) sur les femmes du jazz, du 5 au 10 août 2013

Rendez-vous à Crest Jazz Vocal

 

Cette année, je serai encore à Crest, au festival de jazz « Crest Jazz Vocal » où je donnerai une série de conférences portant sur « Les femmes du jazz, un continent oublié ». En avant-première, le lundi 5 août, pour introduire l’art particulier de Céline Bonacina, saxophoniste baryton, je brosserai – à grands traits – une « petite histoire du baryton ».

Le mardi 6, ce sera la projection du film de Martin Scorcese, « New York New York » qui invite à réfléchir sur plusieurs thèmes dont celui de la place des femmes dans les arts mais aussi des rapports entre œuvre d’art/culture et marchandise, de la drogue, de l’asociabilité des musicien(ne)s de jazz et de beaucoup d’autres choses encore. C’est un film philosophique en même temps qu’historique puisqu’il se situe, dans cette histoire du jazz et des États-Unis, juste après la seconde guerre mondiale au moment où les big bands disparaissent – et Georgie Auld/Robert de Niro en crée un à ce moment là qui ne pouvait que faire faillite – et le bebop impose sa loi via la révolution parkérienne.

 

Mercredi 7 Les « canaris », ces chanteuses de grands orchestres, deviendraient-elles des aigles ? A travers l’histoire de Anita O’Day, musicienne accomplie, chanteuse de l’orchestre de Gene Krupa (batteur engagé par Benny Goodman qu’il quitte dans les années 1940 pour créer son propre orchestre), à 21 ans pour ensuite passer chez Stan Kenton. Elle influencera toutes les chanteuses qui suivront à commencer par June Christy et Chris Connor.

On parlera aussi des « Sweet Petunia »….

 

Jeudi 8, autour des cheffes d’orchestre, avec un spécial Lil Hardin Armstrong (voir son portrait dans « En passant par Chicago », synthèse style work in progress de l’année de l’UP Jazz.

Vendredi 9 Autour de quelques chanteuses oubliées; autour de Betty Roché qui fut la chanteuse de Duke Ellington à deux reprises – je l’avais entendre aux côtés du Duke pour cette version à succès de « Take the « A » train » avec Paul Gonsalves en 1952 – et enregistra quatre albums…

Samedi 10, pour le final, une petite histoire du combat féministe des cheffes d’orchestre à commencer par Billie Holiday, Mary Lou Williams, Lil Hardin Armstrong… jusqu’à nos jours….

 

A vous voir…

 

Nicolas Béniès.