Une romancière est née

Qui est coupable ? Comment survivre ?

Un accident de voiture. Qui est responsable ? Le conducteur ? Sa passagère, en même temps que son épouse ? Le hasard d’une route mouillée par la pluie ? La voiture dévale le bas côté et finit dans le ravin. La femme est morte, le mari, Ogui, est paralysé et ne peut pas parler. Il communique par le battement de ses yeux. « Le jardin » de Hye-Young Pyun, écrivaine sud-coréenne, nous plonge dans le cerveau de cet homme cloué à son lit qui veut survivre malgré tout. L’hôpital ne peut pas le garder – il faut libérer des lits -, Ogui se retrouve enfermé dans sa propre maison avec tous les souvenirs, les siens comme ceux de sa compagne. Se tissent les éléments d’une vie et d’une culpabilité de plus en plus évidente. La mère de sa compagne sera – ou non ? – le destin. Un roman dense de tout le vécu d’un pays qui fait de la réussite individuelle le nec plus ultra de la vie en société au détriment de l’existence des individus conduits à s’enfermer dans ce moule sans considération des autres. Une fois pris dans la spirale des pensées de Ogui, Hye-Young Pyun ne vous lâchera plus. Même si la fin est logique et un peu trop prévisible, cette autrice ne vous laissera pas tranquille. Une grande romancière.
« Le jardin », Hye-Young Pyun, traduit par Lim Yeong-hee avec la collaboration de Lucie Modde, Rivages/Noir

Les réseaux sociaux, un outil pour les mobilisations ?

A propos de l’essai de Zeynep Tufekci Twitter & les gaz lacrymogènes

Analyse des printemps de la contestation.

Le monde, depuis les printemps arabes, connaît des secousses systémiques, de démolition de ce monde inégalitaire et corrompu. Partout les populations se sont mises en mouvement pour plus de justice sociale et climatique. La lutte contre la corruption des élites, pour les libertés démocratiques et des élections libres marquent de son empreinte cette forme inédite de l’internationalisme sans internationale mais avec les réseaux sociaux, arme de résistance qui permet au collectif de se faire individuellement au risque des fausses informations diffusées par les pouvoirs en place. Partout la répression fait rage de tous les nantis qui veulent conserver leurs privilèges au mépris des revendications populaires et au mépris de la vie humaine. Ces mouvements, à l’instar des « gilets jaunes » en France, sont « sans leaders » et s’organisent via les réseaux sociaux. Continuer la lecture