Jazz et musique écossaise ( ?)
Je vous dois d’abord un aveu. Lorsque j’ai reçu cet album, « Ceol mor/light & shade », signé Patrick MoLard – rien à voir avec le crachat, plutôt avec le crachin -, joueur de cornemuse et spécialiste de la « grande musique » – traduction de ceol mor – écossaise j’ai eu un mouvement de recul. Contrebalancé par la présence d’Hélène Labarrière à la contrebasse et Simon Goubert à la batterie. Le début du premier morceau n’a pas calmé mes inquiétudes.
Il faut dire que le seul joueur de cornemuse dans le jazz que je connaisse c’est Rufus Harley, natif de Philadelphie – aussi saxophoniste soprano -, que j’avais découvert un jour de juillet 1974 au festival d’Antibes/Juan-les-Pins avec Sonny Rollins. J’étais tombé sous le charme…
Mais un « vrai » joueur de cornemuse ? Je relie cet instrument avec les guerres coloniales des Britanniques au 19e siècle à travers les films dans lesquels on voit charger les troupes écossaises en kilt au son d’une rangée de joueurs de cornemuse…
J’avais tort. En écoutant cet album jusqu’au bout sans a priori, une musique sauvage apparaît, une musique qui franchit le mur du son lorsqu’elle se mêle, via les arrangements de Jacky MoLard (aussi violoniste), à la contrebasse et la batterie, aux saxophones de Yannick Jory, à la guitare de Eric Daniel, une musique qui fait bouger et qui arrive à toucher quelque chose en nous sans donner d’explication.
Ce serait une erreur de rater ce rendez-vous sans possibilité d’affirmer qu’il s’agit de jazz ou d’autre chose. Peu importe. La musique quand elle est belle n’a pas besoin de tenir dans une boîte… Lumière et ombre comme l’indique le titre, un ciel d’Écosse !
Nicolas Béniès.
« ceol mor/light & shade », Patrick MoLard, Innacor, distribué par l’autre distribution.