Bonjour,
Après une longue période de disette pour les analyses économiques, nous nous retrouvons au Panta Théâtre le mardi 28 avril.
Le thème sera celui traité par toute la presse (économique s’entend), soit « Les signes de reprise de l’économie ». Les patrons ne broient plus du noir, seulement du gris, les consommateurs recommencent à acheter et cette consommation des ménages « tirerait » – pour employer la langue des statisticiens – la croissance.
La dernière Note de Conjoncture de l’INSEE, parue début avril, prévoit 1,1% de croissance pour le premier semestre 2015 – en rythme annuel. Avec des aléas s »importance dont le moindre n’est pas l’avenir de la Grèce dans la zone euro…
Un oubli d’importance parce que cet élément n’entre pas dans les modèles, le système financier et la politique monétaire de la BCE.
L’analyse de la conjoncture a trois outils qui proviennent directement de la comptabilité nationale. Une comptabilité à partie double, d’un côté les ressources – le PIB + les importations, soit le résultat des ventes sur le marché intérieur français -, de l’autre les emplois – la consommation des ménages, l’investissement et particulièrement l’investissement des entreprises, et les exportations. Pour équilibrer le tout on ajoute les variations de stock.
La croissance, soit l’augmentation du PIB, est tirés donc par ces trois emplois. Il faut y ajouter la politique du gouvernement qui est soit contra cyclique soit pro cyclique.
La possibilité de la crise financière et ses conséquences sur la croissance n’est pas envisagée. Elle est rangée dans les aléas…
L’INSEE prévoit donc une timide augmentation de la consommation des ménages – après une quasi stagnation en 2014 -, une hausse des exportations due à la baisse importante de l’euro (qui a tendance à renchérir les importations) et à la chute des cours du pétrole de l’ordre de 60%, avec une difficulté, la définition du prix dit d’équilibre – une invention des économistes néo-classiques -, autrement un prix stable. Les auteurs de la note n’avaient pas tort. le prix du baril remonte ces derniers temps, limitant la chute du prix.
Petite parenthèse. la remonté du cours de baril du pétrole permet à la Russie de connaitre une moindre récession…
Cette baisse du prix du pétrole, comme les auteurs de la Note le soulignent, favorise plus l’augmentation des profits. Ces profits ne servent pas à financer des investissements productifs mais à hausser les dividendes des actionnaires – des fonds de pension, des fonds d’investissement présents au capital des grandes entreprises françaises, celles du CAC 40 notamment – et à racheter les actions de sa propre entreprise. Une sorte de destruction de capital. Une marque ce capitalisme en fin de course. Une action totalement improductive qui ne sert qu’à rendre plus riches les déjà riches. Cependant que la baisse du coût du travail reste toujours la seule variable d’ajustement.
Sans la hausse des investissements productifs, la croissance ne sera pas pérenne.
Dans le même temps, la BCE a décidé de créer 60 milliards d’euros par mois pour intervenir sur les marchés financiers. Les liquidités vont affluer dans les institutions financières. Pour permettre, par la hausse des crédits à l’économie, de financer de nouveaux investissements ? Que nenni! L’effet sera de « booster » la spéculation qui bat déjà son plein…
Il faut lire la démonstration de Steve Keen dans « L’imposture économique » (Éditions de l’Atelier) à propos de la politique de Q/E – Quantitative Easing – de Ben Bernanke lorsqu’il était à la tête de la FED. Cette politique a favorisé les banques mais pas la croissance. Le plus simple dit Keen, dans son modèle d’économie monétaire, donner directement cette création monétaire aux ménages pour augmenter le marché final…
La politique de la BCE est pire encore puisqu’elle rachète sur le marché secondaire. Aucun effet sur la croissance…
Les « signes de reprise » ne sont que des signes…
L’effervescence des marchés financiers – boursiers en particulier – doit être appréciée comme les prémisses d’une future crise financière…
L’incertitude règne en maîtresse d’un monde qui ne pense que par le biais des théories néo classique (libérales) et des politiques d’austérité. Une absurdité en fonction du contexte. Qui ne rebute pas les patrons. L’organisation patronale allemande réclame que Merkel arrête de favoriser mes salariés… Les patrons allemands valent bien les patrons français…
Nous avons comme toujours du pain sur la planche.
A vous revoir…
Nicolas.