Polar italien


La Bible en noir.

l'homme noir.inddLuca Podelmengo a lu la Bible. Il cite en exergue le Livre de Job au début et en fin Nietzsche pour dire que le Bien et le Mal, Dieu et Diable cohabitent pour former un être humain, ni tout à fait bête, ni tout à fait « humain ». Plus encore, « L’homme noir », celui qui gît en chacun de nous quand la colère nous transforme – il écrirait sans doute lorsque le diable prend possession de notre esprit – pour le pire, son thème est celui de la transcendance. La page 4 de couverture, comme souvent, nous induit en erreur – un test pour savoir se livre a été ouvert – en assurant que l’auteur est « un critique acerbe de la société italienne ». Si être un critique c’est de souligner que notre monde est guidé par l’arrivisme, par la volonté de faire de l’argent sans s’interroger sur les moyens, il n’est pas besoin d’écrire un polar ni même de s’arrêter aux frontières de l’Italie. L’originalité est ailleurs, dans l’interrogation du « comment devenir un homme ? » – au sens générique car ce sont souvent les femmes qui donnent des leçons aux « hommes », pusillanimes comme il se doit.
Les personnages secondaires sont souvent des pantins sans caractère. Ils ne sont pas travaillés. Luca Podelmengo s’arrête par contre sur le lieutenant de police, Marco, traumatisé par son père, qui se découvre capable d’être grâce à la mort de sa sœur. Combien faut-il de mort(e)s pour permettre la rédemption, pour se trouver, sortir de sa coquille ? C’est la question, légèrement métaphysique que pose l’auteur.
A l’opposé, Filippo est au bas de l’échelle. Il a une mauvaise opinion de lui-même et la transcendance lui sera étrangère. Il a tué…
Il faut regretter le manque de profondeur psychologique des personnages sauf les deux cités. Le monde ne semble pas réellement exister. Pourtant, l’auteur, au moment même où on se désintéresse des personnages, trouve un moyen de nous raccrocher à l’intrigue.
Nicolas Béniès.
« L’homme noir », Luca Podelmengo, traduit par Patrick Vighetti, Rivages/Noir.