Jazz. Un train endormi charrie les mémoires de l’oubli.

Voyager de nuit

Un train file. Vers quelle destination ? Aucun voyageur ne le sait. Ils partent. Le reste fait partie des rêves éveillés. Les arrêts, les gares sont diverses comme les multitudes cultures du monde, de ces musiques aux racines spécifiques qui arrivent quelque fois au statut de standard pour un ou plusieurs paysages. Elles dessinent un univers d’espoirs, de luttes, de combats, d’émotions souvent et toujours la mémoire pour faire pousser une nouvelle semence, en les bousculant, en leur faisant rencontrer d’autres univers. Continuer la lecture

Jazz. A trois, c’est parti…

Un trio.

Il est rare que trois musiciens arrivent à se transcender pour arriver à la fois à un dialogue – un trilogue ? – et à une osmose qui laisse croire à la fraternité. Un trio étrange à première vue, mélange de celui de Nat King Cole et de celui classique de Bill Evans. Ici, piano – François Chesnel -, guitare – Pierre Durand – et batteur (producteur en plus) – Davis Georgelet – mêlent idées, sonorités, phrasé pour flatter l’imagination de l’auditeur devenu partie prenante de cette création. Les images succèdent aux sons de ce voyage immobile au plus profond de nous-même. Chacun est tour à tour leader et accompagnateur pour forger un son original tout en intégrant la mémoire du jazz.
Osons une parenthèse. Si ce trio n’était pas « de jazz » mais de « musique » aurait-il plus d’auditeur-e-s ? Si oui, il faudrait abandonner l’étiquette « jazz » même si cette musique née quasiment avec le 20e siècle charrie le patrimoine de tout ce siècle. Une mémoire trop souvent abandonnée comme en friche. Mais le terme ne fait rien à l’affaire… Continuer la lecture

1+1+1=3=1

JAZZ (3)

Le trio, un combat pour l’égalité.

georgelet_zelnik_chesnelUn trio, ici un piano – François Chesnel qui s’affirme comme l’un de ceux qui savent faire vivre les temps du jazz -, une contrebasse – Yoni Zelnik, maître du temps tout en conservant un son rond et une musicalité intacte capable de faire vivre même un air des Beattles pourtant fatigué – et une batterie – David Georgelet qui s’est choisi Shelly Manne comme influence première en privilégiant les balais pour donner à la batterie une place mélodique, pour être un interlocuteur à part entière -, un trio donc et un vrai qui permet à chacun de converser tout en formant un ensemble. Une sorte de quadrature du cercle que ce triangle. L’inspirateur premier est évidemment Bill Evans et ce trio mythique de la fin des années 60 avec Scott LaFaro et Paul Motian. Ce dernier nous a récemment quittés et cette manière de jouer la batterie nous le rappelle et renforce l’émotion ressentie à l’écoute de cette musique qui se donne en douceur, mais cette douceur recèle une violence étrange qui se découvre à chaque écoute. Il est tout autant loisible de penser la référence à Keith Jarrett et à son trio, DeJohnette et Peacok.
Toutes ces influences quasiment revendiquées n’empêchent pas les trois lascars de construire leur propre territoire. Ils réussissent une sorte d’art de la conversation plus difficile qu’on ne le croit. Laisser s’exprimer l’autre pour réaliser un consensus qui donne tout son sel à ces réalisations.
Commencer par cette composition de Monk « Think of one », penser comme un même s’ils sont trois, est tout un programme et un programme tenu. Monk est celui par qui tout commence et finit. Monk reste inscrit dans notre monde, dans notre entrée dans la modernité. « Ugly Beauty » repris aussi est une sorte de définition de l’esthétique du jazz, cette beauté laide ou cette laide beauté devrait susciter – comme tout oxymore – des tonnes de réflexions. Le trio nous en offre une pour dépasser les antagonismes, penser la musique comme un résultat issu de processus multiples qui inclut la laideur.
« The Wee Small Hours » est le titre d’un standard et celui de cet album qui vous restera dans l’oreille comme la nostalgie d’un futur…
Nicolas Béniès.
« The Wee Small Hours », Georgelet, Zelnik, Chesnel, Petit Label, contact@petitlabel.com

Jazz vivant, le temps des festivals… de la côte.

Un festival côtier

Ouistreham ? Vous en avez entendu parler pour ses cures de thalassothérapie et, peut-être, pour son maire qui ne veut pas quitter son fauteuil, André Ledran. Moins sans doute pour son festival de jazz qui commence pourtant à prendre de la bouteille – sans référence directe avec le calva. « Ouistreham Jazz Escales c’est son nom se déroulera – le verbe est juste – du 30 janvier au 2 février, avec deux avant-premières, le 21 janvier au centre socioculturel et le 29 janvier, à 15h, à la Maison de retraite Riva Bel Age, avec les formations de l’Ecole de musique intercommunale pour deux concerts gratuits, façon de présenter le thème de cette année : « Entre classique et jazz ». Les organisateurs ont invité un jeune pianiste, Dan Tepfer, qui proposera sa lecture des « Variations Goldberg » rendues célèbres par Glenn Gould, sous le titre « Variations sur les variations »… une mise en abyme qui pourrait faire voir des faces inexplorées… Continuer la lecture