Un an après…

Cours, Macron, le vieux monde est en train de te rattraper !

Un an de présidence du jeune Emmanuel Macron et le nouveau monde se fait attendre. Les vieilles lunes du néolibéralisme sont encore de mise. Encore et toujours la réduction des déficits publics, le poids de la dette publique pour justifier la réduction drastique de la dépense publique et la déstructuration des servies publics. Le changement le plus significatif se trouve dans l’insigne faiblesse des responsables politiques, du Premier au plus obscur des secrétaires d’Etat.
« Redonner du sens à la mondialisation » avait dit le Président, sous-entendu lutter contre la perte de légitimité de la construction européenne et les tentations de repli sur soi qui frappe l’ensemble des pays de l’Union Européenne. L’ambition affichée de Macron, c’est d’accéder au rang de dirigeant européen de premier plan. Tournant le dos au réel, la réplique de la crise financière fait partie de notre présent, il suit la voie ouverte par Trump en baissant les impôts des plus riches et en déréglementant les marchés financiers. Continuer la lecture

Les curiosités du système judiciaire américain.

Polar et revendications des Africains-Américains

Attica Locke a choisi le roman pour exprimer la réalité de la société américaine d’aujourd’hui qui a permis à Donald Trump de remporter l’élection présidentielle en 2016 alors que lui-même se donnait perdant. Les déchirements, les éclatements, le racisme via des groupes fascistes qui reprennent vie comme les « suprématistes » de la race blanche. Les « bavures » assassines des policiers dans les villes américaines ont donné naissance à des nouveaux mouvements profonds de révolte nourris des « tweets » de Trump qui blessent toutes les sensibilités et légitiment toutes les violences des extrêmes droites. Continuer la lecture

Université populaire Économie du 23 janvier

Revenu de base ? Revenu universel ?

Les points d’interrogation viennent signifier l’incertitude de la dénomination. D »autres termes ont existé comme revenu de citoyenneté.
Sur le fond plusieurs théories s’opposent.

Revenu de base, un RSA généralisé ?
Le revenu de base est une politique qui se trouve justifiée par les théories de Milton Friedman et des « Chicago Boys ». L’idée est simple. La protection sociale – le « Welfare » aux Etats-Unis, des budgets votés tous les ans – se traduit par une intervention de l’État qui perturbe le bon fonctionnement des marchés. Il faut donc laisser faire la concurrence. Il propose d’instituer un revenu de base – au niveau du RSA par exemple pour la France – versé à toute la population en âge de travailler, sans critère. Ensuite, via – une hypothèse non démontrée – l’égalité des chances, chaque individu peut décider des moyens qu’il veut mettre en œuvre pour gagner plus ou s’en contenter. Chaque individu est libre en fonction de ses compétences.
La conséquence de ce revenu de base est de supprimer purement et simplement toute la protection sociale, y compris les allocations chômage – j’allais écrire surtout les allocations chômage, ceux et celles qui veulent travailler trouvent un emploi.
Les défenseurs de ce revenu de base aujourd’hui s’appuient – comme souvent – sur une réalité. Les démarches pour « toucher » le RSA sont humiliantes. Il faut se déclarer « pauvre » et pas seulement. Il faut apporter la preuve de sa pauvreté. C’est une des raisons qui expliquent que beaucoup d’allocataires potentiels refusent de remplir un questionnaire pour y avoir droit. Ensuite les « effets de seuil » jouent à plein. Votre revenu est légèrement supérieur à la barre fixée et vous êtes redevables du soi disant trop perçu.

Comment le financer ?
Ils ajoutent, ces partisans du revenu de base, la paperasserie et la bureaucratie inhérente aux critères qui permettent d’accéder au RSA – après le RMI, une idée de Rocard. Aujourd’hui ce versement, comme la plupart des dépenses sociales, sont des compétences départementales.
Ils prétendent – voir le débat Denis Clerc et Marc de Bastiat dans la revue « L’Économie politique » n°71 de’ juillet 2016 – que le versement automatique de ce revenu de base permettrait de telles réductions de dépense, moins de paperasse et moins d’emplois, que son élargissement serait autofinancé.
Derrière cette proposition, c’est toute la théorie néo-classique qui s’exprime, la confiance dans les mécanismes du marché et dans une perspective différente de la place de l’État.
Question subsidiaire et fondamentale : le revenu de base peut-il faire reculer la pauvreté ? Réduire les inégalités ? Si la disparition de la protection sociale est le prix à payer pour cet élargissement, il est intuitivement évident que les moins riches y perdront. S’il faut payer l’hôpital, les soins de manière générale sans sécurité sociale qui pourra se soigner ? Le droit à la santé sera fortement remis en cause.

Revenu universel comme résultat de la révolution numérique ?
Le revenu universel, tel que l’a proposé dans le premier temps – au moment des Primaires – de sa campagne, Benoît Hamon tenait d’une autre vision. La révolution numérique sera telle qu’il faut se dégager de la relation emploi/travail – les deux notions ne sont pas équivalentes – et revenu. Comme, dans cet avenir, l’emploi n’est pas assuré, le revenu doit s’autonomiser. Chacun-e doit pouvoir vivre. Le travail, du coup, supporterait une autre définition. Cette idée d’une part est loin d’être partagée, d’autre part pour pouvoir répartir de s richesses, il faut d’abord en créer.

Du coup, le revenu universel renvoie à la théorie. Dans le capitalisme, la valeur créée résulte de la dépense de travail humain via le travailleur-salarié. C’est la grande révolution du capitalisme par rapport aux modes de production qui l’ont précédés – esclavage, servage -, le travailleur libre de vendre sa force de travail. Si la dépense de travail humain disparaît, la valeur disparaît avec elle. C’est la grande leçon de Marx. La déconnexion du revenu et de l’emploi – beaucoup de théoriciens comme André Gorz parlent du « travail » – pose des problèmes d’abord théoriques.
Dans la pratique, mis à part le montant des richesses à distribuer – la société d’opulence est combattue par les inégalités profondes résultat des politiques libérales – se pose la question des possibilités de réalisation. Quelles forces sociales porteraient ce projet ? La revendication du revenu universel peut-elle favoriser les mobilisations sociales ?
Ne faudrait-il pas mieux axer sur la réduction du temps de travail d’abord pour vaincre le chômage de masse actuel qui pèse sur les capacités de mobilisation ? Pour combattre aussi l’intensification du travail ?
Comment intégrer toutes ces revendications dans un programme global qui inclut les réponses à la crise écologique et les mutations climatiques ?
Dans la crise systémique actuelle et le recul des utopies de transformation
sociale comment résister et construire un mode de production en rupture avec le capitalisme ?

On comprend que le thème de la semaine prochaine soit « La révolution numérique »…

Nicolas.

A lire pour poursuivre le débat
La revue « L’Économie politique » n° 67, juillet 2015, « Faut-il défendre le revenu de base ? »; n°71 : « Peut-on faire l’économie du bonheur ? » et le n° 73 : « La social-démocratie a-t-elle un avenir ? »
Erik Olin Wright, « Utopies réelles » qui défend le revenu universel (mais pas le revenu de base) comme « moyen d’éroder le capitalisme », en refusant le « grand soir » ou même l’idée de construire un autre système que le caîtalisme même s’il parle de « postcapitalisme », une expression – il ne le dit pas – qui a eu son heure de gloire aux débuts des années 1960, moment où il est question d’une nouvelle classe ouvrière soi-disant enfermée dans le capitalisme via la société de consommation.
Cette thèse fait partie des débats stratégiques nécessaires même si – surtout – elle est contestable.

L’idéologie libérale en crise

Brainstorming chez les économistes officiels.

La crise systémique du capitalisme qui commence en août 2007 a ouvert un basculement du monde dont les conséquences se font sentir sur l’idéologie. Le libéralisme a fait la preuve de son incapacité à analyser le monde, le capitalisme. La théorie néo classique des marchés auto-régulateurs a volé en éclats. Continuer la lecture

Chamboule tout. Sur le vote au deuxième tour.

Un choix difficile mais nécessaire.

Parlons éthique.
La question du vote au deuxième tour face au Front National se situe sur deux terrains que le mouvement syndical et politique ne peut ignorer. Sur le terrain éthique, il n’est pas possible de laisser croire que le vote FN s’inscrit dans le cadre des procédures démocratiques. En cas de victoire de Marine Le Pen, toutes ses promesses démagogiques de défense des salarié-e-s seront oubliées. Je ne suis pas sur que le « e » est, dans ce cas là, justifié. Ne subsistera que l’aspect raciste et répressif. Ce sera d’autant plus facile que le gouvernement Hollande a multiplié les lois dites « sécuritaires ». Quinze si j’ai bien compté depuis l’attentat de Charlie Hebdo. Sous prétexte de terrorisme, il est facile à un gouvernement d’extrême droite de gouverner en état d’urgence tout en supprimant l’état d’urgence. Les libertés démocratiques seraient plus encore menacées. Continuer la lecture

Le risque de l’écriture.

Une écrivaine est-elle par définition une terroriste ?

Naître un 8 mars – 1967 en l’occurrence – n’est-ce pas déjà le signe de la culpabilité dans une Turquie en proie à un coup d’Etat démocratique par le biais d’un référendum qui devrait donner tous les pouvoirs à Recep Tayyip Erdogan ? Asli Erdogan – sans lien de parenté, les Erdogan sont les Dupont de Turquie –, physicienne de formation devenue écrivaine, a été arrêtée le 17 août 2016 et emprisonnée à Bakirköys, cette prison effrayante d’Istanbul qu’elle avait décrite dans « Le Bâtiment de pierre » (Actes Sud 2013). Elle a été relâchée – et pas libérée – le 29 décembre. Elle est toujours accusée de terrorisme. La preuve ? Son travail de mémorialiste pour le journal « Ozgür Gündem », pro-kurde. Le Premier ministre turc a déclaré la guerre au PKK sous prétexte de lutte contre le terrorisme, terme que seul le pouvoir en place sait définir. Continuer la lecture

Une affaire d’État ?

Crimes oubliés, de femmes, une enquête nécessaire.

« Triple assassinat au 147 rue La Fayette » est une enquête détaillée sur les raisons pour lesquelles trois femmes kurdes, Sabine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, sont tuées dans le petit appartement sis à cette adresse, le 9 janvier 2013. Les soupçons se portent sur un Turc, Ömer Güney qui s’était fait accepter par la communauté kurde de France. Les assassinées font partie des dirigeantes du mouvement, sauf Leyla Saylemez, une jeune militante. Le procès du prétendu coupable devait s’ouvrir en janvier 2017 mais Güney est mort, d’une tumeur au cerveau le 17 décembre 2016. Continuer la lecture