Un automne printanier
La rentrée est chamboulée, elle ne sait plus où elle en est. Y-a-il eu seulement une sortie ? Le spectacle vivant est sinistré. Les livres, logiquement, résistent. C’est une activité souvent solitaire…
Environ 530 romans aujourd’hui contre 550 l’an dernier se partagent les lecteurs. Ce nombre élevé cache des disparités. Les petits éditeurs souffrent faute de fonds de roulement, de liquidités et les aides de l’État ne sont pas suffisamment ciblées. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Trump et ses trumpitudes comme ses appels du pied à l’extrême droite obligent à commencer par la littérature américaine. Colson Whitehead, deux fois Prix Pulitzer, a publié « Nickel Boys » (voir le site) et Jeffrey Colvin, pour son premier roman, s’est lancé dans une saga qui couvre les années 1930/1980. « Africville » est un docu-fiction nourri de toutes les histoires de la communauté africaine-américaine victime du racisme et de la ségrégation. La couleur de la peau joue un rôle social déterminant. « Être noir, on ne fait pas avec. On est noir, un point c’est tout » (dixit le bandeau), la tragédie de ce pays est totalement résumée et permet d’appréhender les émeutes récentes. C’est aussi une recherche d’identité qui fait toute la valeur de ce roman.
La littérature lettone n’est pas très connue. Osvalds Zebris nous la fait découvrir avec « A l’ombre de la Butte-aux-Coqs », un endroit où se retrouvait la première génération de Lettons, dixit l’auteur. Il nous invite à une plongée dans l’histoire. 1905 est une année révolutionnaire. Le tsar est menacé. A Riga, le climat est à la liberté. Les soulèvements sont multiples, la guerre civile fait rage. Les déchirements, les drames secouent le monde comme les familles pour raconter des histoires dans l’Histoire. La Révolution ne fait pas de cadeaux. Un point de vue intéressant pour comprendre ce moment clé de notre histoire.
Un curieux livre et un livre curieux que ce « Carrousel encyclopédique des grandes vérités de la vie moderne ». Marc-Antoine K. Phaneuf, en reprenant quelques aphorismes proférés ici ou là comme autant de certitudes, ouvre la porte à notre imagination. Dix entrées permettent de faire son choix, de « Propagande » à « Épiphanie » en passant par « Corps de métiers », « Monde animal »… pour rire et réfléchir sur le monde qui est le nôtre et notre capacité de résistance.
N’oubliez pas vos libraires, ils nous sont indispensables. Nous avons déjà quasiment perdu nos disquaires…
Nicolas Béniès
« Africville » Jeffrey Colvin, traduit par Serge Chauvin, Harper Collins, 382 p., 2020
« A l’ombre de la Butte-aux-Coqs », Osvalds Zebris, traduit par Nicolas Auzanneau, Agullo Fiction, 255 p., 2020
« Carrousel encyclopédique des grandes vérités de la vie moderne », Marc-Antoine K. Phaneuf, éditions La Peuplade, 357 pages.