Lectures

Petit voyage dans les Beaux-Livres

Les vacances permettent de se construire son propre musée via les catalogues d’expositions en passent de se terminer.
Commençons par…la magie. Ce terme recouvre souvent les superstitions, les peurs irrationnelles qui cachent de profondes angoisses. On sait bien qu’on « ne doit pas croire les superstitions mais qu’il est plus sur de les respecter. » disait un rabbin. Elle donne naissance, souvent, à de véritables œuvres d’art pour se protéger du mauvais sort. Le Musé d’art et d’histoire du judaïsme proposait une promenade avec les « anges et démons dans la tradition juive », une manière de s’interroger sur les représentations du bien et du mal à travers les âges. Les amulettes, gris-gris et autres constructions concentrent des synthèses de civilisations. Souvent, elles se réfèrent à des civilisations panthéistes antérieures aux religions monothéistes. Le rêve, l’imagination ne sont pas loin et font entrer dans un autre monde, celui derrière le miroir, pour susciter d’autres possibles y compris en médecine… Le catalogue ne permet pas d’apercevoir la beauté des pièces exposées mais donne des éléments d’Histoire et de mémoire pour en comprendre la portée.
N.B.
« Magie. Anges et démons dans la tradition juive », ouvrage collectif, Flammarion/Musée d’art et d’histoire du Judaïsme.

Le cinéma fut longtemps considéré comme magique. La reproduction de la réalité a surpris les contemporains. Dés la « camera obscura », la vision du dehors dans une chambre obscure, jusqu’à aujourd’hui en passant par la « lanterne magique », cet art spécifique du 20e siècle a véhiculé toute une série de rêves et de figures. Michelangelo Antonioni qui se classe dans ces magiciens fait l’objet d’une rétrospective à la Cinémathèque française. Il reste le catalogue pour faire connaissance avec le cinéaste italien qui se situe entre Rossellini et Godard. Il a été très inspiré par les peintres italiens toute époque confondue mais aussi par De Chirico notamment. On retrouve souvent ces fresques entre réalité et science fiction dans des endroits étranges. Certains de ses plans sont de véritables reproductions. Comme souvent, comme le démontre Daniel Arase dans « Le détail » (Flammarion), une histoire de la peinture à travers le diable qui se situe dans les détails, les à côtés sont révélateurs, ces petits riens qui changent tout en bousculant notre perception du réel.
Les photos reproduites dans le catalogue essaient d’en faire la démonstration. Mais rien ne vaut les films. De ce point de vue, il est un peu décevant. Les contributeurs, quant à eux, explorent la biographie du cinéaste, un cinéaste avare de révélations sur sa vie. Sans doute parce qu’elle se confondait avec le cinéma. Un créateur ne peut se juger que sur ses œuvres. Notre curiosité s’explique par la volonté de remettre chaque film dans son contexte, qu’il soit, historique ou personnel. Le mystère reste entier et il vaut mieux.
« Antonioni », ouvrage collectif sous la direction de Dominique Païni, Flammarion/La Cinémathèque Française.

Le coin du polar.

 

Une (re)lecture réjouissante.

Tous et toutes les amateur(e)s de polar connaissent Dashiell Hammett (1894 – 1961), les autres ont sûrement vus « Le faucon maltais », de John Huston, dans lequel Humphrey Bogart donne un visage – en forme de « v », c’est de cette façon que le décrit allusivement Hammett – à Sam Spade, un nom étrange pour un détective privé qui ne l’est pas moins. Dashiell – ce nom lui vient de sa mère et de ses ancêtres français, son premier prénom fut… Sam – a une place de premier plan dans la littérature américaine et mondiale. Il a créé un genre, dans les années 1920-30, le polar « hard-boiled », « dur à cuire » pour des intrigues qui refusent toute solution provenant de la seule logique. Refus d’un roman policier type Agatha Christie et de son détective belge, Hercule Poirot qui pense pouvoir résoudre tous les meurtres « en chambre » armé de « ses petites cellules grises ». La littérature descend dans la rue, elle se heurte à toutes les réalités des forces sociales en présence, des intérêts politiques, économiques et au pouvoir. Continuer la lecture

Rencontres.

 

Rétropédalages vers le futur.

La photographie a longtemps été considérée comme un art mineur, plus récemment elle a été qualifiée « d’art moyen », une notion floue qui lui convient bien. Ce domaine artistique, comme, plus tard, le cinéma et le jazz, n’ont pas de définitions précises. Leur périmètre est évolutif, leur champ d’analyse en expansion. Ces « anti-art » au moment de leur naissance sont liés à l’évolution des technologies, des techniques qui les rendent dépendantes de l’industrie et du « retour sur investissement ». Walter Benjamin, étudiant l’ère de la reproductibilité en tirait la conséquence que l’art avait perdu son « aura ». La démonstration est facile à faire. La photographie d’un tableau cache le choc esthétique du tableau. La photographie, si elle ne se veut pas reproduction, peut révéler des trésors cachés du travail du peintre. Continuer la lecture