Les incertitudes alimentent la crise

Le « ça va mieux » de Hollande a fait long feu.

La préparation du budget en France est à la fois électoraliste – dans la mesure du peu de possibilité que laisse les politiques de baisse des dépenses publiques – et hors de l’analyse de la conjoncture. Les signes de rechute de crise financière et de crise économique se multiplient. Le gouvernement Hollande, comme la droite, n’en a cure. Il reste bloqué sur la prévision de croissance de 1,5% et une amélioration pour l’année prochaine qui ferait baisser le ratio déficit sur PIB par l’augmentation plus forte du PIB que le déficit pour atteindre les fameux 3%. Un optimisme de commande qui ne correspond pas aux chiffres récents de l’INSEE et à l’incertitude qui domine le monde. Continuer la lecture

Économie. Pour comprendre l’évolution de la conjoncture

,
Analyser de la crise systémique du capitalisme

Faisons-le « façon puzzle » – pour citer Blier dans les « Tontons flingueurs » – pour apercevoir les « jamais vus », les originalités de la période qui mettent la puce à l’oreille sur la profondeur de la crise – terme que je vais définir en deuxième partie.

Première partie : Le puzzle

Les cours de la Bourse d’abord. Le CAC – pour cotation automatique en continu, un indice calculé par la SBF, Société des Bourses françaises – 40 (pour les 40 valeurs – tout secteur confondu – les plus importantes cotées à la Bourse de Paris) fait du surplace. Il oscille entre 4500 et 4200 points comme si les opérateurs s’étaient donnés mot. A 4500, il baisse et à 4200, il remonte. On dit que la Bourse fait « Bunny », le lapin. D’habitude, elle est soit « Bullish », elle fait le taureau, elle monte ; soit « Bearish », elle fait l’Ours, elle baisse. Le lapin signifie qu’elle reste assis sur son cul, elle tourne la tête à droite, à gauche, sans vraiment bouger. C’est révélateur du degré d’incertitude jamais vu. Jouer à la Bourse est de plus en plus un vrai pari. Les indicateurs se sont évanouis. La Bourse navigue en pleine troisième dimension. On a l’impression que rien n’a changé alors que les balises n’ont plus de sens. Les traders se raccrochent actuellement aux cours du pétrole, eux-mêmes dépendants de la spéculation. Le Monde daté du 6 septembre 2016 titre, par exemple, « La Bourse en quête d’un nouveau souffle »… il n’est pas sur qu’elle le trouve…
Depuis au moins la chute des Bourses chinoises le 15 août 2015, les Banques centrales pratiquent, dans les pays capitalistes développés, une politique monétaire pour le moins étrange et en dehors de tous les dogmes du libéralisme économique. Le taux directeur approche zéro. Un peu plus élevé aux Etats-Unis, de 0,25 – et la FED, la banque fédérale américaine voudrait bien augmenter ses taux pour avoir des marges de manœuvre – à -0,1% au Japon et 0% pour la BCE. Continuer la lecture

ça va mieux ?

La crise entre parenthèses

L’analyse de la conjoncture ne peut se limiter à un seul pays. La croissance de l’économie française a enregistré un léger mieux au premier trimestre de 2016, suivant les estimations de l’INSEE provoquant un tonnerre de cocoricos. Pourtant, la situation de l’économie mondiale reste dominée par deux dangers principaux : le ralentissement de l’économie américaine et la politique monétaire de la FED comme de la crise ouverte en Chine.

En convalescence ?
L’économie française « va mieux » et ce n’est pas seulement François Hollande qui l’affirme mais aussi l’INSEE dans son estimation de la croissance du PIB pour le premier trimestre 2016. qui avait prévu 0,4%, et ce serait – l’estimation peut-être revue – 0,5. Pas de quoi fouetter un chat ? Que nenni prétend Michel Sapin, le ministre des finances, c’est une très bonne nouvelle qui a été associée à la baisse du nombre de chômeurs de la catégorie A… pour grossir les catégories B et C, une manière de passer du chômage à la précarité.
La hausse limitée de la croissance s’explique par l’augmentation de la consommation des ménages, +1,2%, moins par celle de l’investissement des entreprises. Pourtant, les marges brutes des entreprises – les profits – se sont bien redressées par l’action sous l’effet du CICE et du « pacte de responsabilité » mais sans action sensible sur l’investissement productif…faute de demandes solvables suffisantes. Il faut rajouter que la consommation des ménages n’avait guère progressé après les attentats de novembre 2015. Un rattrapage a eu lieu, en même temps que les soldes au premier trimestre de 2016. Ce résultat risque d’être une exception. D’autant que la zone euro connaîtra une faible croissance de l’ordre de 1,6%, suivant selon la Commission Européenne, et se trouve minée par la récession en Grèce et en Espagne. La politique d’austérité est sur la sellette malgré les injonctions de Bruxelles pour encore plus baisser les retraites et compresser les minima sociaux. Une politique qui se traduira par la poursuite du processus déflationniste malgré la politique expansive de la BCE. Continuer la lecture

La politique d’austérité des gouvernements de la zone euro rapproche le risque de récession.


En attendant « Godot la croissance »

La conjoncture économique dans la zone euro est marquée par la récession et la déflation. La baisse des prix constatée sortie usine pour les biens industriels est en lui-même l’indicateur de la surproduction. La politique d’austérité accentue la contraction du marché final et conduit à une baisse des investissements, à la montée du chômage et à une nouvelle crise financière et économique.

La politique budgétaire oriente l’action sur les dépenses publiques dans le sens d’une énorme baisse de 21 milliards d’euros. Du jamais vu. Elle se décompose en :

–7,7 milliards pour l’Etat sous la forme d’une baisse du pouvoir d’achat des fonctionnaires et la réduction de leur nombre sauf pour l’Éducation nationale (+ 9400 postes) et, dans une moindre mesure, pour la Justice et l’Intérieur ; et une diminution du service de la dette (amortissement + intérêts) permise par la faiblesse des taux de l’intérêt. Les marchés financiers prêtent à des taux d’intérêt « réels » – grosso modo la différence entre le taux nominal et le taux d’inflation – négatifs.

-3,7 milliards pour les collectivités territoriales, baisse qui aura un impact récessif sur les investissements publics et se traduira par la dégradation des conditions de vie des populations qui alimentera leur colère sourde. Les jacqueries sont probables. Dans le même temps, le Bâtiment-Travaux Public s’installe dans la récession.

-9,6 milliards pour la Sécurité Sociale dont 3,2 milliards pour la branche maladie. Il est prévu d’économiser 890 millions sur les dépenses hospitalières alors que les hôpitaux sont déjà dans une situation difficile. Des fermetures, des regroupements sont envisagés au détriment du droit fondamental à la santé. Là encore le gouvernement alimente le ressentiment. Comme s’il avait décidé de jouer le vote Front National. Le vote des députés sur la modulation des allocations familiales devrait permettre de rapporter 700 millions. Il est vrai que cette branche de la Sécurité sociale est une branche rapportée. Elle fait plutôt partie de la politique familiale. Mais remettre en cause son caractère universel peut permettre – on entend déjà le Medef – d’élargir cette décision aux autres allocations. Continuer la lecture

L’économie française en 2015

Stagnation ou dépression

Le gouvernement français table, dans son projet de budget pour 2015, sur une croissance de 1%. Soit, dans tous les cas de figure, une très faible augmentation des richesses produites. Cette hausse ne permettra pas de baisser le nombre de chômeurs. Si elle a lieu…
Les estimations de croissance du PIB, pour 2014, tournent autour de 0,4% sans tenir compte des incertitudes géopolitiques, « les nouvelles guerres », ni des risques d’éclatement des « bulles » spéculatives diverses qui se sont construites dans la plupart des pays capitalistes développés, à commencer par la Grande-Bretagne, grâce à la création monétaire sans frein. Continuer la lecture