L’infortune d’être soi.
Louis-René Des Forêts (1916 – 2000) est un auteur étrange inséré dans ce 20e siècle dont ce nobliau fut le plus violent critique tout en participant à toutes ses guerres et à tous ses espoirs. Né dans la Première guerre, il fut un des protagonistes de la seconde, s’opposa à la guerre d’Algérie (signataire du Manifeste des 121) et vivait l’écriture comme une malédiction. Il s’est servi de toutes ces expériences pour construire une œuvre aux entrées multiples où la naïveté barbare des enfants est mise en scène. Une formule ternaire, qu’il faut entendre comme une harmonique, pourrait résumer l’appel de cet auteur qui n’entre dans aucune case toute faite : « L’éclat du rire, le sel des larmes et la toute puissance sauvagerie » (cité par Dominique Rabaté dans sa présentation). Les « Œuvres complètes » ici réunis font la démonstration d’une maîtrise de l’écriture qui va crescendo. Les termes de musique viennent sous la plume tellement la structure de ses textes – faut-il parler de roman et même de nouveau roman sans induire des erreurs d’interprétation ? – ressemble à une partition. Il aimait l’opéra et son esbroufe, sa manière de parler de la réalité sous un simulacre de chants et de décors pour singer le factice. Louis-René prendra, dans un premier temps, le masque d’un critique musical, signant de son nom retourné. Continuer la lecture