Jazz, Charles Lloyd

Sauvage la danse ?

Charles Lloyd Wild Man DanceCharles Lloyd, saxophoniste ténor (et un peu flûtiste mais pas ici) fête ses 50 ans de carrière. Né le 15 mars 1938 à Memphis, il a hérité de toutes les musiques charriées par le Mississippi, le gospel, les blues, le jazz mélangées à la culture cherokee. Une mémoire puissante ravivée par l’influence visible et revendiquée de John Coltrane. Sa sonorité fait de plus en plus à celle du dernier Coltrane. Il rejoint ainsi la sonorité de l’héritier en ligne directe, Pharoah Sanders.
« Wild Man Danse » est le titre de cet album Blue Note composé d’une suite en 6 parties enregistrée en public à Wroclaw (Pologne) le 24 novembre 2013. Continuer la lecture

JAZZ, le troisième type ?


Rencontre amicale et jouissive.

Joe Lovano & Dave DouglasApparemment ils sont deux. Un trompettiste, Dave Douglas et un saxophoniste ténor, Joe Lovano. Ils représentent une grande partie du jazz moderne de celui qui ne refuse pas le legs du free jazz, non seulement de Coltrane mais aussi d’Albert Ayler, de Ornette Coleman et de beaucoup d’autres. De ces révolté(e)s qui voyait les transformations démocratiques et sociales à leur porte, midi à 14h. Des utopistes fous capables de transporter des foules de jeunes gens et de jeunes filles vers d’autres planètes plus sûrement que les deux astronautes mettant un pied sur la lune.
Ces deux là en fait sont trois. Pour commencer. Dans l’ombre se détache un grand compositeur de notre temps, Wayne Shorter. Celui notamment du quintet de Miles Davis de 1965 à 1968 composé de Herbie Hancock au piano, Ron Carter à la contrebasse et Tony Williams à la batterie, capable de toutes les audaces et de toutes les transgressions. Un quintet sans suite, sans descendants. Sauf Wayne. Qui sait aussi, comme les deux autres, faire fructifier l’héritage libertaire de ces années 1960. Continuer la lecture

Géopolitique.

Les relations étranges de la France et l’Afrique.

francafriqueFrançois-Xavier Verschave avait construit le concept de « Françafrique », repris par l’association « Survie », pour qualifier les liens néo coloniaux entre l’Etat français – soit au-delà des gouvernements successifs – et les gouvernements des pays d’Afrique francophone. Une manière de qualifier les rapports néo-coloniaux entre l’ancienne puissance coloniale et ses colonies. Des rapports de domination changeants en fonction des mouvements de l’économie mondiale et de la concurrence exacerbée qui s’effectue pour conquérir soit des sources d’approvisionnement – politique du gouvernement chinois – soit des marchés futurs et des stratégies étatiques ou militaires.
L’instrumentalisation du « terrorisme » permet à l’armée française de trouver une nouvelle justification de sa présence renouvelée et du soutien des gouvernements français aux régimes non démocratiques existants. Sous prétexte de « real-politique », les responsabilités des régimes locaux dans l’accroissement des révoltes sont cachées de même que l’incapacité de construire un Etat légitime capable de penser une politique – économique, sociale, culturelle – pour impulser un développement autonome. L’impératif démocratique est l’élément central pour construire un Etat capable de transcender les intérêts individuels comme ceux des grandes firmes. « L’échec de l’Etat », comme l’écrit Bertrand Badie dans « L’État du monde 2015 » (La Découverte »), est une donnée essentielle sinon c’est la guerre. Comme le notait Von Clausewitz, « la guerre est la poursuite de la politique par d’autres moyens ».
« Françafrique, la famille recomposée », à travers les articles des contributeur(e)s, coordonnés par Thomas Noirot et Fabrice Tarrit, brossent le tableau de ces relations où la corruption joue un rôle fondamental. L’adage, « Tout changer pour ne rien changer » vient à l’esprit tant le pouvoir politique, l’armée et les entreprises françaises s’adaptent pour conserver ces « liens privilégiés ». Il faut reconnaître que certains Etats n’hésitent pas à recourir au financement de groupes divers pour que, via la guerre, ils arrivent à s’imposer dans cette partie du monde.
Les prévisions sont favorables au développement du continent africain à condition qu’il se libère de ces dominations anciennes et nouvelles. Ces dernières passent par la dette publique et privée qui bloque les capacités d’industrialisation. Le « tout à l’exportation » est un facteur de faiblesse, de soumission à la loi des marchés internationaux largement dominés par le capitalisme financier et se traduira par des « crises humanitaires » autrement dit par la disette ou la famine des populations. Les migrations dont on parle beaucoup viennent à la fois de ces guerres, de cette instabilité, de cet échec de l’Etat mais aussi de causes climatiques qui viennent s’ajouter à l’ensemble. L’absence d’orientation vers les cultures vivrières est aussi responsable d’une crise écologique profonde sans parler du fait que l’Afrique est souvent prise pour le « dépotoir » du monde capitaliste développé.
Les habits neufs de l'empire« Les habits neufs de l’Empire », sous titré « Guerre et désinformation dans l’Est du Congo », sous la direction de Luigi Elongui, apporte de nouveaux éléments d’information. Il rappelle l’histoire des nations de cette partie de l’Afrique, une histoire souvent inconnue ou méconnue, pour lutter contre tous les stéréotypes xénophobes voulant donner un fondement « racial » aux guerres qui se sont succédées. Il publie des documents du mouvement M23 pour se faire une idée des revendications et des enjeux.
vendredi à BissesseroEnfin, « Vendredi 13 à Bisesero » avec un sous titre comme une sorte de résumé de tous les témoignages recueillis par Bruno Boudiguet : « La question de la participation française dans le génocide des Tutsis rwandais, 15 avril – 22 juin 1994 » est un livre qui montre que, bien avant l’ouverture des archives françaises – décidées en avril 2015 –, les questions étaient déjà sur la table. Questions clés sur la place du gouvernement français dans ce massacre. Le terme de génocide fait débat, on le sait, mais à la lecture de cette accumulation de faits rapportés, qui restent bien sur à vérifier, le scandale est tellement grand que ce qualificatif n’apparaît pas déplacé. Il faut attendre que le gouvernement français ouvre totalement ses archives pour vérifier toutes les données. Pour l’instant le gouvernement français s’y refuse. Ce livre fait la preuve que, dés avant l’ouverture partielle des archives, on savait… Continuer la lecture