Les réseaux sociaux, un outil pour les mobilisations ?

A propos de l’essai de Zeynep Tufekci Twitter & les gaz lacrymogènes

Analyse des printemps de la contestation.

Le monde, depuis les printemps arabes, connaît des secousses systémiques, de démolition de ce monde inégalitaire et corrompu. Partout les populations se sont mises en mouvement pour plus de justice sociale et climatique. La lutte contre la corruption des élites, pour les libertés démocratiques et des élections libres marquent de son empreinte cette forme inédite de l’internationalisme sans internationale mais avec les réseaux sociaux, arme de résistance qui permet au collectif de se faire individuellement au risque des fausses informations diffusées par les pouvoirs en place. Partout la répression fait rage de tous les nantis qui veulent conserver leurs privilèges au mépris des revendications populaires et au mépris de la vie humaine. Ces mouvements, à l’instar des « gilets jaunes » en France, sont « sans leaders » et s’organisent via les réseaux sociaux. Continuer la lecture

Un nouvel imaginaire étasunien ?

Une nouvelle nation  en cours de création, les États-Unis d’Amérique ?

un-nouveau-r-ve-am-ricain_9782746740235« Un nouveau rêve américain » peut sembler un titre étrange. Les interrogations sont multiples. « American Dream » relève souvent du cauchemar… Sylvain Cypel, journaliste, fait plutôt référence à l’imaginaire, cet imaginaire qui soude les habitant(e)s d’une même nation au-delà même du territoire. Les immigrations successives sont venues trouver, dans ce pays pour le moins bizarre, l’eldorado, la terre promise. Le « melting pot », un terme provenant du théâtre yiddish, péjoratif au départ devenu une sorte d’étendard de la capacité d’intégration de ce pays sans nom. Ce rêve s’est accompagné d’une blessure profonde jamais guérie, l’esclavage de millions d’Africains déportés sur cette terre. Le racisme est constitutif de cette formation sociale et pas seulement dans les États du Sud. Les « races » – il faut utiliser ce terme comme situant socialement les individus -, les racines européennes sont restées très présentes. Les phénomènes d’acculturation se sont accompagnés de références, de culture commune. Celle des ghettos avec le blues et le jazz mais aussi des « street corner society » pour emprunter le titre du livre de Andrew Foote Whyte (La Découverte) ou des villes marquées par une immigration spécifique. Chaque groupe social référencé a trouvé des formes d’intégration spécifique dans une société où le modèle était le WASP, Blanc, Anglo Saxon, Protestant. L’intégration pour les Juifs d’Europe de l’Est surtout et pour les Siciliens fut plus problématique. Aujourd’hui les « Hispaniques » – l’immigration provenant de l’Amérique latine – posent d’autres types de question.
Dans ces États-Unis, l’appartenance à un groupe social et « racial » se traduisait par un accent spécifique. L’accent du Texas était réputé mais celui de Hoboken (New Jersey) aussi, la ville où a grandi Frank Sinatra. Le langage spécifique des ghettos noirs a été étudié comme celui des Italo-américains ou de Juifs-américains, de ces Américains à trait d’union comme on disait jusque dans les années 1960. Continuer la lecture