Jazz. Daroux/Sardaby même combat ?

Navigation en haute mer

Jean Paul Daroux fait partie des rares pianistes qui ont appris de Michel Sardaby, musicien pour musiciens – formule qui signifie que la reconnaissance du public n’était pas au rendez-vous. Pianiste subtil entre Monk et la Biguine, entre France et États-Unis via les îles, musicien accompli qu’il ne faut pas tarder à redécouvrir.
Jean-Paul DarouxDaroux sait faire oublier cette référence pour laisser son ombre envahir sa musique. Elle est aussi teintée de toutes les musiques d’un temps qui en connu beaucoup, notamment le rock qu’il a pratiqué pendant un temps. Musique arabo-andalouse, musiques de la méditerranée sont autant d’ouverture à des rêves de voyages comme le jazz lui-même omniprésent. Il s’est entouré d’un saxophoniste, Samy Thiébault qui sait tenir à distance l’influence nécessaire de Coltrane et de Michael Brecker dont il ne possède pas le souffle pour laisser flotter le son et permettre aux compositions du pianiste de suivre son cours, son long cours bien entendu. Sa sonorité fait quelquefois penser à un… accordéon. Bizarre sensation qui nous ramène sur la rive.
Benjamin Moine, contrebasse et Gilles Le Rest tout autant percussionniste que batteur comme il se doit pour cette musique représentent les soubassements nécessaires, vitaux. Ils savent s’inscrire dans ces destinations pour aborder la pleine mer.
Ces « Déambulations » – titre de l’album – appellent le partage pour exister. N’hésitez pas. Embarquez.
« Déambulations », Jean-Paul Daroux quartet, Label ACM distribué par Socadisc/Les Allumés du Jazz

Jazz. Musique de notre temps ?

Musique mécanique.

Michel Prandi, guitaristeMichel Prandi, guitariste, à l’écart des modes, construit son travail. Il en est au volume 3 de « L’électriptyque », uns sorte de suite qu’il poursuit et personne ne sait s’il arrivera à la rattraper. Il est accompagné dans cette recherche par Frédéric Monino à la basse électrique véritable ancre pour l’ensemble du groupe, François Laizeau, batteur et percussionniste, qui continue de faire la preuve de sa capacité d’invention et Rémi Ploton, au piano.
Il cherche de nouvelles voies, de nouveaux collages associant les musiques, les métriques pour faire surgir le neuf de toutes ces mémoires, mémoires d’un passionné de jazz. Mémoires sans doute partagées avec le groupe de musiciens de Montpellier.
La musique mécanique semble une des références. Il manque à ces compositions la hargne la rage, la violence. Elle est trop gentille même si elle danse et nous fait bouger. Un pas de plus et Michel Prandi pourrait dépasser sa propre tradition, celle des guitaristes dans la lignée de Pat Metheny. Telles que, ces compositions s’écoutent. Elles décollent même de temps à autre pour nous faire atteindre le pays des rêves… Il faut suivre cet électriptyque, des surprises surgiront…
Nicolas Béniès.
« L’électriptyque », Michel Prandi, Pype Line Productions