Jazz, Dave Liebman, rencontre au sommet

Sous la cendre, la création encore.

Aucun album signé par Dave Liebman, saxophone soprano, ténor et flûtes, ne laisse tranquille. La sonorité des instruments qu’il se refuse à cajoler est au service de compositions interrogatives sur notre monde absurde tout en dégageant créativité et émotions. Il sait alterner les voix et les métriques pour envoyer l’auditeur vers d’autres horizons. Un de ceux qui marquent le passage entre les deux siècles.
Est-ce l’âge, la décomposition des Etats-Unis – bien mise en évidence par l’élection de Trump, postérieure à la date d’enregistrement de cet album -, la volonté de retrouver des compagnons un peu perdus de vue pour un voyage dans le temps et dans l’espace ou tout simplement pour proposer un bilan de ces années de feu que furent ces années de l’après 1968. On dira que c’est un peu la mode. Ce sera vrai. Tout dépend de la manière de le faire. Nulle nostalgie, juste cette mélancolie nécessaire pour faire le deuil d’un pan de notre histoire collective et personnelle qui donne l’impression de se clore. Continuer la lecture

JAZZ, Ballades

Retrouvailles

Comme si nous avions perdu de vue deux vieux amis. Comme si nous nous retrouvions chez l’un – Dave Liebman, saxophone soprano, ténor, flûtes – ou chez l’autre – Richie Beirach, piano, pour échanger sur le temps qui passe, celui qui reste dans la gorge ou bien celui qu’il fait sans craindre de faire référence aux auteurs classiques, ici Bach, Kurt Weil, Billy Strayhorn et Duke Ellington pour faire appel à Wayne Shorter dessinant un portrait, « Sweet Pea », de Strayhorn ou à Jobim tout en soulignant la place des compositions originales. Sans oublier Coltrane et son aura qui inonde le duo.
L’amitié est ici le ciment essentiel. Elle donne à cette rencontre une atmosphère de fraternité loin de tous les combats qui agitent d’habitude le monde du show biz dont peu ou prou le jazz fait partie.
Ces deux là se jouent de toutes les références tout en jouant avec leurs communes influences. Un patrimoine commun leur permet de dialogue sereinement sur ce monde qui ne tourne plus rond, autour d’un verre de ce vin magnifique, ce vin des contrées oubliées et perdues que seule la conversation musicale permet de retrouver. La violence resurgit parfois au détour d’une de ces pointes dans les aigus de ce soprano toujours en éveil. Continuer la lecture