JAZZ, Louis Moreau Gottschalk, ancêtre du jazz ?

Un passé plein d’avenirs

Stanchev/Quelle idée a germé dans la tête de ces deux musiciens, Lionel Martin, saxophoniste itinérant, navigant entre tous les styles, toutes les époques, et Mario Stantchev, pianiste bulgare d’origine et désormais lyonnais de rendre hommage à ce concertiste étrange, compositeur bizarre né à la Nouvelle-Orléans, Louis Moreau Gottschalk (1829-1869) ? Des liens invisibles existeraient entre la métropole lyonnaise et la Nouvelle-Orléans de ce 19e encore marqué par l’esclavage ? Ce fils de financier juif londonien et d’une créole est une sorte de synthèse entre les cultures européennes – les Créoles de la Nouvelle-Orléans sont issus de famille française – et africaines. Il pourrait être un ancêtre du jazz. « Jazz before jazz » dit le titre de cet album, comme si cette musique sans nom bouillonnait déjà dans les bayous et dans toutes ces plantations du Sud comme dans les villes en formation du Nord des États-Unis désunis. Les esclaves sont présents au Sud comme au Nord notamment dans les ports, partout une forme de ce jazz du futur émergera. Continuer la lecture

JAZZ. Musique de la mémoire

Histoires rêvées

cd-sebastien-texier-quartet-dreamers-Un quartet à la fois étrange et traditionnel. Orgue, Olivier Caudron, guitare, Pierre Durand, batterie, Guillaume Dommartin soit un trio qui fleure bon la fin des années 50, de ces groupes formés par Jimmy Smith pour faire avancer l’orgue Hammond B3 sur le devant de toutes les scènes, une formule qui sera reprise jusqu’à son usure totale. Étrange tout de même par l’adjonction du leader de ce quartet, Sébastien Texier, clarinettiste et saxophoniste alto venu avec ses rêves pour transformer ce trio classique en rêveurs d’un nouveau monde. « Dreamers », un titre qui nous va comme un gant. Nous aussi nous sommes embarqués sur le même bateau. Un « radeau de la Méduse » transformé en voilier par la force d’une imagination partagée.
Les compositions de Sébastien s’inspirent de toutes les cultures matinées d’une référence omniprésente aux groupes de Ornette Coleman caressée par une mémoire du jazz qui sert de ligne directrice. L’énergie pousse le groupe souvent en dehors de ses propres définitions pour aller voir ailleurs si le monde est plus fraternel.
Il arrive pourtant qu’un thème fasse trop penser à un des précédents et provoque une perte d’attention mais le suivant relance les dés… Le son de la clarinette retient toujours l’oreille. La rencontre avec cet instrument tient, pour le leader de son rêve d’amour le plus fou et le plus total. La clarinette et Sébastien font corps et pas seulement corps à corps. L’alto transbahute moins de mystères mais plus de mémoire, une alliance nécessaire.
Le tout est un des albums convaincants de ce mois.
Nicolas Béniès.
« « Dreamers », Sébastien Texier Quartet, Cristal Records, distribué par Harmonia Mundi.
Le quartet sera en concert à Jazz Sous Les Pommiers, Coutances (50)

Jazz, Un retour

Michele Hendricks, un peu de Ella ?

Michele Hendricks a commencé en faisant partie des groupes de son père, Jon, un des créateurs du « vocalisme », des textes le plus souvent poétique sur les thèmes qui ont fait l’histoire du jazz. Elle a commencé une carrière soliste – elle a réalisé deux ou trois albums – et s’est arrêtée se faisant enseignante en s’installant en France. Il était loisible de la rencontrer jusqu’à l’année dernière au festival de Crest Jazz Vocal (dans la Drôme) où elle était chargée de stages. Elle montait de temps en temps sur la scène pour offrir aux publics extasiés l’essentiel de son art du scat.
Elle remonte sur scène pour renouer les fils d’une carrière un peu écartelée. Elle profite de l’édition de cet album, « A little bit of Ella (now and then) – titre éponyme de la seule de ses compostions qui en fait partie – pour commencer une tournée. Continuer la lecture