Le coin du polar : Elmore James

Detroit (USA) dans toutes ses beautés automobiles

Elmore Leonard est le chroniqueur de la ville de Detroit, longtemps capitale de l’automobile. Dans cette ville sont nés à la fois le « hard bop », un retour aux sources du gospel, et le « hard rock » musique qui collait à la déstructuration de la ville due à la perte de son industrie principale. Les histoires de Leonard s’inscrivent directement dans celles de la ville, jusqu’à la représenter. « Swag » – le butin du voleur mais aussi, plus récemment, arrogance – est, d’après Laurent Chalumeau – auteur de la présentation -, le premier grand roman de l’auteur.
Deux voleurs à la tire veulent voler plus haut que leur ULM et se retrouvent dans la panade. Au prix de leur prise de conscience, ils arrivent péniblement à comprendre leur situation. Frank Ryan et Ernest Stickley Jr – prénoms choisis pour le titre de départ « Frank and Ernest », franc et honnête – sont des braqueurs de petits commerces. Ils réussissent dans ce business. Ils voudraient faire un gros coup et… vous aussi connaissez la suite.
L’intérêt réside dans le contexte urbain, dans la description de l’environnement social dans lequel baignent les deux voleurs. Ainsi que dans la musique qui les entoure, les enveloppe. L’empathie avec ces « losers » est quasi totale. Leur destin n’est pas maîtrisé, il dépend tout entier des rencontres et d’une ville en train de subir les débuts de la crise économique qui détruira l’industrie automobile et obligera Detroit à se transformer.
Nicolas Béniès
« Swag », Elmore Leonard traduit par Elie Robert-Nicoud, préface de Laurent Chalumeau, Rivages/Noir

Réglements de comptes avec la Finlande

La Finlande au fil d’une vie de femme.

« La colonelle », une femme dominée par un vieux nazi, incapable de voir le monde en face, de dominer ses peurs et ses angoisses, il bat ses épouses jusqu’à les tuer. Violée, la future colonelle cherche à oublier, se croyant coupable et sa faiblesse la conduit dans les bras quasi paternels de ce Colonel qui a l’âge de son père mort trop tôt pour elle. Intimement liée à sa trajectoire personnelle, celle de la Finlande partagée entre l’Occupation nazie et celle de l’Union Soviétique de Staline. Les deux histoires sont baignées dans les paysages poétiques qui font le sel de ce pays étrange peuplé de mystérieux fantômes, particulièrement en Laponie. Continuer la lecture