Un an après…

Cours, Macron, le vieux monde est en train de te rattraper !

Un an de présidence du jeune Emmanuel Macron et le nouveau monde se fait attendre. Les vieilles lunes du néolibéralisme sont encore de mise. Encore et toujours la réduction des déficits publics, le poids de la dette publique pour justifier la réduction drastique de la dépense publique et la déstructuration des servies publics. Le changement le plus significatif se trouve dans l’insigne faiblesse des responsables politiques, du Premier au plus obscur des secrétaires d’Etat.
« Redonner du sens à la mondialisation » avait dit le Président, sous-entendu lutter contre la perte de légitimité de la construction européenne et les tentations de repli sur soi qui frappe l’ensemble des pays de l’Union Européenne. L’ambition affichée de Macron, c’est d’accéder au rang de dirigeant européen de premier plan. Tournant le dos au réel, la réplique de la crise financière fait partie de notre présent, il suit la voie ouverte par Trump en baissant les impôts des plus riches et en déréglementant les marchés financiers.
La crise systémique du capitalisme qui s’ouvre en 2007-2008 se traduit par la faillite de l’ancienne « mondialisation » représentée par la création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) le premier janvier 1995, par la nécessité de construire un nouvel ordre mondial et rompre avec un capitalisme dominé par les critères de la finance. L’idéologie libérale est dans l’incapacité de comprendre ces impératifs. Un des aspects un peu ignoré de la crise de civilisation actuelle, est cette crise idéologique profonde. Des économistes « officiels » – dont nous avons parlé – rompent avec les thèses néo-classiques. Leurs critiques sont évidentes à la lumière des faits mais leur corpus théorique – qui emprunte principalement à Keynes, grand lecteur de Marx – est dans l’incapacité de se présenter comme une idéologie de rechange.
La boîte à outils des gouvernants n’arrive pas à sortir du néolibéralisme, même si la plupart des politiques n’y croient plus. Privatisations, économie de l’offre – « supply side » – dominent pour justifier les attaques brutales contre l’ensemble des conquêtes ouvrières, allant jusqu’à la remise en cause des organisations syndicales, le tout présenté comme « le monde d’hier ». Comme le néolibéralisme ne suffit plus, il s’agrémente d’un discours sur la Nation, pour justifier, via la lutte contre l’immigration, le recours à des mesures antidémocratiques. Le combat vise à déstructurer la forme sociale de l’Etat, mise en place après la deuxième guerre mondiale et jamais vraiment acceptée par les couches dirigeantes pour faire naître une forme répressive qui sape les mythes de la démocratie, déjà mis à mal par la profondeur des inégalités comme par l’acceptation par la gauche du néolibéralisme.
Le contexte de crise globale, financière, économique, sociale, culturelle sans parler de l’écologique ou des mutations climatiques oblige à s’interroger sur les moyens conceptuels de compréhension de ce basculement du monde. Aux Etats-Unis, sur la lancée de la campagne de Bernie Sanders, une partie de la jeunesse mobilisée se tourne vers Marx pour y trouver les outils nécessaires pour appréhender la société et construire des politiques alternatives. Le propre de Marx c’est la critique de l’Économie Politique pour contester le capitalisme et en faire un moment dans l’Histoire. Dépasser le capitalisme est le point de départ de l’auteur du Capital. Il insiste, pourtant, sur ce système flexible qui sait s’adapter pour survivre au prix d’énormes surproductions. Le capitalisme se heurte périodiquement à ses propres limites pour se révolutionner. La crise fait donc partie intégrante de son fonctionnement.
Marx n’a pas prévu la financiarisation de l’Économie. Sa méthode et ses concepts permettent, pourtant, de l’analyser pour déterminer des politiques alternatives qui apparaissent de bon sens.
Face au monopole néolibéral y compris dans nos facultés, il est temps d’un retour de Marx !
Nicolas Béniès.