Traumatismes des exils.
Les commémorations actuelles du centenaire de la Première Boucherie Mondiale sont quelque peu indécentes. Les jeunes gens morts dans cette guerre de partage du monde qui marquait la fin du 19e siècle n’ont pas besoin de la compassion des dirigeants du 21e d’autant que les « gueules cassées » – pour employer le langage d’entre deux guerres – n’ont jamais été reconnus par les gouvernements successifs qui préféraient oublier leur responsabilité. Pour rendre aux vivants leur passé, il aurait mieux fallu rendre compte des causes de la guerre et des raisons qui ont amené la seconde.
« Le chagrin des vivants », premier roman d’une londonienne, Anna Hope (Espérance en français, tout un programme), permet d’évoquer les conséquences traumatiques de la guerre sur les rescapés. La société anglaise – comme la française – développera une sorte de blâme sur ces survivants parce qu’ils ont survécu… En 1920, dans une sorte de halo de Londres – la ville semble sous un nuage face à la réalité de ceux qui cherchent une place dans la société qui les refuse -, Hope, à travers le destin de trois femmes, dresse un réquisitoire de dirigeants qui ne veulent pas voir les effets de la guerre sur les hommes revenus de tout. La boue, la mort collent encore à leurs vêtements, à leur peau. Ils trimbalent avec eux leurs compagnons, leurs lâchetés, leurs fuites et leurs bravoures assumées ou non. Continuer la lecture