Histoires de chansons françaises.

Le jazz a un tournant, panne d’inspiration de Gainsbourg…

Frédéric Régent poursuit Serge Gainsbourg, dans le volume 2 de cette « Intégrale Serge Gainsbourg et ses interprètes » qui couvre des années étranges 1960 – 1962. Étranges par la nouveauté que représente le « phénomène yé-yé ». Le succès de Johnny Hallyday, des « Chaussettes noires », des « Chats sauvages » éclipsent totalement les chanteurs dits « rive gauche » – à cause de l’emplacement des cabarets où ils et elles se produisent -, la chanson française qui devra, de nouveau, se renouveler. Gainsbourg suivra les rythmes du temps, de ce temps pour faire vivre ses textes. Continuer la lecture

Elvis et nous.

Un pan de notre mémoire.

Bruno Blum, par l’intermédiaire des coffrets publiés par Frémeaux et associés sur Elvis Presley, poursuit son œuvre de salubrité publique mêlant les souvenirs, le travail de mémoire et l’histoire culturelle. Le tout à travers la trajectoire d’Elvis Presley. Le volume 1 s’arrêtait en 1956, au moment où Elvis commence à connaître la gloire. Ce tome 2 ne couvre qu’une année, 1956-1957, mais remplie de bruits et de fureurs, de dénigrements, de calomnie, d’accusations plus imbéciles les unes que les autres de ces « ligues » de défense de la morale, de ces Eglises qui ne savent qu’exclure, excommunier. Peter Guralnick, cité ici, dans sa monumentale biographie d’Elvis (traduite aux éditions du Castor Astral) reprend tous les articles, toutes les déclarations contre Elvis. Bruno Blum rajoute les appréciations de Boris Vian qui – il l’a affirmé à plusieurs reprises – n’aimait pas le rock. Il trouvait – et il n’a pas toujours tort – que c’était une simplification du blues et qu’il était souvent vulgaire faute d’introduire le « double entendre », comme disent les Américains, du blues, cette ironie singulière qui transforme la grossièreté apparente en une poésie étrange. Continuer la lecture

Biographie de Stivell

Musique et révoltes.

Ecrire une biographie d’Alan Stivell – une grande première -, lui qui a fait découvrir la harpe celtique au monde entier, travail que son père avait commencé, suppose de faire référence à toutes les luttes sociales, linguistiques et de libération qui a secoué cette région depuis plus de 40 ans. Laurent Bourdelais, poète et professeur d’histoire s’y est essayé. Un hymne à la Bretagne, au Morbihan plus spécifiquement vient sous la plume de cet enfant qui n’est pas de ce pays. Pour découvrir à la fois les textes, le contexte social de ces années là et pour (re)faire connaissance avec le musicien.

 

N.B.

« Alan Stivell », L. Bordelais, Editions Le Télégramme, 334 p.

Conserver notre patrimoine

A TRAVERS NOTRE HISTOIRE TROP SOUVENT OCCULTÉE

Conserver notre patrimoine.

Le présent a souvent comme conséquence des commémorations qui visent à reconstruire un passé fantasmé. La période de l’Occupation – 1940-1944 – est très révélatrice. Dans un premier temps, elle fut purement et simplement ignorée, occultée. Tous les Français avaient été résistants à un régime du Maréchal Pétain considéré comme traître et au nazisme. Les matérialistes – ils ne sont pas nombreux – se demandaient comment ce régime avait pu survivre aussi longtemps dans un environnement hostile. Seulement par la répression ? Continuer la lecture

A propos du jazz en France, retour sur des concepts,

Modernité et identité

 

Le jazz arrive en Europe avec la fin de la première guerre mondiale. En 1917, débarque avec les troupes américaines, le premier jazz-band1, celui de Jim Europe2 Reese La diffusion de cette musique syncopée sera rapide. Elle correspond aussi à la naissance d’un nouveau type d’établissement dont le Casino de Paris sera l’emblème. En 1925, La Revue Nègre, avec Joséphine Baker – danseuse nue – et un certain Sidney Bechet dans l’orchestre, fera sensation et suscitera la levée de boucliers des « bien pensants » – comme d’habitude. Le Parlement autrichien, en 1926, délibérera sur le « cas Joséphine Baker ». Fallait-il ou non lui permettre de se produire ?3 Continuer la lecture

Réflexions sur la chanson

Qu’est-ce qu’une chanson ?

Patrimoine, Mémoire, Souvenir, Histoire.

Frémeaux et associés nous offre l’occasion de revenir sur notre histoire culturelle via deux coffrets, l’un consacré à Gilbert Bécaud (1953-1959) l’autre à Serge Gainsbourg (1957-1960). A la fois la continuité et la rupture. La figure de Boris Vian n’est pas loin, lui qui se consacrera du milieu des années 50 à 1959 – année de sa mort – à la chanson et un peu à l’opéra. Boris sera l’un des défenseurs de Gainsbourg sur qui il écrira un article dans le Canard Enchaîné.

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Des mots et des musiques oubliées

BOUM ! SURPRISE-PARTIE

Danse-t-on encore la valse, le rock, la java ? Sans parler de la polka, du tango ou de la mazurka ? Ou encore le cha-cha-cha, le mambo, la rumba, la samba ? Là je réponds oui même si ces danses issues de la tradition afro-cubaine ont changé de nom et s’appellent plutôt salsa, elles restent de nos temps. Elles ne peuvent pas vieillir. Elles proviennent du sang, de la sueur, du rire et des larmes d’une multitude de populations se retrouvant sur une terre d’exil qu’elles n’ont pas choisie mais qu’elles ont fertilisé, dans tous les sens du terme. Continuer la lecture

Deux «dictionnaires » (publié dans la revue de l’Ecole Emancipée)

Une ou deux histoires de la culture…

Deux «dictionnaires » viennent illustrer notre histoire et nos histoires. Comme le rappelle Gilles Verlant dans Je me souviens du rock (Actes Sud collection Variétés) – sur le modèle de « Je me souviens » de Perec – le rock a quelque chose à voir avec notre vie. Et L’auteur réussit à parler à chacun d’entre nous. Et chacun d’entre nous, et là l’âge importe peu, pourrait se souvenir d’événements en relation avec cette musique, qu’André Francis dans un petit opuscule sur le Jazz (« Jazz » au Seuil) qualifiait de musique de voyous. C’est le moindre de ses mérites… Si « on » m’en laissait l’occasion, je me souviendrai de 1963, de ce concert gigantesque où j’avais découvert le sens du mot « masse », sans parler des « mouvements de masse », de la révolte de cette jeunesse et de son désir de changer le monde. Verlant n’hésite pas à dire qu’il n’a rien vérifié, montrant par là la différence entre mémoire – un travail, une recherche – et le souvenir qui suppose une part d’oubli comme le notait justement Blanchot. Continuer la lecture